Je n’avais pas eu la chance de discuter avec Martin Brodeur depuis qu’il avait cédé sa place à Roberto Luongo devant le filet de Team Canada. Celui qui sera admis directement au temple de la Renommée après sa carrière n’avait pas très bien paru en allouant quatre buts aux Américains lors du tournoi à la ronde des Jeux olympiques de Vancouver.

On a rarement vu un athlète de ce calibre aussi calme et détendu. Plusieurs gardiens de la LNH, n’accordent pas d’entrevue le matin des matchs pour ne pas perdre leur concentration avec le défi qui s’en vient huit heures plus tard. À Montréal, c’est même le département des communications qui leur demande de ne pas parler. Imaginez, à la fin de son association avec le Canadien, Jeff Hackett ne parlait même plus la veille de sa partie! Martin lui prend la vie du bon côté et rien ne semble le perturber. Les jours de matchs, il sort du vestiaire des Devils vers 17h30 et on jase.

Tout ça pour vous dire que pour une rare fois, il a semblé contrarié à Vancouver.

«Je le savais qu’en perdant, je ne reviendrais pas devant le filet. Y’a rien de fâchant là-dedans. Roberto est dans la trentaine et c’est à son tour maintenant de jouer ces gros matchs pour le Canada. J’avais fait la même chose à Curtis Joseph, expliquait Martin mercredi après-midi après l’entraînement de son équipe à San Jose. En cédant ma place devant le filet, ça m’a permis de mieux profiter des Jeux olympiques avec ma famille. Pour une rare fois, je me retrouvais dans une grosse compétition sans en ressentir toute la pression».

Et Martin est honnête quand il dit ça.



Par contre, les propos de Mike Babcock l’ont grandement agacé. «On va y aller avec Lou car c’est un gros gardien et avec son style papillon il n’aurait probablement pas alloué ces buts-là aux Américains ». C’est en gros ce que l’entraîneur-chef nous a dit pour justifier sa décision quand il a retiré Martin du tournoi. C’est un certain manque de délicatesse envers celui qui améliore les records de la LNH chaque fois qu’il enfile ses jambières de gardien.

«Je n’ai rien écouté dans les jours qui ont suivi. Je ne voulais pas savoir ce qui se disait sur moi car on tentait de justifier cette décision. C’est pas compliqué, si un gardien perdait, il ne revenait pas et on avait été avisé. Pas besoin de chercher d’autres explications. Je n’ai pas lu les journaux, je n’ai pas écouté la radio ni regarder la télé et je n’ai même pas écouté mes coaches. », raconte Martin sans la moindre amertume.

Il a adoré vivre cette autre expérience et il souhaite vivement que la LNH trouve un moyen d’envoyer ses meilleurs éléments en Russie en 2014. Et il apprécie tout autant sa médaille d’or même si son rôle a été beaucoup moins important qu’à Salt Lake en 2002.