Anna Goodman veut faire fi de sa blessure
Amateurs samedi, 20 févr. 2010. 18:20 vendredi, 13 déc. 2024. 20:08WHISTLER, C.B. - Réussir ses Jeux olympiques, aux yeux de bien des gens, ça veut dire remporter une médaille... ou même plusieurs. Mais pour certains athlètes, c'est simplement synonyme de dépa
WHISTLER, C.B. - Réussir ses Jeux olympiques, aux yeux de bien des gens, ça veut dire remporter une médaille... ou même plusieurs. Mais pour certains athlètes, c'est simplement synonyme de dépassement de soi.
C'est un défi de cette dernière catégorie qui attend Anna Goodman. Et comment : la skieuse de 24 ans de Pointe-Claire sera fort probablement appelée à disputer le slalom féminin olympique de vendredi prochain malgré une déchirure au ligament croisé antérieur (LCA) du genou. Ce n'est que quatre jours après la fin des Jeux, le 4 mars, qu'elle subira une opération visant à corriger le problème en permanence.
Goodman est officiellement inscrite au slalom féminin. Tout s'est très bien déroulé pour elle, au cours de la dernière semaine, au camp d'entraînement de l'équipe canadienne technique à la station touristique en montagne de Nakiska, en Alberta. Mais elle n'a pas encore reçu l'assurance absolue des entraîneurs qu'elle disputera l'épreuve de vendredi. Patrick Riml, l'entraîneur-chef de l'équipe canadienne féminine, et ses adjoints étudieront la question au cours des prochains jours.
Lors d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne, samedi, Goodman s'est dite persuadée qu'elle y participera si "ça continue de bien aller".
"Tout ce que je fais, je le fais comme si j'allais disputer la course", a-t-elle déclaré depuis l'aéroport de Calgary, où l'équipe canadienne technique des femmes allait prendre un vol en direction de Vancouver, pour ensuite se diriger vers Whistler plus tard dans la journée.
Si elle atteint le niveau de ski qu'elle désire, Goodman espère terminer parmi les 10 premières au slalom. Loin d'elle l'idée de simplement emmagasiner de l'expérience cette année, juste pour pouvoir dire qu'elle aura déjà vécu l'atmosphère des JO au moment de se diriger vers la Russie en vue des Jeux de Sotchi en 2014.
"Je veux être en mesure de disputer une vraie course, a-t-elle insisté. Je veux me présenter au portillon de départ avec le sentiment de pouvoir skier aussi bien que si je n'avais jamais subi de blessure."
Une montagne russe d'émotions
Quand elle a subi sa blessure, le 3 janvier dernier lors du slalom de la Coupe du monde de Zagreb, Goodman était atterrée. Elle croyait que son rêve de participer aux Jeux olympiques de Vancouver s'était envolé à jamais.
Puis, coup de théâtre : à la fin de janvier, elle était quand même sélectionnée au sein de l'équipe canadienne olympique de ski alpin. Les médecins avaient constaté que contrairement aux autres skieurs canadiens ayant subi des blessures au genou cet hiver, Goodman souffrait d'une déchirure à un seul ligament, qui ne pouvait pas venir aggraver son cas en skiant.
Comme Goodman est l'une des jeunes vedettes montantes du Canada en slalom, les dirigeants de Canada Alpin ont décidé de l'inclure dans l'équipe. On n'avait rien à perdre en invitant cette skieuse qui avait répondu aux critères d'admissibilité olympique imposés aux skieurs d'âge plus mûr.
Goodman était évidemment aux anges quand elle a appris la nouvelle. Depuis ce temps, toutefois, l'euphorie a fait place au réalisme, alors que l'athlète québécoise réalise l'ampleur de la tâche qui l'attend.
"Mon genou va plutôt bien, mais c'est plus difficile que je ne l'aurais pensé de revenir à mon niveau de ski d'avant. J'espère être capable de profiter des prochaines journées d'entraînement à Whistler pour y arriver", a-t-elle affirmé d'une voix qui laissait paraître un brin d'inquiétude chez cette skieuse à la personnalité habituellement pétillante.
"Mon genou va super bien, a-t-elle répété, mais comme je n'ai pu skier qu'à tous les deux jours pour réduire les risques de nouvelle blessure, je ne suis pas au niveau où je voudrais être en ce moment.
"C'est vraiment difficile à dire ce que je peux vraiment espérer comme résultat. Je ne sais pas si je veux skier juste pour skier."
Une orthèse rose
C'est seulement quand elle skie que Goodman porte une orthèse - de couleur rose, a-t-elle précisé sur son blogue. Elle peut marcher normalement, sans protection, lorsqu'elle n'est pas sur les pentes.
"En me regardant marcher, ça ne paraît pas que j'ai une blessure au genou. Mais je fais quand même attention. Reste que vaut mieux pour moi ne pas sautiller ou des choses du genre. Et ce serait tout à fait impossible pour moi de rester debout sur une seule jambe et de pivoter."
Goodman dit se sentir en sécurité quand elle skie avec son orthèse, mais elle reconnaît que les torsions autour des portes se font plus difficilement que d'habitude.
"Je réagis encore un peu trop lentement. Je dois travailler sur une nouvelle façon de faire pour y parvenir."
Goodman a donc tout un défi devant elle, un défi qui lui est propre. Même si elle n'accède pas au podium, on pourra dire qu'elle aura réussi ses Jeux si elle parvient à skier comme elle en est capable - c'est-à-dire au même rythme ou à peu près que les meilleures au monde.