Blogue : Pour une trêve olympique
Amateurs vendredi, 12 févr. 2010. 00:05 vendredi, 13 déc. 2024. 20:50Depuis quelques jours, Vancouver est en train de se transformer en une gigantesque carte du monde. Quatre-vingt-deux pays seront représentés lors des Jeux olympiques. Lors de la cérémonie d'ouvert
Depuis quelques jours, Vancouver est en train de se transformer en une gigantesque carte du monde. Quatre-vingt-deux pays seront représentés lors des Jeux olympiques. Lors de la cérémonie d'ouverture, les athlètes défileront à tour de rôle avec leurs drapeaux, leurs uniformes, pour montrer à quel point ils sont fiers de représenter leurs pays.
Les Jeux ont ce pouvoir de ranimer, ne serait-ce que quelques jours, cette espèce de flamme nationaliste et patriotique. Il suffit de se promener en ville pour voir tous les touristes afficher leurs couleurs. Ils sont prêts à encourager leurs athlètes et leur équipe de hockey. Même si les Jeux peuvent vous laisser indifférent, c'est toujours difficile de ne pas se réjouir d'apprendre qu'un jeune Canadien a remporté une médaille.
Or, ce qui est paradoxal des Jeux, c'est aussi ce pouvoir de mettre de côté les revendications nationalistes. Pendant quelques jours, les organisateurs des Jeux et les médias vont vouloir nous donner l'impression de vivre sur une planète unie, sans discorde, où la compétition est saine. Bien que dans le passé, il y a eu des scandales à saveur politique, on a qu'à se rappeler la prise d'otages des athlètes israéliens à Munich ou la collusion entre une juge française et un homme d'affaires russe lors de la compétition de Jamie Sale et David Pelletier aux Jeux de Salt Lake, il n'en demeure pas moins que les Olympiques ont pour mission de promouvoir la paix et le développement grâce au sport.
Pendant 17 jours, tout sera ainsi mis en Åuvre pour éviter de parler de corruption, de conflits et de régime politique. Les Jeux se veulent rassembleurs et fraternels. C'est l'utopie que tout le monde est égal peu importe la langue, la couleur, le sexe, la religion et la nationalité. C'est l'idéal olympique et c'est bien difficile d'être contre la vertu. Et des fois, on aimerait y croire à ce monde pacifique.
Mais pendant que les dignitaires du monde entier se rencontreront à Vancouver, la guerre et la violence continueront de sévir dans le monde. Les rares athlètes qui arrivent du Pakistan, de l'Algérie ou du Kenya le savent bien. Même s'ils ne risquent pas de monter sur le podium, le seul fait d'être ici est tout un exploit.
La réalité des athlètes canadiens est, par contre, bien différente. S'ils ont de bonnes chances de décrocher des médailles, si leurs exploits vont permettre de ranimer la flamme patriotique, c'est parce qu'ils ont eu la chance de vivre dans un pays en paix. Nos élus doivent en être conscients. S'ils veulent réellement célébrer l'olympisme, ils devraient se rappeler que ce ne sont pas tous les jeunes qui ont eu cette chance sur la planète. Ils n'ont jamais eu de leur vie une paire de patin, de ski ou un traîneau. Et le pire, c'est parce que des pays comme le Canada se battent dans leurs pays. Parce qu'il ne faut pas oublier, le Canada est actuellement un pays en guerre.
À quand la trêve olympique ?
Mélanie Loisel est journaliste pour divers médias québécois. Elle s'est jointe à l'équipe de CTVOlympics.ca et RDSolympiques.ca pour les Jeux de Vancouver.