Marcel Jobin se sentait soulagé après son couronnement
Athlétisme lundi, 25 mars 2019. 17:58 jeudi, 12 déc. 2024. 02:40MONTRÉAL - Depuis le temps qu'il participe à des compétitions d'envergure internationale dont certaines sur de très longues distances, Marcel Jobin ne devrait pas être inquiet à l'idée de prendre le départ d'une épreuve de 3 km. Mais c'était le cas lundi, et c'était sans doute compréhensible quand on sait que deux mois plus tôt, il avait été malade comme « jamais avant », de son propre aveu.
C'est peut-être, aussi, ce qui explique pourquoi le vénérable athlète de Saint-Boniface a déclaré qu'il avait un poids de moins sur les épaules dans les heures qui ont suivi sa médaille d'or à l'épreuve du 3 km marche des Mondiaux d'athlétisme en salle chez les Maîtres, qui se déroulent toute la semaine à Torun, en Pologne.
Des 12 participants prenant part à la compétition chez les 75 ans et plus, seulement six ont terminé l'épreuve, et Jobin a été le seul à négocier la distance en moins de 20 minutes. Son chrono final de 19:50,56 lui a permis de devancer le Tchèque Vladimir Kansky par plus de 40 secondes.
« Le 3 janvier, la journée de ma fête, j'ai eu une pneumonie et j'ai été un mois où ça n'allait pas bien. J'ai 77 ans et je pense que je n'ai jamais été aussi malade. J'ai eu un cancer il y a 20 ans, et j'ai dit à mon médecin que le cancer, ce n'était rien à comparer à ce que j'ai eu. J'ai filé mal et j'ai été une semaine sans dormir », a raconté Jobin lors d'une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.
« C'est pour ça que je suis arrivé ici et que je n'étais pas sûr de mon affaire, et c'est pour ça que je dis que j'ai un fardeau de moins sur les épaules. »
Jobin a été assez indisposé qu'il a craint, pendant un certain moment, ne pas pouvoir faire le voyage en Pologne.
« Je me posais la question, avoue-t-il. J'étais inscrit depuis longtemps. J'ai été l'un des premiers à m'inscrire et ça m'agaçait un petit peu. Je me disais que ça allait se replacer, et là, je suis bien content. Ça s'est replacé. Il y a une semaine, je suis revenu comme avant. »
Un séjour de plusieurs semaines en Floride au début de février l'a aidé à refaire le plein, mentionne-t-il.
« Du 3 janvier jusqu'au début de février, avant de partir pour la Floride, je ne me suis pas entraîné du tout. Je n'étais pas bien. J'ai recommencé l'entraînement en Floride et de jour en jour, avec la température, ça s'est amélioré. »
Un fait demeure, Jobin ne savait pas trop à quoi s'attendre lundi, une fois le signal de départ donné pour le premier des 15 tours de la piste de 200 mètres.
« Ce matin, je me posais des questions sur la manière que j'allais réagir. Il y a deux ou trois semaines, je suis allé à Claude-Robillard. J'ai essayé de faire un 5 km et après 2 km, j'ai été obligé d'arrêter. Aujourd'hui, j'ai pris la tête après 150 mètres et j'ai fait les 15 tours en tête", a-t-il relaté. »
Jobin luttera pour une deuxième médaille d'or vendredi lors du 10 km qui sera présenté en plein air et lors duquel les participants devront négocier une boucle de deux km à cinq reprises.
L'un de ces participants, selon Jobin, sera Christoph Höhne, un Allemand de 78 ans qui a gagné la médaille d'or du 50 km marche aux Jeux olympiques de Mexico en 1968. Höhne, qui représentait alors l'Allemagne de l'Est, l'avait emporté par près de dix minutes sur son plus proche rival.
« J'ai plus confiance au 10 (km) qu'au 3. Le 3, c'est réellement rapide. J'ai plus de chances. Il y a deux adversaires que je vais avoir au 10 km qui n'étaient pas là aujourd'hui (lundi). Je vise au moins une médaille. Je vise une médaille d'or, mais je ne connais pas les deux autres », a souligné Jobin.
Toujours aussi passionné et assoiffé de compétitions, Jobin regarde déjà vers le futur alors que la ville de Toronto accueillera les Championnats du monde vétérans d'athlétisme, du 20 juillet au 1er août 2020.
« Je continue pour la motivation, pour la santé. J'ai commencé en 1958, et je me suis rendu comte que c'était bon pour ma santé mentale et physique. J'ai motivé des personnes à courir et là, aujourd'hui, je motive des personnes d'un certain âge, des 65 ans et plus, de continuer. Et j'ai besoin de compétition, j'ai besoin de performances pour me motiver à m'entraîner. Je ne m'entraînerais peut-être pas de cette manière-là si je n'avais pas des buts devant moi. »