MOSCOU - L'organisation qui chapeaute l'athlétisme sur la planète étudiera la possibilité de suspendre la Russie, à la suite des nouvelles accusations provenant d'une enquête qui a déterminé que des hauts dirigeants ont fabriqué de faux relevés médicaux.

La Russie a déjà été suspendue par World Athletics, jadis connue sous le nom d'IAAF, à la suite du scandale de dopage généralisé qui a gangréné le pays en 2015. Une enquête sera déclenchée afin de déterminer si les Russes qui ont montré patte blanche pourront encore participer à des compétitions internationales, sous une bannière neutre.

« Nous devons éradiquer les groupes réfractaires comme celui-ci », a noté le président de World Athletics Sebastian Coe vendredi à Monaco.

World Athletics a rompu ses pourparlers pour lever les sanctions contre la Russie et demandé à ses enquêteurs là-bas des recommandations sur la manière d'évincer la fédération d'athlétisme du pays.

« Ce n'est pas symbolique », a martelé Coe, qui a ajouté que les accusations et les suspensions contre les hauts dirigeants russes étaient si répandues que les enquêteurs ne pouvaient pratiquement plus discuter avec quiconque.

L'une des manières de procéder consisterait à éliminer carrément la fédération russe d'athlétisme et d'en bâtir une nouvelle, de zéro. Le ministre des Sports de la Russie a mentionné qu'il avait recommandé à la fédération de s'adresser à une commission spécialisée dans de tels enjeux.

Un peu plus tôt vendredi, la triple championne du monde de saut en hauteur, Mariya Lasitskene, a critiqué les dirigeants russes de l'athlétisme qui ont été accusés d'avoir entravé une enquête antidopage en utilisant de faux documents médicaux.

Lasitskene a demandé des réformes rapides et radicales ainsi que la destitution des officiels nommés par le président de la fédération d'athlétisme, Dmitry Shlyakhtin. Il est l'un des sept Russes inculpés et suspendus jeudi par l'unité d'intégrité des athlètes.

Shlyakhtin est entré en fonction peu après la suspension de la fédération sur la scène internationale en raison d'un programme de dopage généralisé. La suspension demeure en vigueur quatre ans plus tard.

« La nouvelle équipe, dont la tâche était de nous sortir de ce cauchemar du dopage, n'est pas meilleure que l'ancienne. Et à certains égards, pire, a écrit Lasitskene sur Instagram.

« Shlyakhtin et son équipe doivent quitter leurs postes immédiatement et ne jamais revenir. Et je veillerai à ce que cela se produise. »

Lasitskene a remporté deux de ses trois titres mondiaux en tant qu'athlète neutre à la suite de la suspension de la Russie, qui l'a également privée des Jeux olympiques de 2016.

Elle a invité le ministre des Sports, Pavel Kolobkov, et le Comité olympique russe à faire pression sur la fédération pour qu'elle se réforme.

« Notre discipline (athlétisme) est à l'agonie et nous ne pouvons plus tergiverser, a-t-elle écrit. Nous avons déjà perdu quatre ans. Les athlètes propres sont toujours sans défense et ne sont pas certains de pouvoir participer aux compétitions de demain. »

Shlyakhtin et quatre autres hauts fonctionnaires sont accusés d'avoir entravé l'enquête sur le médaillé d'argent aux Championnats du monde 2017, Danil Lyssenko, qui faisait face à une suspension l'année dernière pour ne pas s'être rendu disponible pour un contrôle antidopage.

Lyssenko aurait fourni de faux documents médicaux à titre d'alibi avec l'aide des fonctionnaires. Son entraîneur a également été suspendu.

Un peu plus tôt, le Kremlin avait affirmé que les accusations contre Shlyakhtin et d'autres ne feraient pas dérailler les préparatifs du pays en vue des Jeux olympiques de l'année prochaine.

« Il ne fait aucun doute que cette (situation) nécessite l'attention des autorités sportives, et je suis sûr qu'elles s'en occupent, a déclaré le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Dmitry Peskov.

« Mais je ne vois pas ici de lien direct avec la participation de la Russie aux Jeux olympiques. »

Shlyakhtin étant suspendu, la fédération devrait désigner un président par intérim lors d'une réunion du conseil d'administration, samedi.

La Russie attend également une décision de l'Agence mondiale antidopage, le mois prochain, sur le fait de savoir si elle a manipulé les données d'un laboratoire à Moscou.