Des objectifs plus élevés
Universitaires samedi, 24 août 2013. 15:20 dimanche, 15 déc. 2024. 06:43Un rapide tour sur le campus de l’Université Bishop’s en compagnie de l’entraîneur Kevin Mackey suffit pour comprendre que son rôle ne s’arrête pas à diriger son équipe de football. À la fin des longues journées de préparation durant lesquelles les questions fusent de toutes parts, le pilote des Gaiters n’arrive pas à éviter de fréquentes nuits blanches préoccupé à trouver les solutions pour relancer son organisation.
Mackey entamera sa deuxième saison à la barre de cette formation dimanche prochain alors que le voisin, et rival naturel, du Vert & Or de l’Université Sherbrooke sera en visite au Coulter Fied.
Celui qui n’a pas hésité à succéder à Leroy Blugh, malgré l’ampleur du défi, est convaincu que son équipe peut sortir la tête de l’eau en 2013. Tout comme celui de 2011 (3-6), le bilan de 2012 n’avait été guère reluisant pour les Gaiters qui ont perdu leurs deux victoires du calendrier car ils ont employé, par erreur, des joueurs inadmissibles.
« On va participer aux éliminatoires », a clamé Mackey sans hésitation. Cet objectif exige de terminer parmi les quatre premières équipes de la division québécoise et il mise sur l’expérience de son clan en attaque (le receveur Alexander Fox sur la photo) et sa vitesse en défense pour y arriver.
Les Gaiters devront donc probablement devancer les Redmen de McGill et les Stingers de Concordia pour atteindre leur but. C’est connu, ces trois équipes se battent avec des moyens limités comparativement au Rouge et Or de l’Université Laval, aux Carabins de l’Université de Montréal et au Vert & Or qui occupent le haut du pavé.
Pour des passionnés de football comme Mackey et ses collègues, cet obstacle n’est pas assez intimidant pour freiner leurs ardeurs.
« Ce n’est pas une excuse même si les gens parlent souvent de cet aspect. Si je n’aimais pas cela, j’aurais pu faire un autre travail. Je savais dans quoi je m’embarquais et c’est une situation que j’accepte », a confié cet anglophone, diplômé de psychologie, qui s’exprime dans un français plus que respectable.
Afin de se rapprocher des équipes qui se battent pour le sommet du football universitaire québécois, le recrutement devait devenir le fer de lance du programme. Souvent reconnu pour piger abondamment du côté de l’Ontario et des autres provinces anglophones, les Gaiters ont modifié leur plan de match.
« On a investi beaucoup plus d’efforts sur le recrutement. On voulait améliorer cet aspect et je crois que nous avons réussi. On voulait modifier le type de joueurs que l’on recrute dont en dénichant davantage de jeunes du Québec », a expliqué l’entraîneur (sur la photo) qui a aussi trouvé des éléments intéressants aux quatre coins du pays et même plus loin.
« On a recruté de bons joueurs de Halifax jusqu’en Colombie-Britannique et même un du Tennessee. On est très excité de ce noyau de recrues à notre disposition et on a un groupe intéressant de vétérans qui revient », a-t-il ajouté.
Avec un regard plus pointu sur cette facette, Bishop’s a amorcé un revirement perceptible au sein du sport d’excellence.
« On souhaitait aussi changer la mentalité et la vision au cœur de notre programme; on veut gagner des matchs », a résumé le joueur défensif par excellence des Gaiters en 2004 qui a poursuivi sa carrière universitaire avec les Mustangs de Western en Ontario.
Les efforts de Mackey, du directeur des sports Brian Breckles et de leurs acolytes visent évidemment à rehausser le calibre de l’équipe en attaque et en défense. Toutefois, la priorité était de bonifier les ressources sur les unités spéciales.
« L’an passé, on manquait un peu de profondeur et nous avions la philosophie de ne pas utiliser nécessairement nos partants de l’attaque et la défense sur les unités spéciales. Ainsi, les partants avaient encore de l’énergie en fin de rencontre, mais on souffrait sur les unités spéciales. Je considère que nous avons amélioré notre qualité de joueurs à travers l’équipe si bien qu’on devrait voir de l’amélioration à ce chapitre », a analysé Mackey qui s’est joint au personnel d’entraîneurs des Gaiters en 2007.
Confiance au poste de quart
Pour une équipe qui traverse une période creuse, la position de quart-arrière s’avère rassurante avec les deux vétérans de dernière année Jordan Heather et son adjoint Shane McDonald. Heather a seulement été devancé par Jérémi Roch (Vert & Or) parmi quarts du Québec pour le nombre de verges aériennes en 2012.
« On profite d’une situation enviable à cette position. Nous avons confiance en Jordan et Shane peut le remplacer si nous avons besoin de lui. De plus, nous avons ajouté des espoirs intéressants grâce au recrutement avec Alex Bouffard (Victoriaville), Damien White (Ontario) et Damien Surprenant (Winnipeg, mais originaire de Montréal) », a relaté l’entraîneur.
Bouffard n’a pas hésité à faire le saut dans un environnement anglophone pour quelques raisons.
« Ça m’intéressait de devenir bilingue à 100%. De plus, je savais que les Gaiters misaient sur deux quarts de cinquième année donc l’opportunité était intéressante pour l’avenir. J’étais aussi attiré par le fait de me retrouver dans une compétition avec d’autres quarts parce que je savais que ce serait bénéfique », a-t-il identifié en précisant que Laval et Sherbrooke lui avaient tendu une perche, mais pas en tant que quart-arrière.
Comme toutes les autres équipes du circuit, les Gaiters ont perdu quelques pièces importantes de leur organisation dont le demi défensif Harrison Maloney, qui a été choisi sur les équipes d’étoiles, ainsi que le receveur David Haddrall et le joueur de ligne défensive Elie Ngoyi qui évolue maintenant avec les Eskimos d’Edmonton.
Cependant, de tels départs s’avèrent parfois plus coûteux pour des équipes moins nanties en profondeur. Voilà pourquoi Mackey se fie sur ses meneurs dont Jordan Heather, Kyle Handy, Matt Burke (photo à gauche), Adrian Clarke et Ryland Smith pour l’aider à développer la culture instaurée.
« On doit avoir une vision à long terme qui commence par viser plus haut et rehausser notre travail au niveau de l’entraînement durant la saison morte. Il faut également améliorer notre situation financière pour les joueurs avec des bourses et on complète un processus pour embaucher une ressource au niveau académique », a mentionné le jeune entraîneur.
Des investissements massifs se remarquent aussi en ce qui concerne les installations alors que 30 millions sont investis pour procéder à l’agrandissement du complexe sportif. Les Gaiters ont hâte de bénéficier de ces améliorations surtout qu’ils ont dû s’expatrier à Stanstead pour la majeure partie de leur camp d’entraînement en raison de la tenue des Jeux du Canada.
« C’était un défi pour nous et c’est comme ça que je l’ai présenté aux joueurs. Ce n’était pas évident, mais ça s’est bien déroulé et je crois que ça deviendra un atout parce qu’on a passé encore plus de temps ensemble et ce fut une belle expérience », a avoué Mackey qui s’est inspiré des méthodes de Marc Trestman quand il dirigeait le camp des Alouettes au campus de Bishop’s.
Mackey pourra constater rapidement si les efforts du camp et de la saison morte rapportent puisque sa troupe fait face à un début de calendrier fort exigeant contre Sherbrooke, Montréal, Sherbrooke, Concordia et Laval. Espérons que les nuits blanches ne seront pas trop nombreuses pour lui durant cette séquence éprouvante.