MONTREAL (PC) - "Les gens voulaient une bataille entre le Canada et la Corée, a dit Eric Bédard. Eh bien, c'est fait, ils l'auront."

Le Canada et la Corée ont en effet atteint facilement les finales des championnats mondiaux par équipe de patinage de vitesse sur courte piste, samedi, quand ils ont dominé la première journée de compétitions à l'Aréna Maurice-Richard.

Et on se dirige tout droit vers l'affrontement tant attendu entre les deux pays en relais masculin, où le Canada pourrait venger son échec d'il y a un mois aux Jeux olympiques de Turin quand les Coréens avaient ravi par quelques dixièmes de secondes la médaille d'or.

Bédard, qui pourrait bien en être à sa toute dernière compétition en sol canadien et qui pourrait annoncer sa retraite la semaine prochaine à l'issue des championnats mondiaux individuels au Minnesota, a encore une fois été le chef de file de l'équipe masculine canadienne. Celle-ci a récolté 56 points pour dominer outrageusement son groupe, devançant les Américains par 26 points et le Japon par 31 points.

Dans ces championnats par équipe, il n'y a pas de médailles individuelles en jeu, mais simplement un classement par équipe. Le gagnant de chaque épreuve donne cinq points à son équipe, celui qui se classe deuxième en procure trois. Les points sont doublés au relais.

Les patineuses canadiennes, ne voulant pas être en reste, ont récolté 51 points pour devancer les Etats-Unis et le Japon par 21 points.

Les Coréens ont remporté les honneurs dans leur groupe en totalisant 52 points chez les hommes et 41 chez les femmes pour devancer la Chine dans les deux cas.

Les Canadiennes ont remporté les quatre vagues du 500 mètres quand Kalyna Roberge, Alanna Krauss, Anouk Leblanc-Boucher et Tania Vicent ont offert des performances sans bavure. Au 1000 mètres, Roberge, Vicent et Amanda Overland ont triomphé et Krauss a dû se contenter d'une deuxième place dans sa vague. Roberge et Overland ont pris les deux premières places dans l'épreuve du 3000 mètres et les Canadiennes ont dominé le relais 3000 mètres en parcourant la distance en quatre minutes, 20,649 secondes.

Les deux formations canadiennes ont donc évité la séance de repêchage puisque les deux premières équipes de chaque groupe se qualifiaient automatiquement pour la grande finale.

"C'est certain que nous ne voulions pas patiner ce soir (samedi), a dit Leblanc-Boucher, double médaillée aux Jeux de Turin. Tout le monde dans notre camp a bien patiné aujourd'hui. Je crois que c'est une bonne entrée en matière."

Les patineurs canadiens se sont retrouvés dans le groupe le moins compétitif, tant chez les hommes que chez les femmes. Les patineurs et patineuses de la Corée ont dû se bagarrer contre les représentants de la Chine, de l'Italie et des Pays-Bas. Les Canadiens n'avaient que les Américains et les Japonais comme adversaires.

"Ce n'est pas un fait du hasard, a dit l'entraîneur canadien Guy Thibault. Si les filles étaient là, c'est parce que nous sommes classés deuxièmes au plan mondial. On a souvent parlé de notre équipe masculine, mais les filles ont progressé beaucoup cette année. Personne n'est rentré la tête basse de Turin.

"Les Coréens ont deux super-vedettes avec Hyun-Soo Ahn chez les hommes et Sun-Yu Jin chez les femmes, mais nous avons beaucoup de profondeur et une bonne relève."

Bédard était tout à fait d'accord avec son entraîneur.

"Dans les courses individuelles, nous savons que nous pouvons qualifier un patineur parmi les quatre premiers, peu importe l'épreuve, a dit Bédard. Mais c'est autre chose quand on parle de compétitions par équipe. Nous avons quatre, cinq ou six patineurs de calibre et c'est ce qui fait que nous sommes si forts. Ce n'est pas peu dire: nous pouvons, comme nous l'avons fait aujourd'hui, nous permettre de laisser un Jonathan Guilmette de côté dans les courtes distances ou laisser un Mathieu Turcotte dans les gradins lors du relais. C'est vous dire que nous avons vraiment de la profondeur.

"Il ne s'agit pas ici de présenter un excès de confiance, mais nous avons tous bien patiné. Nous savons tous que tout peut arriver dans un relais, par exemple, mais jusqu'à présent, on n'a pas à se plaindre."

Le relais canadien, composé de Bédard, Guilmette, Charles Hamelin et François-Louis Tremblay, l'a emporté facilement en 6:50,868. Les Coréens l'avaient emporté en avant-midi en parcourant la distance en 6:57,336.

Dans les courtes distances, les Canadiens ont remporté sept des huit vagues. La seule ombre au tableau a été la troisième place de Turcotte, qui a chuté dans le tout dernier virage alors qu'il détenait les devants.

"Je me croyais trop près des blocs et j'ai mis trop de pression sur le patin extérieur, a expliqué Turcotte. Habituellement, je suis capable de corriger ces petites fautes techniques, mais là j'étais trop près.

"Mais je dois dire que ce sera plus sérieux si ça se produit demain. Nous avons peut-être eu la tâche un peu plus facile aujourd'hui, mais il y a des années où nous avons dû passer par le repêchage et nous avons gagné quand même. Ce qui est encourageant, c'est que nous avons bien patiné.

"Même dans le relais quand notre qualification était déjà assurée, nous avons offert une bonne performance. Nous devons bien cela à nos partisans. Il n'était pas question de ralentir. Demain, il va y avoir encore plus de spectateurs et nous devrons en donner plus. Ca fait toujours quelque chose quand on peut faire un tour de piste en saluant la foule après avoir gagné. J'ai vu les Coréens à l'oeuvre ce matin. Je pense qu'on peut s'attendre à une bonne bagarre demain."

Thibault sait qu'il n'y a encore rien de gagné, que la vraie confrontation n'aura lieu que dimanche quand les Coréens et les Canadiens se regarderont dans les yeux.

"La première étape est passée. Nous voulions éviter le repêchage, a dit Thibault. Nous avons une carte cachée pour le relais masculin de demain, une nouvelle tactique. Nous l'avons travaillée à l'entraînement. Cela pourrait nous permettre d'être en bien meilleure position pour les derniers tours. Vous verrez bien."