Au-delà de toutes les stratégies et de l'exécution, le football se résume parfois à une question d'attitude. Et ce que je retiens surtout de la performance des Alouettes lors du match de la finale de l'Est contre les Lions de la Colombie-Britannique, c'est que les hommes de Marc Trestman sont dans une zone incroyable en ce moment.

Je sais que j'ai reçu plusieurs coups à la tête au cours de ma carrière de joueur et c'est donc fort probable que ma mémoire me fasse défaut! Mais je ne me souviens pas d'avoir vu les Alouettes démontrer l'instinct du tueur comme ils l'ont fait contre les Lions.

Oui, on a vu de belles passes d'Anthony Calvillo, de beaux attrapés de ses receveurs, des plaqués percutants, des revirements, de longs retours de bottés. Mais quand il est question d'attitude, il y a des situations qui m'ont sauté aux yeux dimanche.

Dès le début de la rencontre, Shea Emry arrache le ballon des mains de Martell Mallett. Sur le jeu suivant, Calvillo décoche une passe de touché à Jamel Richardson. Peu de temps après, Billy Parker intercepte une passe de Casey Printers et amène les Alouettes à la porte des buts. Cinq jeux plus tard, Calvillo rejoint Kerry Watkins dans la zone des buts.

Inscrire six points tout de suite après avoir causé un revirement : il n'y a pas meilleure façon de démoraliser l'adversaire et de lui lancer le message que la journée va être longue. Les Alouettes n'ont jamais laissé les Lions y croire. Ils leur ont mis le pied sur la gorge et se sont arrangés pour qu'ils ne se relèvent pas. Ils les ont achevés.

Une autre chose que j'ai aimée, et j'inclus ça dans l'instinct du tueur, c'est la riposte. Chaque fois que les Lions ont réalisé un beau jeu - et on peut presque les compter sur les doigts d'une main - les Alouettes ont répliqué sur le champ.

La plus belle preuve : le retour de botté de Ryan Grice-Mullen au début du troisième quart. Vous êtes sûrement plusieurs à avoir craint le pire à ce moment, mais les Alouettes ont refusé de donner espoir à leurs adversaires. Sur la séquence suivante, Calvillo a fait traverser le terrain à son attaque et a ajouté six points au tableau.

Quand les Alouettes se faisaient gifler au visage, ils répondaient avec un bon coup de poing dans la face des Lions! C'est comme si les deux équipes se livraient un duel, mais que l'une d'elles était équipée de couteaux et l'autre de fusils.

En plus, je ne pense pas que beaucoup de gens auraient osé prédire que Calvillo allaient terminer le match contre les Lions avec plus de verges au sol que Printers, mais c'est exactement ce qui est arrivé. Les courses du quart, c'est Calvillo qui les a faites. Les longs jeux qui surviennent lorsqu'un quart quitte sa zone de protection pour gagner du temps, c'est Calvillo qui les a faits.

C'est l'une des parties du spectacle que j'ai adorée.

L'union fait la force

Les Alouettes ont accédé plusieurs fois au match de la coupe Grey au cours de la dernière décennie et trop souvent, ils en sont ressortis la tête basse et le cœur rempli de déception. Cette année par contre, il n'y a pas de raison de croire que le gros trophée ne reviendra pas à Montréal.

Le scénario est idéal pour la formation montréalaise. Elle arrive au match ultime débordante de confiance, mais aussi consciente qu'elle n'a aucune raison de s'asseoir sur ses lauriers. Même en l'emportant par la marque écrasante de 56-18 contre Vancouver, les Alouettes ont commis quelques erreurs qui auraient pu être coûteuses dans un match plus serré.

Alors, le résultat du match monte le niveau de confiance de façon exceptionnelle, mais il y a encore place à amélioration! Trestman n'aura donc pas à se démener pour faire passer son message dans la semaine précédent la rencontre finale.

Parlant de Trestman, j'ai vu des images qui m'en disent long sur le respect que cet homme commande sur ses troupes en fin de semaine dernière. Les joueurs aiment leur coach, ça crève les yeux. Quand il ne restait que quelques minutes au match contre les Lions, on a vu les gars faire la file pour pouvoir dire un mot à leur entraîneur, pour le féliciter mais aussi pour le remercier.

Même si Trestman n'est pas le genre de gars qui laisse transparaître ses émotions, il y a une chaleur sincère qui se dégageait de cette scène. On a aussi vu tous, et je dis bien tous les joueurs s'enlacer avec un énorme sourire sur leur visage. Les vétérans avec les recrues, les vieux avec les jeunes, des gars de l'attaque avec des gars de la défensive, des partants avec des réservistes...

Ça m'a montré que cette équipe est une vraie famille. Je ne me souviens pas d'avoir vu une équipe des Alouettes aussi soudée, unie. Et vous savez ce qu'on dit : l'union fait la force.

Dimanche, par contre, arrivera l'heure du jugement. Les joueurs sont les premiers à le dire : on connaît tous l'histoire des Alouettes à la coupe Grey. Dans quelques jours, ils auront une occasion en or de l'effacer, et de belle façon à part ça.

Mais ça, on aura l'occasion de s'en reparler plus en détails vendredi. Bonne semaine!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.