MOSCOU - Après presque deux ans de suspension, l'agence antidopage russe veut montrer qu'elle est capable d'assainir son paysage sportif entaché par le dopage.

L'agence, connue sous le nom de RUSADA, se targue d'avoir suivi une formation sur la lutte contre la corruption et d'un nouveau respect pour les dénonciateurs, un groupe vilipendé par les hauts responsables russes, incluant le président Vladimir Poutine.

Les principaux dirigeants parlent d'« une nouvelle RUSADA », désireuse de se distancier de celle qui a effectivement été fermée par l'Agence mondiale antidopage (AMA) en 2015 dans la foulée des allégations selon lesquelles les responsables couvraient les athlètes dopés plutôt que de les dénoncer.

Même si la Russie était sous pression pour ce que l'AMA a qualifié de vaste système de dopage qui a assombri les Jeux olympiques d'hiver de 2014, le nombre de contrôles effectués dans le pays a chuté. Tous les échantillons devaient être recueillis par des organismes étrangers et envoyés à l'étranger pour examen, réduisant la surveillance de nombreux athlètes russes.

En juin, l'AMA a donné à la RUSADA le pouvoir d'effectuer de nouveau le contrôle de ses athlètes, et les deux organisations sont sous le feu des projecteurs pour s'assurer que la Russie peut attraper ses propres tricheurs.

« La RUSADA est une organisation totalement nouvelle, a déclaré la directrice générale par intérim Tatyana Chirkina cette semaine. La RUSADA a considérablement changé de personnel, mis en place un nouveau conseil de surveillance avec un président et a changé ses documents fondateurs. Beaucoup de travail a été fait. »

L'agence n'a pas officiellement été réintégrée, et ne le sera pas, à moins que le gouvernement russe ne reconnaisse au moins un certain niveau de culpabilité dans la dissimulation des cas de dopage.

Néanmoins, elle fonctionne en majeure partie seule, mais doit fournir régulièrement des informations aux responsables de l'AMA et à l'agence antidopage britannique, laquelle est responsable d'aider à l'implantation des réformes.

Essentiellement, Chirkina a déclaré que la RUSADA a créé une unité d'enquête comprenant « jusqu'à 10 personnes » et axée sur le suivi des effets de la consommation de drogues.

Les dénonciateurs sont souvent vus d'un mauvais oeil par les athlètes russes et Poutine les a comparés à des citoyens soviétiques qui ont dénoncé d'autres personnes à la police secrète pendant les purges de Joseph Staline dans les années 1930.

Néanmoins, Chirkina a révélé que l'unité des enquêtes travaille sur « plusieurs » pistes et lancera rapidement un service de messagerie anonyme pour faciliter l'information provenant des athlètes.

Les 40 nouveaux employés engagés par la RUSADA pour contrôler les athlètes ont été formés pour résister à la pression de contourner les règles ou au risque d'être impresssionné en présence de héros sportifs nationaux. L'objectif est de s'assurer que les contrôles restent rigoureux, sans traitement de faveur pour les athlètes connus.

Les enquêtes menées par l'AMA ont précédemment révélé que le personnel de la RUSADA avait donné aux athlètes un préavis des tests supposément inopinés.

Margarita Pakhnotskaya, qui supervise les programmes d'éducation de la RUSADA et assure la liaison avec l'AMA, a déclaré avoir l'intention de créer « une nouvelle mentalité... permettant (aux contrôleurs) non seulement d'éviter d'avoir peur d'agir d'une certaine manière, mais d'améliorer leurs compétences en communication pour qu'ils se sentent calmes et confiants avec n'importe quel athlète, indépendamment de sa notoriété. »

Malgré l'enthousiasme de Chirkina et Pakhnotskaya, de nombreux détails sur le mode de fonctionnement de la nouvelle RUSADA ne sont pas clairs. La réintégration complète auprès de l'AMA entre aussi en jeu puisque l'AMA a insisté pour que le ministère russe des sports reconnaisse sa complicité dans la dissimulation des cas de dopage.

Chirkina a refusé de dire combien d'échantillons de dopage seront recueillis en Russie cette année, en disant seulement que ce sera plus que l'année dernière, mais ce qui est encore bien en-dessous des 12 500 recueillis par la RUSADA en 2014, lorsque de nombreux tests positifs auraient été dissimulés.

Le Comité international olympique a institué deux commissions à la suite du scandale du dopage en Russie, et la participation du pays aux Jeux olympiques d'hiver l'année prochaine n'est pas encore confirmée.