C'est une annonce qui en avait étonné plus d'un, et qui vue de l'extérieur, pouvait sembler sortir de nulle part.

En mai 2019, un an après avoir connu l'euphorie de l'expérience olympique, le patineur de vitesse courte piste Samuel Girard annoncé qu'il prenait sa retraite à l'âge de 22 ans.

Dans le cadre de la journée Bell Cause, Luc Bellemare a discuté avec Girard, qui a bien voulu revenir sur sa décision de ranger ses patins.

Quelle avait donc été la réflexion menant à ce choix du patineur québécois?

« Ça avait été processus d'un an, je dirais. C'était l'année après les Olympiques. Là-bas, on avait vécu un gros high, on était sur un nuage. Mais tu finis par retomber à la réalité. C'est l'entraînement en vue d'une autre expérience, dans quatre ans. J'avais commencé à me demander si j'allais avoir la motivation. Je me suis posé des questions et j'ai discuté beaucoup avec notre préparateur mental, pour justement me challenger. Je voulais savoir si c'était normal, ces questionnements. »

« Après un an dans cette situation, juste avant de recommencer la 2e saison du cycle, j'ai dit à mon coach Éric Bédard que je voulais prendre une année pour réfléchir. On est partis, ma copine Cassandra et moi, à son chalet de Saint-Félicien, là où il n'y a pas d'électricité, pour revenir aux sources. C'est à ce moment que je me suis dit : 'C'est ici que je suis bien. C'est ici que je suis heureux. Pourquoi m'entêter à continuer dans quelque chose qui à ce moment me pesait?' J'ai pris la décision de revenir ici et de faire ce qui me rendait heureux. »

Girard était conscient que sa décision n'était pas sans conséquences pour l'équipe canadienne, qui le voyait comme la prochaine grande vedette de la nation sur la scène internationale.

« Je suis quelqu'un qui a toujours fait du sport. J'adorais le patinage de vitesse, mais j'avais toujours besoin de faire autre chose. L'été, on ne me parlait pas de patinage; je faisais autre chose. J'ai toujours été comme ça, et c'est ça qui m'a manqué durant l'année avant PyeongChang. C'était uniquement ça. On se brûlait à l'entraînement, sans voir notre famille mis à part quelques jours durant les Fêtes. (...) Ce que je déplorais, c'est qu'on n'avait pas de fin de semaine chacun pour soi. Tout le monde en a besoin. Le fait d'individualiser le programme d'entraînement ferait le plus grand bien. Pour moi, c'était de revenir ici et de voir ma famille. C'est ce qui me manquait pour alléger tout ça et étirer ma carrière. »

« Beaucoup de gens ont eu une oreille attentive pour moi, à commencer par ma copine, qui connaissait ma réalité et me comprenait. Elle me voyait aller à tous les jours. Elle trouvait que je ne patinais plus de la manière. Tu n'es plus le même Samuel que j'ai vu avant les JO ou pendant les JO. Elle voyait que j'étais rendu ailleurs et que mon idée avait cheminé. J'étais rendu à autre chose. »