ATHENES (AFP) - L'Américain Jeremy Wariner, médaillé d'or du 400 m des Jeux olympiques d'Athènes, marche ou plutôt court dans les foulées de son glorieux prédécesseur sur la distance, son conseiller personnel Michael Johnson, Texan comme lui et dont il a repris l'entraîneur.

"A part ma naissance, ce jour est le plus beau de ma vie", plaisantait lundi soir Wariner après avoir mené un triplé américain à la victoire. Une star de l'athlétisme est née à Athènes.

Presque inconnu du grand public avant les Jeux athéniens, Wariner, dont c'était la première traversée de l'Atlantique, s'est révélé aux yeux du monde lundi soir. Mais cela fait quelques mois déjà que le coureur âgé de 20 ans est considéré comme "MJ", une machine à gagner sur le tour de piste.

Avec un chrono de 44 sec 00/100, le bambin est devenu lundi le 8e performeur mondial de tous les temps, le plus rapide depuis la retraite de Michael Johnson.

Sa discipline porte aussi la marque du dopage à travers les cas de spécialistes tels Butch Reynolds, Jerome Young, Alvin et Calvin Harrison.

"Les scandales autour du dopage ne me touchent pas. C'est leur problème, moi je fais ce que j'ai à faire, je me concentre sur mes courses à moi. Je ne laisse pas tout cela me déranger", affirme clairement Wariner.

Il balaie aussi toutes les questions sur la couleur de sa peau blanche: "J'ai entendu cette question des dizaines de fois depuis le lycée, mais peu importe la race ou la couleur, tout ce qui compte c'est ta propre capacité et habileté à courir. J'ai aussi un très bon entraîneur."

"MJ" sans voix

Cet entraîneur n'est autre que Clyde Hart, le coach qui a conduit "l'Express de Waco" au sommet et qui signe avec Wariner son troisième titre olympique de suite sur le tour de piste.

L'accouchement du jeune Texan par Hart n'a pas été difficile. Wariner, qui rêvait de jouer au base-ball et a touché au football américain avant de découvrir la piste, a connu une progression météorique. Passant de 50 sec 50/100, pour un de ses premiers essais chronométrés il y a cinq ans, à 44 secondes.

"Je pensais en avoir fini après la retraite de Johnson, mais Jeremy est arrivé... Jeremy a une horloge dans sa tête, il gère parfaitement son effort pour arriver à des points de la course exactement dans le temps voulu. A part Michael Johnson, je n'ai jamais vu quelqu'un gérer aussi bien un 400 m", explique Hart.

"Je ne peux pas être déçu de ne pas être passé sous les 44 secondes. J'ai 20 ans et je suis champion olympique! Il y avait du vent et j'ai dû gérer. Mais, avec du travail, j'ai bon espoir de les franchir un jour", explique Wariner qui assure que Michael Johnson, qui a fréquenté la même université que lui (Baylor), est resté "sans voix" quand il est allé lui rendre visite dans la tribune de commentateur après la course.

Dimanche, Wariner postulera au titre olympique du 4x400 m dont les Etats-Unis sont les grands favoris.

Une victoire lui offrirait une deuxième pépite: il pourrait alors, comme "MJ", changer ses brillants dans les oreilles pour des diamants, et ses pointes noirs pour des dorés...