VANCOUVER, B.C. - Le patron du comité olympique de Vancouver aime parsemer ses discours sur les Jeux de 2010 d'adjectifs tels "merveilleux" et "inspirant".

Les foules qui assistent aux déjeuners présidés par John Furlong boivent chacune de ses paroles et quittent ces rassemblements remplis d'optimisme et de vigueur quasi-olympique.

Il ne fait aucun doute que les Jeux de 2010 transformeront la Colombie-Britannique à jamais.

En plus des installations sportives rénovées ou construites pour les Jeux, des millions de dollars sont dépensés pour améliorer ses routes et ses centres communautaires, tandis que des groupes autochtones de la province en profitent pour conclure des ententes historiques sur la propriété de terrains et sur leur financement.

Malgré tout, certains observateurs se montrent moins confiants quant à l'héritage que laisseront les Jeux de Vancouver au mouvement olympique en tant que tel.

"Compte tenu de l'importance des jeux d'hiver au Canada, les Olympiques de Vancouver devraient se traduire par une grande fête (...) et c'est le genre de stimulant dont les Olympiques ont toujours besoin", estime Ed Hula, éditeur du bulletin international Around the Rings et observateur de longue date du mouvement olympique.

"Mais je ne suis pas certain que dans 50 ans, nous nous souviendrons de Vancouver de façon bien différente des autres Jeux d'hiver."

Les Jeux d'hiver sont toujours les petits cousins oubliés du mouvement olympique, et les grands héritages sportifs et architecturaux émanent le plus souvent des spectacles grandioses que sont les Jeux d'été.

Mais Vancouver et l'enthousiasme de M. Furlong pour ses Jeux pourraient se révéler être juste ce dont le mouvement olympique a besoin après les défis de 2008.

Les jeux politiques entourant les Olympiques de Pékin et la turbulence économique mondiale ont placé le Comité international olympique (CIO) dans une situation qu'il déteste, fait remarquer Kevin Wamsley, de l'institut des études olympiques de l'Université de Western Ontario.

"Le CIO n'aime pas que ce genre de questions politiques et économiques soient évoquées par les médias", affirme M. Wamsley.

"Ils aimeraient que leur festival se déroule sans anicroche et que tout le monde soit content (...) mais ça a été un défi cette année."

Bien que leur succès athlétique ait été spectaculaire, les Jeux de Pékin ont été assombris par quelques soucis environnementaux. Des manifestations ont perturbé le parcours de la flamme olympique. Et le CIO a dû ravaler de travers lorsque le gouvernement chinois est revenu sur sa promesse de pleine liberté de presse, bloquant l'accès à plusieurs sites web.

Les Olympiques de Londres en 2012 s'organisent maintenant dans un environnement financier difficile, le gouvernement britannique ayant même publiquement déclaré qu'il n'aurait jamais cherché à obtenir les Jeux s'il avait sû que l'économie se retrouverait sur le point de s'écrouler.

Les Jeux d'hiver de 2014 se dérouleront quant à eux à Sochi, en Russie - une ville située à quelque 80 kilomètres de la Georgie, le pays envahi par la Russie cet été. Sochi doit construire des installations neuves pour les Jeux, et les garanties de financement se font rares.

Mais pendant que Londres et Sochi font face à l'incertitude, le comité organisateur des Jeux de 2010, connu sous l'acronyme VANOC, semble jouir d'une aura d'invincibilité.

Même le CIO semble avoir moins d'inquiétudes vis-à-vis de Vancouver. Les préparatifs vont si bon train que le CIO a déjà annulé certaines visites d'étapes.

"Les Jeux d'hiver sont souvent plus discrets que les Jeux d'été parce que leur impact sur le monde est probablement un peu moindre, mais nous avons néanmoins confiance de voir les Jeux de Vancouver se réaliser sans trop de problèmes", a affirmé Gilbert Felli, directeur exécutif du CIO, lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.

Cela ne signifie toutefois pas qu'aucun problème ne se pointe à l'horizon, a ajouté M. Felli.

Certaines questions sociales sont si persistantes pour le VANOC qu'elles risquent d'occuper plus d'espace dans l'année à venir. Des activistes, inquiets pour les droits des sans-abri ou ceux des autochtones, se mobilisent. Une coalition s'est déjà regroupée sous la bannière "Pas d'Olympiques sur les terres autochtones volées".

La question des budgets pour la sécurité représente une autre inconnue, les gouvernements provincial et fédéral se chicanant toujours à savoir qui payera pour quoi - sans compter que la province a récemment été réprimandée par son vérificateur général pour la façon dont elle gère son budget olympique.

Certains commanditaires pour 2010 se retrouvent au bord de l'écroulement financier, mais les organisateurs continuent de jurer qu'ils ne réduiront pas l'ampleur des Jeux, et ce, même si le VANOC effectue des coupes dans son budget de 1,6 milliard $ pour le protéger du malaise économique. Son budget révisé est attendu le 21 janvier.

Mais malgré l'incertitude économique, toutes les installations olympiques sont déjà construites, les ventes de billets ont déjà battu des records et les organisateurs affirment que 98 pour cent de l'argent requis des commanditaires est déjà engagé.