L'IAAF décide du sort de la Russie dans les affaires de dopage
Athlétisme dimanche, 2 déc. 2018. 08:13 dimanche, 15 déc. 2024. 07:34La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) doit se prononcer mardi sur la réintégration ou non de la fédération russe (Rusaf), suspendue depuis trois ans en raison d'un retentissant scandale de dopage.
Deux mois et demi après la levée des sanctions par l'Agence mondiale antidopage (AMA) envers l'agence russe (Rusada), l'athlétisme mondial, dernière institution emblématique à bannir la Russie, est sous pression.
Huit fois déjà, l'IAAF a reconduit la suspension de la Rusaf depuis novembre 2015, début des révélations sur le tentaculaire système de dopage institutionnel dans le pays.
Le Conseil de l'IAAF se réunit lundi et mardi à Monaco et doit de nouveau trancher. Mais la donne a changé le 20 septembre, lorsque l'AMA a décidé de réintégrer « sous strictes conditions » la Rusada, elle aussi suspendue depuis novembre 2015.
Un retour de l'athlétisme russe aurait des conséquences importantes et représenterait un symbole fort pour un pays dont le drapeau n'est plus apparu en compétition internationale d'athlétisme depuis les Mondiaux de Pékin en 2015.
« Il faut aller au bout des choses. On a posé des conditions, si ces conditions ne sont pas remplies il faut continuer de suspendre la Russie », estime pour l'AFP le Français Bernard Amsalem, membre du Conseil de l'IAAF, comme 26 autres votants, qui pense que la tendance est à un maintien de la suspension.
L'AMA critiquée
Les conditions d'un retour sont justement la pierre d'achoppement du processus de réintégration. L'IAAF et sa "Task Force" dédiée à l'évaluation des progrès russes en matière de lutte antidopage en avaient posé trois: la fin de la suspension de la Rusada, c'est fait, la reconnaissance des autorités russes du système de dopage institutionnel, et l'accès aux données du laboratoire de Moscou.
Les deux derniers points faisaient également partie des pré-requis de l'AMA pour réintégrer la Rusada. En septembre, l'AMA a estimé que deux lettres du ministre des Sports russe Pavel Kolobkov contenant des aveux du bout de la plume valaient reconnaissance. Sur le troisième point, elle a donné à la Russie jusqu'au 31 décembre pour donner accès aux données de son laboratoire pour d'éventuelles réanalyses.
Vivement critiquée, notamment de l'intérieur par sa vice-présidente norvégienne Linda Helleland, pour avoir pris une décision « politique », l'AMA a indirectement mis l'IAAF dans une position inconfortable.
« L'IAAF a ses propres critères de réintégration », s'était empressé de préciser le président de l'instance, le Britannique Sebastian Coe, pour éteindre l'incendie.
La Rusaf a au contraire accentué la pression en faisant appel de sa suspension devant le Tribunal arbitral du Sport (TAS) fin septembre, estimant que les critères de la feuille de route imposée par l'IAAF étaient remplis.
Porte ouverte depuis « longtemps »
A Monaco, le Norvégien Rune Andersen, qui dirige la Task Force, présentera ses recommandations au Conseil mardi en fin de matinée. Sebastian Coe devrait ensuite appeler à voter selon ces recommandations. Le Conseil, qui suit habituellement les préconisations de la Task Force, pourrait être moins docile si celles-ci sont favorables à la Russie.
« Qu'est-ce qu'on ferait si l'AMA n'arrive pas à obtenir les données du laboratoire d'ici le 31 décembre? », demande M. Amsalem, partisan d'une ligne stricte vis à vis de la Russie. « Je connais des membres du Conseil comme moi qui ne céderont pas. »
« On a déjà réintégré de nombreux athlètes, on a ouvert la porte depuis un moment », juge-t-il alors que le nombre d'athlètes russes qui concourent dans les grands championnats sous drapeau neutre, car considérés comme irréprochables, ne fait qu'augmenter: une aux Jeux de Rio-2016, 19 aux Mondiaux de Londres-2019, 72 aux championnats d'Europe de Berlin en août dernier.