De nouvelles combinaisons en courte piste
Amateurs mercredi, 10 févr. 2010. 23:25 jeudi, 12 déc. 2024. 16:39VANCOUVERÂ -- Le patinage de vitesse courte piste est un sport à haut risque. Une chute dans un virage et l'athlète risque une commotion cérébrale en s'écrasant dans la bande ou, pire, de subir u
VANCOUVER -- Le patinage de vitesse courte piste est un sport à haut risque. Une chute dans un virage et l'athlète risque une commotion cérébrale en s'écrasant dans la bande ou, pire, de subir une coupure.
Les Canadiens François-Louis Tremblay et Olivier Jean en savent quelque chose. Les deux membres de l'équipe olympique ont été victimes de coupures sévères à la cheville en 2007. Dans le cas de Jean, les tendons ont été touchés et il a raté la majeure partie de la saison.
Ces deux blessures ont incité les dirigeants canadiens à se pencher sérieusement sur la question de la sécurité de la combinaison de leurs athlètes.
"Le cas d'Olivier est le plus troublant, car il portait une protection en kevlar dans la région où il a été coupé, note Yves Hamelin, le directeur du programme courte piste à Patinage de vitesse Canada. La protection n'a pas résisté à l'impact. Il a subi une coupure importante et il a eu besoin d'une année de rééducation."
Alarmé par la situation à l'approche des Jeux olympiques de Vancouver, Hamelin a alors entamé un projet pour doter son équipe d'un vêtement de course plus sécuritaire.
"On sait que les coupures ont toujours été omniprésentes dans notre sport, ajoute-t-il. Mais comme nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un athlète pour une longue période, nous avons donc lancé un projet avec notre fournisseur de vêtements de course (Descente)."
Hamelin a alors rencontré des fabricants de matériel anticoupure et récupéré tout ce qu'il pouvait trouver sur le marché.
"Nous avons travaillé de concert avec le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) pour évaluer chacun de ces matériaux. On s'est alors rendu compte que le matériau que nous utilisions était l'un des moins performants. Cela nous a motivés à pousser encore davantage nos recherches."
Dans ses recherches, Hamelin a constaté qu'il existait déjà en Europe des vêtements anticoupures pour le courte piste, utilisant une fibre nommée Dyneema.
"On l'a testée en laboratoire et on s'est rendu compte que c'était de loin supérieur. Nous avons donc demandé à notre fournisseur de développer notre vêtement de course en intégrant ce matériel plutôt que l'ancien."
Et les Canadiens n'ont pas fait les choses à moitié. Alors que le règlement actuel de la Fédération internationale de patinage (ISU) ne couvre que certaines zones du corps - les zones critiques au niveau des artères principales - ils ont opté pour une protection intégrale.
"Nous avons appliqué la fibre partout à l'intérieur du vêtement."
Comme pour tout nouveau produit, il a fallu surmonter quelques défis avant d'en arriver à la version définitive que les patineurs canadiens utiliseront aux Jeux de Vancouver.
"Au début, le vêtement n'était pas suffisamment souple. Les athlètes n'étaient pas assez à l'aise. Nous avons eu besoin de quatre ou cinq prototypes avant d'en arriver à une version décente."
Même si cette combinaison ne procure aucun avantage autre que la sécurité, les patineurs apprécient d'en disposer.
"En tant qu'athlète de pointe, tu ne veux avoir aucun doute quant à la sécurité quand tu sautes sur la glace, commente Jean, de Lachenaie. Quand je porte l'ancienne combinaison, je suis moins en confiance."
Tremblay, un vétéran de l'équipe, est bien placé pour constater l'évolution apportée à l'équipement au fil des ans.
"Si on regarde le niveau de protection que nous avions il y a cinq ou six ans, on ne voudrait plus patiner à la vitesse qu'on a présentement avec l'équipement d'avant."
Selon Yves Hamelin, il reste encore un peu de développement à faire pour rendre le vêtement plus confortable pour les athlètes, mais il s'agit déjà d'un grand pas en avant.
"Si vous posez la question aux athlètes qui ont subi des coupures, ils ne veulent rien porter d'autre que cette combinaison", a-t-il conclu.