Besoin d'éclaircissements
Jeux Sotchi 2014 vendredi, 9 août 2013. 08:27 samedi, 14 déc. 2024. 00:44MOSCOU - Le Comité international olympique attend d'autres éclaircissements de la part du gouvernement russe concernant la loi anti-gai qui porte ombrage aux préparatifs des Jeux olympiques de Sotchi.
C'est ce qu'a fait savoir le président du CIO Jacques Rogge, vendredi.
La loi, approuvée par le président russe Vladimir Poutine au mois de juin, interdit « la propagande des relations sexuelles non-traditionnelles » et prévoit des amendes pour les gens qui organisent des manifestations de fierté gaie.
Cela a mené à un tollé un peu partout dans le monde et incité plusieurs à exiger que des manifestations aient lieu à l'approche des Jeux qui se dérouleront du 7 au 23 février dans la station balnéaire de la mer Noire.
Le ministre des Sports de la Russie, Vitaly Mutko, a insisté pour dire, encore jeudi, que les athlètes qui prendront part aux JO devront respecter les lois du pays pendant les Jeux de Sotchi. Vendredi, il a déclaré que d'aucune façon la Russie ne ferait-elle marche arrière en raison des pressions politiques.
Rogge a indiqué que le gouvernement russe a fourni, jeudi, des assurances par écrit concernant la loi, mais que certains éléments manquent encore trop de clarté pour qu'il soit possible de juger.
« Nous attendons les éclaircissements avant d'avancer un jugement final sur les assurances », a déclaré Rogge, une journée avant le début des Championnats du monde d'athlétisme à Moscou.
En faisant allusion aux critiques provenant des pays de l'Ouest, Mutko a déclaré à Interfax : « Je ne qualifierais pas la pression de légère. La Russie doit comprendre que plus nous sommes forts, plus cela va déplaire aux gens. Nous avons un pays unique ».
« Nous n'avons pas à avoir peur des menaces de boycott des Jeux olympiques, a dit Mutko. Toutes les personnes sensées comprennent que le sport doit procéder de façon indépendante, qu'il est inadmissible que la politique intervienne. »
Jeudi, Mutko a quand même clairement affirmé que la vie privée des athlètes serait respectée, comme le garantit la constitution russe. Ce qui est essentiel, a renchéri Rogge.
« La charte olympique est claire, a souligné Rogge. Le sport est un droit de la personne et devrait être disponible à tous, peu importe la race, le sexe ou l'orientation sexuelle. »
Même si la Russie accepte ce principe, la loi laisse planer la possibilité que des athlètes puissent avoir des problèmes s'ils parlent ouvertement durant les Jeux.
« En ce qui concerne la liberté d'expression, évidemment, c'est quelque chose d'important, a dit Rogge. Mais nous ne pouvons émettre un commentaire sur la loi (avant de recevoir les éclaircissements exigés).
« Je comprends votre impatience à avoir un portrait complet de la situation, mais nous ne l'avons pas reçu aujourd'hui, a poursuivi le président du CIO. Il reste encore trop d'incertitudes dans le texte. »
Rogge a déclaré que le problème en est essentiellement un de traduction.
« Nous ne croyons pas qu'il s'agit de quelque chose de fondamental. »
Appel au calme
Le ministre russe des Sports a lancé un appel au calme à tous ceux qui s'inquiètent des conséquences d'une loi russe contre la « propagande » pour l'homosexualité à l'occasion des Mondiaux d'athlétisme qui débutent samedi à Moscou, soulignant que leurs droits seraient respectés.
« Je voudrais lancer à tous un appel au calme », a déclaré le ministre des Sports, Vitaly Moutko, lors d'une conférence de presse à la veille de l'ouverture des Mondiaux-2013.
« Tous les sportifs et organisations sportives devraient garder leur calme. Leurs droits seront respectés », a ajouté M. Moutko, en référence à une loi controversée promulguée en juin par le président Vladimir Poutine.
Ce texte punit tout acte de « propagande » homosexuelle devant les mineurs d'une peine d'amende et de détention allant jusqu'à 15 jours. Il est jugé discriminatoire par les défenseurs des droits de l'homme et a déjà suscité de nombreuses critiques à travers le monde, à six mois des Jeux olympiques à Sotchi, dans le sud de la Russie.
« Cette loi ne consiste pas à porter atteinte aux droits des personnes, quelles que soient leur citoyenneté, leur religion et leurs orientations (sexuelles) », a déclaré M. Moutko.
« Cette loi vise à interdire la propagande devant mineurs. Personne ne va porter atteinte aux droits des citoyens », a-t-il souligné.
Le président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), Lamine Diack, qui s'exprimait au côté de M. Moutko, a soutenu le ministre en déclarant qu'il ne voyait « aucun problème concernant cette loi » et qu'il fallait « respecter » la législation russe.
Ces déclarations interviennent quelques jours après les critiques de l'acteur britannique ouvertement homosexuel Stephen Fry, qui a écrit au Comité international olympique (CIO) pour lui demander de retirer à la Russie l'organisation des JO de Sotchi (7-23 février 2014), accusant Vladimir Poutine d'avoir fait « des homosexuels des boucs émissaires comme Hitler l'avait fait avec les juifs ».
L'homophobie est largement répandue en Russie, où l'homosexualité était considérée comme un crime jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999.