MONTRÉAL – Le porteur de ballon Reda Malki a été si souvent blessé au cours des deux dernières années que bien des observateurs ont été surpris qu’il obtienne le poste de numéro un pour la demi-finale canadienne et encore plus qu’il excelle de la sorte.

 

Alors que les conditions météorologiques étaient exécrables (jusqu’à -13 degrés Celsius et des vents allant jusqu’à 50 km/h), les jeux via l’attaque terrestre allaient logiquement occuper une place prépondérante pour les Carabins de l’Université de Montréal et les Axemen d’Acadia.

 

Ainsi, contre une défense qui s’attendait souvent à cette avenue, ça n’a pas empêché Malki de bien utiliser les ouvertures créées par sa ligne offensive pour amasser 160 verges et deux touchés.

 

« Les gens pensent qu’il est une carte cachée, mais on ne l’a pas caché, a tenu à dire l’entraîneur-chef des Carabins, Danny Maciocia, en souriant. C’est juste que l’occasion ne s’était jamais présentée. »

 

Reda Malki« J’ai toujours pensé qu’il était l’un des meilleurs porteurs au Québec... quand il est en santé. Malheureusement, ce n’était pas le cas depuis deux ans. On a vu ce qu’il est capable de faire dans ces conditions. Il peut te battre avec sa vitesse, s’imposer physiquement et capter des ballons. C’est un porteur complet et ça arrive au bon moment qu’il soit en forme », a vanté l’entraîneur.

 

Aussi souriant et dynamique qu’il peut être, Malki reconnaît que son parcours universitaire a été éprouvant.

 

« À ma première année, c’était plutôt difficile pour moi, je devais monter dans la hiérarchie et faire ma place. J’avais réussi à un certain point et j’étais parti pour connaître une bonne deuxième année, mais je me suis blessé et j’ai raté près de deux mois d’action. C’est dur de revenir ensuite et ça s’est reproduit cette année. Une chance que les entraîneurs ont toujours cru en moi », a-t-il raconté au RDS.ca.

 

Malki a raison, cette confiance n’a jamais quitté le groupe d’entraîneurs.

 

« On a su au tout début de la semaine dernière qu’il a eu le feu vert de notre équipe médicale. On était contents et lui aussi ! », a lancé Maciocia avec une intonation évocatrice.

 

Son arsenal s’avère trop intéressant pour ne pas se tourner vers lui, entièrement ou partiellement, quand il peut enfiler son maillot numéro 33.  

 

« Quand je suis là, je me donne à 100% et je sais que les entraîneurs vont m’utiliser ou à tout le moins avoir un plan pour m’impliquer », a remercié l’étudiant en Relations industrielles.

 

Avec la profondeur qui existe dans le champ-arrière des Carabins, on doit lui lever notre chapeau pour s’être accroché à travers de telles embûches.  

 

« Mentalement, c’est sûr que c’était un défi de rester concentré. Il savait qu’il devait attendre et être prêt quand il aurait sa chance, c’est justement ce qu’il a fait », a convenu Maciocia.

 

« C’est sûr que c’était difficile pour moi. Quand tu n’es pas sur le terrain, ton moral descend. Mais j’ai gardé la tête haute et j’ai foncé. Maintenant, ça me permet de vivre le meilleur moment et on va tout donner pour gagner le gros trophée », a avoué Malki en faisant référence à la coupe Vanier que les Carabins disputeront aux Dinos de Calgary.

 

Le tour de force qu’il a accompli face à Acadia a ravi plusieurs de ses coéquipiers.

 

« Il ne se laisse pas affecter par les blessures, on l’a bien vu depuis deux ans. Il est du style à foncer dans les secondeurs pour aller chercher la petite verge de plus, il joue vraiment pour son équipe », a souligné le demi défensif Jean-Sébastien Bélisle avec reconnaissance.

 

Sa tardive aventure au football a failli être brève

 

Né en Algérie, Malki est arrivé au Canada avec ses parents à l’âge de cinq ans. Toutefois, il a fait connaissance avec le football uniquement en secondaire à l’École Jacques-Rousseau et ce ne fut pas une adaptation facile, loin de là.

 

D’abord utilisé comme demi défensif, c’est un changement de position qui a sauvé sa carrière.

 

« Je ne savais pas c’était quoi, ça n’avait jamais été dans mes plans. Au CÉGEP, l’histoire est pire encore, j’ai failli être coupé des Lynx d’Édouard-Montpetit. Mais un de mes entraîneurs, Marc Loranger, a dit "tu cours vite, on va t’essayer porteur de ballon" et ça s’est mieux passé », a-t-il révélé.

 

« En arrivant sur le tard au secondaire, on m’a placé dans une position un peu bouche-trou. Après, dans ma tête, je voulais juste essayer de progresser et je n’avais pas pensé essayer une autre position », a expliqué celui qui était en amour avec le basketball à la base.

 

Désormais, il n’écarte pas l’option d’une carrière professionnelle.  

 

« Personne ne peut dire non, on espère tous que ça se produise, mais ce n’est pas toujours la réalité. Il me reste une année d’admissibilité. Je vois les choses un peu différemment dans le sens que ce serait un rêve. Si ça ne fonctionne pas, j’aurai mon baccalauréat », a précisé l’étudiant de troisième année de cinq pieds dix pouces et 213 livres. 

 

Trois petites notes en terminant

 

Le succès de Malki n’aurait pas été possible sans une ligne offensive qui s’impose en éliminatoires. Après avoir contré la pression du Rouge et Or, cette unité a ouvert des brèches payantes face aux Axemen.

 

« Ce sont les gars qui travaillent le plus dans l’ombre, on est chanceux de compter sur une ligne complète avec sept, huit gars de très bon calibre. On les voit un peu moins à la télé, mais ce sont clairement eux qui nous permettent de gagner des matchs en attaque », a commenté Bélisle.  

 

« Ils vont à la guerre chaque semaine et ils ont eu à s’adapter à des changements de position. Ils comprennent très bien le cahier de jeux », a ajouté le botteur Louis-Philippe Simoneau.

 

Bien sûr, il sera intéressant de découvrir l’approche des Carabins quant au poste de quart-arrière contre Calgary. On présume que l’expérience de Dimitri Morand sera considérée dans l’équation. Pour le moment, Maciocia semble pencher vers l’idée d’utiliser Morand et Frédéric Paquette-Perreault.

 

Étant donné que la demi-finale avait lieu en Nouvelle-Écosse, les Carabins ont voyagé sur un vol nolisé avec des places limitées. Par conséquent, les joueurs qui n’étaient pas en uniforme n’ont pas pu accompagner leurs coéquipiers même s’ils ont bûché pendant une semaine d’entraînement très froide. On tient à souligner que le quart-arrière réserviste, Gabriel Archambault, a effectué le déplacement en voiture avec son père pour ne rien rater de l’action.