Les Jeux olympiques de Vancouver ont rallumé, dit-on, la flamme patriotique des Canadiens.

C'est vrai que la ville est tapissée de fond en comble de rouge. Dans les rues, les supporteurs portent fi



Les Jeux olympiques de Vancouver ont rallumé, dit-on, la flamme patriotique des Canadiens.

C'est vrai que la ville est tapissée de fond en comble de rouge. Dans les rues, les supporteurs portent fièrement leurs chandails avec la feuille d'érable. À toute heure du jour, on entend crier « Go Canada Go ! » Même sur le chemin du retour aux petites heures de la nuit, on chante le « Ô Canada » à tue-tête dans le train. Il suffit qu'il y en ait un qui commence pour que tout le reste des passagers entament en cœur l'hymne national.

C'est assez saisissant de voir ça et même troublant parfois. Qu'est-ce qui explique ce sentiment d'appartenance pour le Canada ? D'où vient ce besoin de s'afficher autant alors que le reste du temps on a l'impression de vivre chacun dans notre coin ? C'est quoi au juste le patriotisme canadien ?

Depuis le début des Jeux, c'est probablement la question qui me trotte le plus dans la tête. Maintenant qu'ils s'achèvent, je n'ai toujours pas de réponses.

Une chose est certaine, il se passe en ce moment à Vancouver un phénomène qu'on ne reverra et connaîtra probablement plus jamais au Canada. Les Jeux font en sorte que les Canadiens se parlent pour une rare fois. On parle surtout de hockey évidemment. C'est simple d'entamer des discussions. Lorsque tout le monde est entassé dans un pub, on a qu'à demander à notre voisin s'il croit qu'Équipe Canada va se rendre en finale et le tour est joué. Après deux ou trois minutes, chacun y va de son analyse, de ses prédictions et on finit par se demander d'où on vient, qu'est-ce qu'on fait à Vancouver et qu'est-ce qui se passe en ce moment à Toronto, Montréal ou Halifax.

Lorsqu'ils parlent de sport, les Canadiens ont peut-être finalement l'impression d'avoir un point en commun. Il n'y a rien de compromettant. On évite ainsi les sempiternels débats politiques et linguistiques. C'est peut-être pour ça aussi qu'ils ont tant envie que le Canada gagne. Ça facilite le contact. On a qu'à demander : As-tu vu la partie ? As-tu vu qu'on a gagné une autre médaille ? Certes, on ne révolutionne pas l'art de la conversation, mais c'est déjà mieux que rien.

Donc, avez-vous vu que les femmes ont gagné au hockey ? Avez-vous vu que c'est une petite fille de la Beauce, Marie-Philip Poulin, qui a marqué les deux buts des gagnantes ? Savez-vous que les gars ont de la pression maintenant ? En tout cas, c'était la folie à Vancouver et les Canadiens ont célébré leur victoire toute la nuit !

Dans le fond, les Jeux ne sont peut-être qu'une occasion de célébrer. Quand le Canada gagne, c'est juste une raison de plus ! Et comme toutes les raisons sont bonnes pour fêter, ça n'a sûrement rien à voir avec le patriotisme.

Mélanie Loisel est journaliste pour divers médias québécois. Elle s'est jointe à l'équipe de CTVOlympics.ca et RDSolympiques.ca pour les Jeux de Vancouver.