Coup de chaleur
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 19:08 samedi, 10 juil. 2010. 03:49L’histoire qui suit est vraie. Je n’ai rien modifié au déroulement des événements. Je n’ai même pas pris la peine de changer le nom des deux acteurs principaux de cette histoire puisqu’ils m’ont gentiment accordé la permission de raconter ce qu’ils ont vécu.
Une histoire qui se termine bien, mais qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques. Elle prouve à quel point il est important d’être à l’écoute de son corps et de bien s’hydrater lorsqu’il fait chaud et qu’on pratique une activité physique.
Seulement 8 kilomètres
Le 24 mai dernier, Steve Corbeil participe à une course de 8km près du lieu de résidence de sa belle-famille, à Watford, en Ontario (Watford Road Race). Son épouse, Lisa, lui souhaite bonne chance avant de lui dire qu’elle l’attendra à l’arrivée. La journée s’annonce très chaude. 500 coureurs sont inscrits aux deux épreuves, 8km et 16km.
Pendant sa course, Steve n’écoute pas les signes de son corps. Il a chaud, mais il continue. Il se décrit lui-même comme ayant une tête de cochon. Pas question d’arrêter malgré les petits étourdissements.
Avec une centaine de mètres à compléter, les choses commencent à vraiment mal aller pour Steve. Tout se met à tourner. Lisa, près du fil d’arrivée, aperçoit un coureur au loin, un coureur parmi tant d’autres. Elle se questionne. « Pourquoi quelqu’un souffrant d’une paralysie participe à cette course? » Quelques secondes plus tard, la réalité la frappe comme un coup de poing. C’est Steve!
Rien ne va plus
Son conjoint est dans un état de déshydratation extrême. Son cerveau, ses reins et son foie ne fonctionnent plus. Il souffre d’un coup de chaleur grave (severe heat stroke).Lisa court rapidement le rejoindre. Steve est entouré de gens qui ne le connaissent pas et elle leur fait comprendre que ce coureur ne souffre pas de la paralysie cérébrale.
Elle agrippe Steve qui tombe une première fois avant de se relever. Il ne voit que le fil d’arrivée et veut absolument terminer. Il s’effondre une seconde fois. À ce moment, plusieurs personnes s’approchent pour lui porter secours. Mais Steve est désorienté et totalement incontrôlable. Il se met à frapper ceux qui tentent de lui venir en aide. Certains le tienne pour le forcer à boire, mais sans succès. D’autres, lancent le contenu de nombreux verres d’eau sur lui. Tous les muscles de son corps sont contractés, durs comme de l’acier. Il est violent et frappe les gens.
Après quelques minutes d’attentes, des ambulanciers arrivent finalement sur place et ce qu’ils voient ne leur dit rien de bon. Steve ne va pas bien. Il a le visage gris et les yeux révulsés, Il n’a plus conscience de ce qu’il fait et assène même un violent coup de poing au visage d’un des ambulanciers avant de lui donner un coup de pied entre les jambes. Steve, d’un naturel doux, est impossible à contrôler.
On parvient enfin à l’attacher et à l’embarquer dans l’ambulance. En route vers l’hôpital, le paramédique est incapable de lui poser une intraveineuse. Steve se débat trop. Ce n’est que rendu à l’hôpital qu’on réussira finalement à lui insérer l’aiguille dans une veine. Mais pas moins de huit personnes auront été nécessaire pour le retenir. Steve est mal en point. Il vomit, ses pulsations cardiaques grimpent à 200 battements à la minute et sa température corporelle est à 40 degrés. Il n’a pas conscience de ce qui se passe. Deux heures après qu’on l’ait alité de force, il continue de battre des jambes dans les airs, comme s’il courait encore, en scandant : « Don’t stop, don’t stop ».
Un dur réveil
Lorsque Steve reprend finalement conscience, il est totalement confus et ne se souvient plus de rien. Il se rappelle bien avoir commencé la course, mais pas de l’avoir terminé. Il doit se concentrer pour dire son âge, prononcer des phrases cohérentes et comprendre ce que le personnel soignant lui dit, tant en anglais qu’en français. Pendant trois longues heures, il demeure convaincu qu’il va mourir tellement il a mal partout. Les médecins lui confirment qu’il s’agit du coup de chaleur le plus sévère qu’ils ont vu.
Steve sort finalement de l’hôpital le lendemain. Après quelques jours de repos, il retourne finalement chez lui, au Québec. Toute la semaine, il souffre de nausées et a du mal à s’alimenter. Il doit se résoudre à retourner à l’urgence pour être réhydraté par intraveineuse. Les prises de sang confirment que son foie a été affecté. Après quelques journées en « mode récupération », Steve commence finalement à mieux se sentir.
Quelques recommandations
L’histoire de Steve prouve à quel point il est important, lors d’un effort physique comme la course, de s’assurer d’être bien hydraté. Si vous faites de la course à pied cet été et qu’il fait chaud, n’oubliez surtout pas de boire avant, pendant et après votre jogging. Bien que l’eau soit généralement suffisante pour de courtes distances, vous pouvez également opter pour une boisson de type Gatorade.
Votre corps a besoin d‘électrolytes comme le potassium, le sodium et le magnésium. Des éléments que votre corps élimine rapidement lors d’efforts physiques extrêmes. Que ce soit pour un 8km, un 15km, un demi-marathon ou un marathon, n’oubliez pas de ralentir. Lorsqu’il fait 30 degrés, on ne court pas à la même vitesse que lors d’une belle petite journée fraîche d’automne.
En terminant, je vous signale que Steve a réussi à terminer sa course en se traînant, de peine et de misère, jusqu’au fil d’arrivée. Une 38e place sur 351 participants. Mais vous pouvez parier que si c’était à refaire, il préfèrerais terminer quelques rangs plus loin au classement, mais avoir au moins un souvenir agréable de sa course.
Il est généralement possible d’acheter la photo de sa fin de course. Celle-là, Steve et Lisa ne l’achèterons probablement pas.
Bon été et gare aux coups de chaleur.