Ces enfants pour qui je cours
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 18:55 samedi, 5 sept. 2009. 15:28Lorsque Saku Koivu est revenu au jeu en 2002, après son terrible cancer, un collègue journaliste lui avait demandé comment il se sentait. Koivu était dans le vestiaire du Canadien et venait tout juste de disputer son premier match.
« J’ai souffert. C’était parfois douloureux. J’ai mal partout. » avait-il déclaré souriant.
« Alors pourquoi ce sourire sur votre visage? » lui avait demandé le journaliste. « Vous dites avoir souffert. »
« C’est vrai. » avait répliqué Koivu. « Mais cette douleur me rappelait que j’étais toujours en vie! »
La douleur. Nous l’affrontons tous à un moment ou à un autre de notre vie. Elle peut-être physique. Elle peut être psychologique. Personnellement, c’est ma blessure à la cheville droite qui ne cesse de me faire souffrir. Je cours malgré la douleur.
Le 15 août dernier, un beau samedi matin, les responsables de Team In Training avaient organisé une fête dans un parc de Westmount. Une matinée amusante pour encourager les coureurs et marcheurs de ce merveilleux programme d’endurance dont je suis le porte parole. Ils avaient même eu la gentillesse de me chanter un joyeux anniversaire en plus de me remettre un gâteau. Une attention touchante pour mon 39ème anniversaire.
Je me préparais à amorcer ma course, redoutant la douleur, lorsqu’un petit bonhomme de huit ans s’est avancé au devant du groupe. On l’a fait grimper sur une caisse pour qu’on puisse mieux le voir. Je me suis approché de lui pour bien l’entendre. Sa voix et le message qu’il nous a livré me hantent encore. Je n’oublierai jamais Cameron. Il m’a fait réaliser que la douleur est bien relative.
Cameron a un frère, Jack, et trois chats (Tisha, Chili et Zelda). À l’âge de deux ans, il apprend qu’il est atteint de la leucémie. Il sera malade pendant deux ans et demi. Il endurera plus de 200 piqûres sur les doigts, 42 injections de chimiothérapie, 23 ponctions lombaires, des ponctions de la moelle osseuse et deux opérations chirurgicales (un tube est installé dans sa poitrine pour qu’il puisse recevoir ses médicaments). Il perdra tous ses cheveux. Ils repousseront, heureusement, bruns et frisés. Il lui est impossible de jouer avec ses amis puisqu’il est en isolation. Son corps ne peut plus combattre les infections alors il doit être très prudent. Les médicaments goûtent mauvais. Il s’ennuie et regarde souvent la télé. Janet, sa mère (à droite sur la photo), et Tony, son père, l’accompagne jour et nuit à l’hôpital. Ils essaient de rendre tout cela amusant.
Aujourd’hui, Cameron est en super santé et se sent bien. Son frère et lui sont les meilleurs amis du monde. Il est chanceux. Il s’en est sorti. Depuis ce jour, son père et sa mère sont impliqués dans Team In Training. Cameron a eu l’occasion de rencontrer des gens extraordinaires et il nous remercie tous de relever ce défi important pour amasser de l’argent pour la Société de leucémie et lymphome du Canada.
Il nous demande de penser aux enfants malades pendant nos courses, surtout lorsque ce sera difficile, pour ainsi trouver le courage d’oublier la douleur et de terminer notre marathon. Tous les coureurs réunis l’applaudissent. Le jeune garçon descend de sa caisse en souriant. Il me fait penser à Koivu. Tout comme lui, il a vaincu la maladie.
La douleur à ma cheville semble diminuer. Puis-je vraiment me plaindre après avoir écouté ce petit bonhomme nous raconter son histoire? Je suis en vie, que demander de plus?
Et bien mon cher Cameron, sache que je cours maintenant pour toi et pout tous ces enfants auxquels tu nous as demandé de penser. Tu ne le réalise peut-être pas, mais c’est bien plus qu’un message d’espoir que tu as livré ce matin là.
C’est une grande leçon de courage.