Katherine Surin : tel père, telle fille
Athlétisme dimanche, 28 juil. 2019. 09:09 jeudi, 12 déc. 2024. 00:03MONTRÉAL - Il y a 21 ans, Bruny Surin soulevait la foule montréalaise en établissant un record nouveau de 9,89 secondes au 100 m lors des Championnats canadiens d'athlétisme. Samedi soir, ce fut au tour de sa fille Katherine Surin d'épater la galerie.
Grâce à un chrono de 52,43 lors de l'épreuve féminine de 400 m, l'athlète montréalaise est montée sur la troisième marche du podium.
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« C'est le résultat de tous les efforts que j'ai mis au cours de l'année, s'est exclamée Katherine, quelques instants après sa performance. J'ai travaillé tellement fort. Je me dépasse tellement à l'entraînement. Je n'ai jamais travaillé aussi fort de ma vie. Alors, c'est comme une petite récompense. »
Les 24 dernières heures ont été plutôt stressantes pour la famille Surin et plus particulièrement pour son père, parce que ce n'est pas tous les jours qu'une ancienne légende canadienne a la chance de voir sa fille suivre ses traces.
Mais c'est lorsqu'il l'a vue ce matin, alors qu'elle écoutait sa musique dans la voiture lorsqu'il la conduisait vers le complexe sportif Claude-Robillard, que le scénario lui a rappelé des souvenirs et qu'il a su qu'elle était prête.
« Je crois que j'étais plus nerveux qu'elle. Et je vais vous avouer que ça m'a rappelé que ma mère ne m'a jamais vu courir en personne. Maintenant, je comprends pourquoi, a-t-il raconté. C'était malade. J'ai essayé de filmer sa course et on n'y voit presque rien parce que je bougeais trop. »
« Il ne restait plus qu'à être capable de le faire physiquement et elle a livré la marchandise. Je suis vraiment content. »
Même si son nom de famille fait écho à travers le Canada en raison des prouesses passées de son père, la jeune femme de 23 ans ne s'en laisse pas imposer.
« Non, (je ne ressens pas la pression du nom de famille). Je me mets beaucoup de pression sur moi-même alors ce serait difficile pour mon père de battre ça, a-t-elle affirmé en riant. J'arrive dans une course et je me sens bien, je me sens libre. Le sentiment que j'ai lorsque j'entends le coup de feu de départ, il n'y en a aucun autre comme celui-là. Je suis dans mon élément. Je me sens bien. »
Et entre eux, l'équilibre s'est dessiné naturellement. Bruny s'est même imposé des limites afin de s'assurer de ne pas s'interposer dans la carrière de sa fille.
« De la façon dont je suis impliqué, c'est vraiment comme en tant que père, a-t-il admis. Je ne suis pas un entraîneur, je ne suis pas psychologue. J'ai tout mis en place pour qu'elle soit bien entourée. Même pour en fin de semaine, elle sait que je suis transparent et je lui ai dit que si elle avait besoin de quoi que ce soit, elle pouvait m'appeler, mais je ne veux pas m'imposer. Si elle ne le demande pas, je ne fais même pas de commentaires sur sa performance. »
Une saison à tout casser
Selon les dires de Bruny, Katherine n'était âgée que de cinq ans la première fois qu'elle lui a fait savoir qu'elle rêvait de courir comme lui. Après un court passage au tennis chez les juniors, la fille du sprinteur canadien a choisi de poursuivre sa passion pour l'athlétisme.
Les nombreuses blessures subies aux ischio-jambiers ont toutefois mis un frein aux ambitions de la jeune athlète de l'Université du Connecticut.
La famille Surin a tout essayé lors des trois dernières saisons: la chiropratique, la physiothérapie, les nombreux spécialistes. Rien à faire. Chaque fois qu'elle enfilait plus de deux ou trois compétitions, elle se blessait et devait faire une croix sur le reste de sa saison.
Mais cette année, Katherine a réussi à maintenir la forme pour connaître sa meilleure campagne.
« Ç'a été ma meilleure saison. J'ai évolué dans la NCAA, alors depuis janvier, j'ai des compétitions presque toutes les fins de semaine. J'étais un peu inquiète pour les Championnats canadiens parce que je suis fatiguée, a-t-elle expliqué. Je ne savais pas si j'allais être trop épuisée parce que j'ai beaucoup couru. Mais ça s'est bien passé.
« Cette année, nous avions un nouvel entraîneur. Ce sont vraiment de nouveaux entraînements, une nouvelle préparation et ça s'est bien passé. Mon entraîneur et moi, on a vraiment une bonne connexion, plus qu'avec mon ancien entraîneur. »
La performance qu'elle a livrée samedi soir pourrait même lui valoir une place au sein de l'équipe de relais féminine 4x400 m aux Championnats du monde à Doha, au Qatar.
« Ils nous ont dit qu'ils allaient prendre le classement des Championnats canadiens pour bâtir l'équipe, alors j'espère vraiment qu'ils vont me prendre pour les Championnats du monde. J'ai prouvé que j'avais ma place », a-t-elle conclu.
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