Le roi du demi-fond Mo Farah n'a pas raté sa sortie sur la piste en s'imposant in extremis sur le 5000 m de la finale de la Ligue de diamant, jeudi à Zurich.

Avant de se consacrer aux épreuves sur route, le quadruple champion olympique a assuré le spectacle et sa dernière ligne droite restera longtemps dans les mémoires (13 min 06 sec 05). Luttant les yeux exorbités face à trois adversaires, le Britannique a cravaché pour finir par devancer sur le fil l'Américain Paul Chelimo (13:06.19) et l'Ethiopien Muktar Edris (13:06.09), soit le même podium mais dans un ordre différent des Mondiaux de Londres où Farah avait été battu par Edris, sa 1re défaite dans un grand championnat depuis 2011.

Des adieux dignes de son palmarès exceptionnel (4 titres olympiques, 6 titres mondiaux), même si son image a été écornée ces derniers mois par les accusations de dopage contre son entraîneur Alberto Salazar.

« Je voulais gagner et c'est formidable de l'avoir fait mais c'était très dur, a réagi l'athlète de 34 ans, d'origine somalienne. La piste va me manquer et j'ai vraiment apprécié de courir dans les stades durant tant d'années mais là je vais essayer d'abord de profiter un peu de ma famille. »

Barshim gêné par la météo

Plus globalement, la pluie, arrêtée seulement en début de soirée, et le vent n'ont pas permis aux spectateurs du Letzigrund de voir d'immenses performances, excepté sur 3000 m steeple dames où la Bahreïnie Ruth Jebet a établi le meilleur chrono de l'année (8 min 55 sec 29), le 2e de tous les temps, à deux secondes et demie du record du monde (8 min 52 sec 78) qu'elle détient depuis le 27 août 2016.

On attendait surtout le Qatari volant, Mutaz Essa Barshim, à la hauteur. Mais celui qui venait tout juste d'améliorer le meilleur saut de 2017 (2,40 m), dimanche à Birmingham, était sans doute fatigué et a surtout été gêné par la météo. Toujours sans adversaire à sa taille, il a gagné haut la main mais en se contentant d'une barre à 2,36 m exécutée au 3e essai. Le légendaire Cubain Javier Sotomayor et son record du monde à 2,45 m (en 1993) peuvent respirer.

« Je pensais aller haut mais le temps n'était pas bon, il faisait trop froid, il avait plu et le sol était mouillé », a regretté Barshim.

Le sprint a de son côté accouché de deux surprises. Sur le 100 m hommes, Justin Gatlin, redevenu champion du monde après une suspension de quatre ans pour dopage (entre 2006 et 2010), n'a pas été sifflé comme à Londres mais il a perdu face au Britannique Chijindu Ujah (9 sec 97) et n'a pris que la 4e position (10 sec 04).

La surprise Miller-Uibo

Chez les dames, le duel sur 200 m entre la championne olympique Elaine Thompson et la championne du monde Dafne Schippers n'a pas eu lieu puisque c'est la Bahaméenne Shaunae Miller-Uibo, troisième du demi-tour de piste à Londres, qui a surpris les deux favorites (21 sec 88).

Enfin, trois échecs à 5,63 m ont mis un terme prématuré au concours du recordman du monde du saut à la perche (6,16 m) Renaud Lavillenie, qui n'est pas parvenu à remporter le trophée pour la huitième fois d'affilée, laissant le succès au champion du monde Sam Kendricks.

« Je suis heureux parce que je sais que gagner les Mondiaux et la Ligue de diamant, ça pourrait ne plus jamais se reproduire, a indiqué l'Américain. En tout cas, c'est cool d'être ici, d'être à la fin de la saison et pouvoir se dire "c'est fini". »