D’abord se qualifier. Puis aller gagner un match, une manche, un point. Ensuite passer à la deuxième étape : terminer premier du groupe. Une fois cela fait, se mettre dans la tête qu’il n’y a pas de limite pour le troisième objectif. En quelques lignes, c’était le plan tracé par l’entraîneur de l’équipe de volleyball masculine du Québec, Ghazi Guidara, un plan qui a été suivi à la lettre et qui les a menés jusqu’au match pour la médaille de bronze.

« Pour la plupart des joueurs, c’est un premier gros tournoi, explique-t-il. Il y a beaucoup de nervosité à gérer. Individuellement, les joueurs peuvent perdre le contrôle s’ils ne réussissent pas ce qu’ils veulent faire. Une attaque ratée peut conduire à un manque de concentration sur les autres aspects du jeu. Le service ou la réception peuvent écoper par exemple. »

L’équipe de volleyball du Québec a bénéficié d’un placement favorable dans le groupe B, avec un calendrier de matchs tout aussi intéressant, lui permettant de débuter contre des formations plus faibles avant d’affronter les grosses pointures. « Il faut être reconnaissants à l’équipe des Jeux de 2013 qui, avec l’obtention de la médaille d'argent, nous a offert ce bon placement. C’est à nous maintenant de travailler pour l’édition 2021, souligne Guidara. »

Et pour travailler, ils ont travaillé! Le dernier match de groupe opposait le Québec à la Saskatchewan, match qu’il fallait gagner à tout prix pour finir en tête du groupe et esquiver ainsi le match quart-de-finale pour gagner une journée de repos. Après deux manches gagnées, la troisième fut plus difficile. Alors que l’équipe faisait face à un point de manche 23-24, Guidara a demandé un temps d’arrêt. « Ce n’est pas le moment des longs discours, explique-t-il, de toute façon l’écoute n’est pas là. Il faut être rassurant par l’attitude et donner une seule consigne, dire comment il faut recommencer à jouer. Dans ce cas-là, une réception. » Et quand l’adjointe Mélanie Desrochers a ajouté « on l’a fait souvent », les joueurs savaient ce qu’ils avaient à faire et surtout qu’ils pouvaient le réussir. Ils sont allés chercher le point, puis la manche qui donnait la victoire et la première place du groupe.

« Je suis très satisfait de la progression des joueurs, jubile Ghazi Guidara. Dans un tournoi comme celui-ci, c’est encore plus évident. Les Jeux du Canada, je vois ça comme des mini Jeux olympiques pour les jeunes. C’est une expérience extrêmement enrichissante. » Et Guidara sait de quoi il parle, ayant été lui-même olympien en volleyball pour la Tunisie à Atlanta en 1996 et en 2004 à Athènes, au cœur de 18 ans en équipe nationale.

L’apprentissage ne passe pas que par les victoires, il faut savoir gérer la défaite aussi. Ainsi, la demi-finale tant attendue n’a pas donné les résultats espérés. Mais l’adversaire, l’Alberta, était de taille, et ce dans tous les sens de l’expression. « La première manche les a surpris, admet Mélanie Desrochers. Mais ils se sont ajustés et dans les deux autres, ils sont restés nez à nez. Cependant la deuxième a fait mal. Alors qu’ils avaient l’occasion de réussir le point marquant, deux joueurs sont entrés en collision et Vanier (essentiel au contre) a même été légèrement blessé sur le jeu. » La manche a été perdue 28-26 et la troisième, malgré un vaillant combat, aussi.

« Les gars étaient déçus, admet Desrochers. Il y a eu un moment où les larmes n’étaient pas loin, mais ils se sont ressaisis. Il y a maintenant une médaille de bronze à aller chercher. »

Le bronze permettrait au Québec de remplir l’un des objectifs du tournoi : bien se placer pour donner au suivant. Mais qu’ils y parviennent ou pas, le match n’était pas joué au moment d’écrire ces lignes, l’équipe de volleyball du Québec aura été au cœur de la mission des jeux du Canada. Permettre aux athlètes du pays de se rencontrer entre eux, de se mesurer dans une compétition relevée et de poursuivre leur apprentissage pour éventuellement se retrouver sur la scène internationale. Et ce, peu importe le sport.