Ils ont franchi le cap de la trentaine. Les Jeux de Vancouver sont probablement les derniers pour eux. Leur carrière risque de se terminer sans l'ultime récompense : une médaille d'or olympique. Ce



Ils ont franchi le cap de la trentaine. Les Jeux de Vancouver sont probablement les derniers pour eux. Leur carrière risque de se terminer sans l'ultime récompense : une médaille d'or olympique. Celle qui fait qu'on se souvient d'eux. Celle qui fait qu'ils ne sombrent pas dans l'oubli.

À 30 ans, Dominique Maltais pourrait ne jamais avoir cette chance. Dans quatre ans, elle aura 34 ans. C'est drôle à dire, mais elle sera vieille pour participer aux Jeux de Sotchi en Russie. Rien n'est impossible, mais il y a de fortes chances qu'elle tire sa révérence du monde olympique. Que deviendra-t-elle ? Que fera-t-elle après ?

Ces questions doivent être tellement angoissantes pour un athlète. Parler de retraite à 30 ans. C'est tellement contre nature. Alors qu'ils sont au sommet de leur sport, ils réalisent qu'ils doivent maintenant faire face à l'épreuve du temps.

Celle-là, difficile d'en échapper. Difficile de passer à côté. Difficile de la contourner. Les athlètes olympiques vieillissent comme tout le monde. Ils doivent non seulement accepter de voir leurs corps changer, ils doivent en plus se refaire une vie.

C'est tout un tournant pour eux. Une entrevue réalisée avec Jeremy Wotherspoon m'a d'ailleurs beaucoup frappée ces derniers jours. À 33 ans, le patineur de vitesse expliquait qu'il était au sommet de sa forme et que son corps avait atteint son apogée. Juste pour vous dire, il racontait que ses tours de cuisses font 70 centimètres, que son corps est fait à 55% de muscles et qu'il n'avait que 9 % de gras. En 16 ans de carrière, il a aussi patiné l'équivalent de 22 000 kilomètres, soit 44 000 tours de pistes.

Malgré tout, il a terminé en disant que les Jeux de Vancouver étaient sa dernière chance et qu'il ne pouvait rien y faire. Par la suite ? Il ne sait pas. Il dit, lui-même, que sa vie peut prendre différente direction. Que ça doit être épeurant. Sauf que tout au long de sa carrière, Jeremy a su apprivoiser cette peur. Il reconnaît qu'il a encore peur de tomber, qu'il a peur de ne pas y arriver et qu'il a déjà eu peur de ce que les gens vont penser de lui.

En même temps, la peur pour lui n'est pas un échec. S'il ne sait pas quelle direction sa vie prendra après les Jeux, il sait seulement une chose : « Le seul chemin qui peut me permettre d'éviter l'échec, ce serait de tout éviter. Si je ne risque rien, je ne risque pas l'échec, mais je n'accomplis rien et je ne peux pas m'imaginer vivre comme ça. »

Jeremy Wotherspoon et Dominique Maltais n'auront donc pas réussi jusqu'ici à décrocher l'or tant convoitée aux Olympiques. Malgré tout, ces deux athlètes d'excellence sont loin d'avoir connu un échec. Les risques qu'ils ont pris leur ont permis de s'accomplir pleinement. En plus, lorsqu'ils seront retraités, ils réaliseront qu'à 30 ans, ils sont encore tout jeunes.


Mélanie Loisel est journaliste pour divers médias québécois. Elle s'est jointe à l'équipe de CTVOlympics.ca et RDSolympiques.ca pour les Jeux de Vancouver.