PARIS (AP) - Plusieurs témoignages contredisent en partie le récit fait par Eunice Barber des conditions de son interpellation, le 18 mars à Saint-Denis, révèle le quotidien Le Monde dans son édition datée de vendredi.

La spécialiste de l'heptathlon a déposé plainte la semaine dernière devant l'Inspection générale des services (IGS) après son interpellation tumultueuse par la police aux abords du Stade de France alors qu'elle circulait en voiture en compagnie de sa mère et de son neveu.

Selon le quotidien du soir, "Margaret Barber, la mère de la double championne du monde d'athlétisme, a elle-même affirmé lors de son audition: "Je n'ai pas vu les policiers frapper ma fille." En outre, un enseignant en gestes techniques d'intervention, entendu par l'IGS, mercredi 29 mars, n'a pas relevé de manoeuvres policières injustifiées sur la vidéo amateur de l'arrestation, tournée par un passant et diffusée par L'Equipe TV.

"Par ailleurs, trois récits livrés à l'IGS par des témoins extérieurs, qui estiment la durée de la scène à environ dix minutes, insisteraient sur le comportement agité et agressif d'Eunice Barber", poursuit le journal, citant des sources policières. "La jeune femme a mordu deux fonctionnaires, à l'épaule et à la cuisse, ce que confirmeraient les photos des morsures."

D'après Le Monde, les analyses toxicologiques pratiquées sur Barber n'ont rien révélé.

L'avocat de Barber ne nie pas que l'athlète ait pu mordre les fonctionnaires des forces de l'ordre. "Après être sortie de la voiture, elle a été menottée, jetée au sol, le visage contre l'asphalte", a-t-il déclaré la semaine dernière. "Elle était terrorisée. Cherchant à se défendre, elle a pu mordre, mais c'était en réaction à l'agression dont elle faisait l'objet".

Le Monde ajoute que Margaret Barber affirme qu'un policier aurait simplement passé le bras par la fenêtre de la voiture. "Elle (Eunice) s'est penchée et a mordu votre collègue au niveau de l'épaule", a raconté la passagère au sujet de sa fille, devant les policiers", écrit le journal.

Alors qu'elle conduisait sa mère chez le coiffeur, l'athlète avait été interpellée après avoir emprunté avec sa voiture une rue bloquée aux abords du Stade de France, qui accueillait ce jour-là le Trophée Andros, une course automobile sur glace. Selon son avocat, Me Emmanuel Daoud, après avoir ouvert sa vitre, elle aurait reçu une gifle.

"Pourtant, un témoin qui se rendait au Stade de France a déclaré à l'IGS qu'il était "catégorique" sur un point: "Il n'y a jamais eu de gifles de la part des policiers. Je démens formellement les accusations portées par Mme Barber", relate Le Monde, avant d'ajouter que les deux autres témoins n'avaient pu être formels sur ce point.

Le journal rappelle que le parquet de Bobigny a ouvert deux enquêtes préliminaires distinctes: la première, pour coups et blessures volontaires contre des policiers, a été confiée à la sûreté départementale; la seconde porte sur la plainte déposée par Eunice Barber auprès de l'IGS.