Cousineau connaissait son potentiel
Amateurs jeudi, 4 févr. 2010. 11:35 jeudi, 12 déc. 2024. 10:40MONTRÉALÂ -- Julien Cousineau a toujours su qu'il y avait un skieur d'élite qui dormait en lui. C'est juste qu'avant cet hiver, il n'avait jamais obtenu les résultats qui le prouvaient.
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MONTRÉAL -- Julien Cousineau a toujours su qu'il y avait un skieur d'élite qui dormait en lui. C'est juste qu'avant cet hiver, il n'avait jamais obtenu les résultats qui le prouvaient.
Avant d'éclore cette saison en Coupe du monde, le vétéran de 29 ans avait tendance à aligner les prestations moches. Soit que ce spécialiste du slalom effectuait une sortie de piste, ou qu'il terminait au-delà des 30 premiers et se voyait exclu de la deuxième manche.
Mais ce n'est pas parce que son niveau de ski n'était pas élevé, a-t-il indiqué lors d'un récent entretien avec La Presse Canadienne. C'est juste qu'il était incapable de reproduire ce niveau de prestation sous pression, en conditions de course, pendant deux manches complètes.
"Techniquement, mon ski était correct. C'était juste que j'étais tendu. Et quand tu es tendu, ton synchronisme n'est pas le même, tu commets plus d'erreurs, a-t-il expliqué. Il y a plusieurs courses où, avant de sortir de piste, j'étais parmi les meilleurs après le premier ou deuxième intervalle. J'étais souvent parmi les cinq ou les 10 premiers, et presque toujours parmi les 15 premiers. Il n'y a pas une course où je n'étais pas là."
Sauf que survenait toujours une erreur qui finissait par tout bousiller.
Cousineau a toutefois corrigé le tir de belle façon cet hiver. Une seule fois a-t-il été incapable de compléter les deux manches d'un slalom. Il a terminé cinq fois parmi les 20 premiers, décrochant notamment son meilleur résultat à vie, une cinquième place à Schladming, en Autriche, le 26 janvier.
Il a donc complètement renversé la vapeur. L'athlète de Lachute ne cache pas que son travail avec un psychologue l'a énormément aidé. Si bien que maintenant, Cousineau n'aborde pas les courses de la même manière du tout.
"Avant, je me concentrais sur le résultat, sur mon désir d'être sur le podium, avant même d'avoir fait la course. J'ai réalisé qu'il ne faut pas que j'y pense, même si c'est mon objectif, a-t-il expliqué. Je me concentre sur mon ski en tant que tel, en sachant que si je skie comme je peux, je vais être sur le podium de toute manière."
Cette transformation ne s'est toutefois pas opérée en criant ciseau. Il a fallu que Cousineau s'attelle à la tâche.
"J'écris beaucoup dans un journal. J'essaie d'écrire des choses à chaque jour d'entraînement. Il a fallu trouver une préparation de course et des mots-clés pour m'aider à me détendre, a-t-il indiqué. Que j'apprenne à être plus conscient de ce que je fais quand je skie bien et quand je suis détendu."
Cousineau a pu mettre cette recette à rude épreuve à Schladming puisqu'il était sixième après la première manche. Comme il y avait une pause de trois heures avant la deuxième manche, il a eu amplement le temps de prendre conscience de cette belle occasion de briller. Il aurait pu facilement étouffer sous la pression. Mais au contraire, il l'a transcendée.
"C'est subtil, ce sont des petits changements, pas des gros changements", a dit Cousineau de sa nouvelle approche.
La transformation de Cousineau aura été d'autant plus dramatique que le vétéran skieur avait la tête sur le billot cette saison. Un autre hiver comme les précédents et il risquait d'être banni de l'équipe canadienne de la Coupe du monde _ ou du moins, qu'on lui demande de payer lui-même ses frais de voyage pour continuer. Mais voilà que Canada Alpin le considère maintenant comme un espoir légitime de médaille.
Ça semble peut-être simpliste mais au bout du compte, la différence entre les skieurs moyens et ceux de premier niveau se résume à la confiance, selon Cousineau.
"Une fois que tu commences à bien faire, que tu réalises des 'top-10', les choses tombent en place, ça devient plus facile", a-t-il noté.
Une chance unique
Julien Cousineau va donc participer à ses premiers Jeux. Il réalise la chance qu'il a d'y être, d'autant plus qu'ils seront présentés dans son pays.
"Je me considère chanceux de faire partie de la génération de skieurs qui auront vu des Jeux être disputés au Canada. J'aurais pu passer toute ma carrière sans que ça arrive. J'espère en profiter", a-t-il affirmé.
Même si on ne le considérait pas comme la crème de la crème jusqu'à tout récemment, Cousineau n'ira pas à Whistler pour y faire de la simple figuration. Vivre l'expérience des Jeux, c'est peut-être bon pour les jeunes, mais lui, il y va pour rafler une médaille.
"Y aller pour vivre l'expérience des Jeux, ça me fait rire quand j'entends ça... C'est peut-être bon pour un Alexandre Despatie, quand il était à ses débuts et qu'on l'y avait envoyé pour ça, a souligné Cousineau. Mais moi, je ne vais pas y aller pour faire les beaux yeux à tout le monde et regarder la parade.
"Peut-être que je serai content d'être quatrième, cinquième ou sixième, mais en même temps sans doute que je serai déçu de ne pas avoir de médaille après être passé si proche..."
Cousineau aimerait bien disputer d'autres Jeux par la suite en 2014, à Sochi. Il espère skier en Coupe du monde jusqu'à la mi-trentaine.
Le golf et le ski, même combat
Cousineau est un adepte de plusieurs autres sports. Il joue au hockey. L'été, il va à la pêche pour se détendre et il se rend sur les terrains de golf pour assouvir sa soif de compétition. Il trouve d'ailleurs qu'il y a plusieurs parallèles à faire entre le golf et le ski alpin.
"J'aime ce combat contre soi-même. C'est toi contre le terrain alors qu'en ski, c'est toi contre la piste, a-t-il noté. Et je trouve que le golf ressemble beaucoup au ski à cause de son côté technique - s'il y a un petit quelque chose qui ne fonctionne pas, ça vient défaire tout le reste.
"L'aspect mental est également très important, a-t-il ajouté. C'est une question de garder sa concentration. Je me dis toujours que si je peux la garder pendant six heures au golf, je suis capable de la garder pendant une minute en ski!"