Le patinage de vitesse courte piste est un des sports les plus spectaculaires des présents Jeux olympiques de Sotchi. Charles Hamelin et Marianne St-Gelais de même que leurs coéquipiers de l’équipe canadienne en sont grandement responsables. Ce n’est pas un hasard si les gradins du Palais des Sports de glace Iceberg sont toujours bondés de spectateurs venus encourager bruyamment leurs favoris.

Pour certains amateurs, les Jeux olympiques constituent l’unique occasion lors de laquelle ils s’intéresseront à ces courses rapides sur glace. Pourtant, les membres de l’équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste participent à plusieurs compétitions par année. Pour eux, c’est un métier à temps plein. Derrière les succès d’un gars comme Charles Hamelin se cache des heures, des semaines, des mois et des années d’entraînement.



L’ancien coéquipier de Charles sur l’équipe canadienne et quintuple médaillé olympique, Francois-Louis Tremblay, explique pourquoi Hamelin domine autant son sport. “C’est un amalgame de plusieurs choses. Il a toujours été quelqu’un de très fort et avec des capacités hors-norme. Il est puissant et endurant. C’est rare de voir un sprinter capable de garder longtemps sa vitesse”.

Francois-Louis ajoute que Hamelin est également solide entre les deux oreilles. “Il est capable de demeurer concentré et dédié pendant la pleine durée des entraînements. De plus, il évolue dans un environnement, grâce à sa famille et à ses entraîneurs, qui lui permet de bien performer ”. Le père de Charles, Yves, est le directeur national de l’équipe canadienne alors que son frère, Francois, fait partie de la délégation canadienne à Sotchi en patinage de vitesse courte piste.

“Là où il m’impressionne le plus c’est dans la durée“, ajoute Francois-Louis. « Depuis 2005 il est au sommet de son art et il ne cesse de s’améliorer. Il y a quatre ans à Vancouver, il était déjà très fort, mais il avait un peu de difficulté à maîtriser sa nervosité et avait de petits problèmes tactiques. Il avait moins confiance en lui. Tout cela est maintenant réglé à Sotchi. Il est en parfait contrôle et est plus fort que jamais. Il croit en lui et il sait qu’il est imbattable”.



S’entraîner à l’année

Mais à quoi peut bien ressembler l’entraînement d’un patineur en courte piste? Avec seulement trois semaines de repos annuellement, doivent-ils être sur la glace tous les jours pendant le reste de l’année?

“Un athlète de courte piste patine pratiquement à l’année longue. Il s‘entraîne généralement du premier mai jusqu’au championnat mondial présenté au début du mois d’avril. Par la suite, il bénéficie de seulement trois semaines de congé d’entraînement avant de reprendre un autre cycle d’une année. Son entraînement se module durant la saison et se fait de façon graduelle. Au début de l’année, le 1er mai, nous patinons très peu. Environ trois fois par semaine. La semaine suivante ce sera quatre fois, puis cinq fois la suivante. On continuera ainsi jusqu’à atteindre une douzaine de séances de patinage par semaine. Donc, au début, nous patinons très peu mais nous faisons beaucoup d’entraînement hors glace. Ça veut dire pas mal de course à pied et de vélo”.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Charles Hamelin et le reste de l’équipe canadienne ne travaillent pas uniquement sur leur cardio. “Ils n’iront jamais faire une sortie de trois heures de vélo ou de deux heures de jogging. C’est inutile puisque leurs courses les plus longues, comme le 1500 mètres, ne durent que 2 minutes et 15 secondes environ. Il y a bien le 3000 mètres, mais ce ne sont pas tous les patineurs qui y participent ”, explique celui qui a participé à trois Jeux olympiques.



Vo2max

Le patineur de vitesse courte piste cherche à maintenir une consommation maximale d’oxygène (VO2max) entre 55 et 70. En comparaison, un cycliste ou un fondeur a un VO2max de 90 et plus. Celui d’un joueur de hockey se situe entre 45 et 50. Un joueur de baseball est seulement à 30! Ce serait une perte de temps pour les patineurs de trop travailler pour augmenter leur VO2max car ils doivent également s’entraîner en puissance, en technique et en musculation.

“Le repos est également très important. D’une certaine façon, on doit choisir nos batailles pour avoir le temps de tout travailler de sorte qu’en bout de ligne nous n’aurons pas mis tous nos œufs dans un même panier”. François-Louis ajoute que les patineurs font beaucoup d’entraînement en intervalles. Ce sont de courts efforts intenses suivis de brèves périodes de repos répétées un certain nombre de fois. C’est ce qui est le plus efficace. Un entraînement hors glace peut ressembler à bien des choses. Par exemple, une course d’une quarantaine de minutes à bas régime. Les athlètes peuvent également décider de grimper les escaliers du Mont-Royal sept ou huit fois puis y retourner pour le refaire huit ou neuf fois!

La rapidité de récupération est primordiale car ils participent à plusieurs courses par jour lors des compétitions. Si le patineur est capable de jumeler ça à une autre belle qualité, la puissance, il est équipé pour gagner.



Légèreté et puissance

François-Louis mentionne un autre facteur important. Le poids d’un patineur de courte piste. “Il doit être le plus léger possible sans perdre de masse musculaire. C’est pas évident! En saut à ski, par exemple, on voit des athlètes qui souffrent d’anorexie car ils veulent être très légers pour sauter le plus loin possible. Si tu essaies de faire cela en patinage de vitesse courte piste tu n’auras pas de succès. L’idéal est d’être le plus léger possible du haut du corps tout en ayant des jambes puissantes. Pour ce faire, l’indice de gras corporel doit être bas, autour de quatre à six pour cent, car il encaisse beaucoup de force G dans les virages. Un patineur trop lourd traîne son poids. C’est la raison pour laquelle un il doit être léger”.

“Dans mon cas, j’éliminais tout ce qui était superflu. Je ne prenais pas de jus, de lait ou de desserts. Je buvais beaucoup d’eau et coupais l’alcool. Plutôt que de prendre un café latté le matin, je prenais un expresso. J’optais pour les produits faibles ou réduits en gras. Ce n’est rien de compliqué mais ça fait une grosse différence en bout de ligne. Beaucoup moins de calories à la fin de ta semaine”, explique l’analyste de patinage de vitesse courte piste à RDS pour la durée des Jeux olympiques de Sotchi.

Avec les succès de patineurs comme Charles Hamelin et Marianne St-Gelais sur la scène internationale il est facile de prédire que ce sport continuera de gagner en popularité au Canada. C’est une bonne nouvelle puisque le spectacle offert lors de compétitions comme les Jeux olympiques est toujours enlevant. Mais surtout, cela laisse présager que nos représentants continueront encore longtemps de gagner des médailles pour notre plus grand plaisir et notre plus grande fierté!