PARIS - L'Agence mondiale antidopage (AMA) se dit inquiète par de nouvelles allégations, rapportées par l'Associated Press, sur les machinations envisagées pour camoufler toute l'ampleur du scandale de dopage russe avant les Jeux olympiques de 2012.

L'agence de presse américaine a rapporté mardi que des dirigeants de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), dès 2009, étaient très inquiets de l'ampleur de la crise russe, craignant même que des athlètes puissent mourir en raison de l'utilisation de produits dopants ou des nombreuses transfusions reçues. Ils ont d'ailleurs envisagé de collaborer avec les Russes afin de couvrir l'ampleur du scandale avant les Jeux de Londres.

Les conclusions proviennent de notes internes de l'IAAF que l'AP a reçues d'une source impliquée dans le programme antidopage de la fédération d'athlétisme. Cette personne a requis l'anonymat puisqu'elle n'a pas obtenu l'autorisation de divulguer ces informations.

Deux notes internes de l'IAAF publiées avant les Jeux de Londres proposaient de ne pas diffuser les sanctions imposées aux athlètes russes moins connus. Cette suggestion aurait enfreint le code de l'AMA, et la note elle-même précisait que cette mesure viendrait à l'encontre des politiques habituelles de l'IAAF. La fédération a confirmé l'authenticité des documents, mais a précisé que la suggestion de passer sous silence les sanctions imposées à certains athlètes russes n'avait jamais été appliquée.

Dans une déclaration faite à l'Associated Press, l'AMA a dit de ces allégations qu'elles sont « des plus inquiétantes » et qu'elles justifient la tenue d'une enquête.

« Ces suggestions, si elles sont avérées, sont très préoccupantes, a admis le porte-parole de l'AMA Ben Nichols par voie de communiqué à l'AP. Si ce sont des informations qui n'ont pas été vérifiées par la Commission indépendante de l'AMA, elles le seront maintenant assurément. »

Une deuxième vague de documents incriminants débusqués par l'AMA devrait suivre jeudi. Dans son premier rapport rendu public en novembre, l'AMA a souligné que le gouvernement russe s'était fait complice du dopage érigé en système, contraignant l'IAAF à suspendre tous les membres de la fédération russe d'athlétisme des compétitions internationales.

Les athlètes ont réagi avec dégoût aux révélations de l'AP à l'effet que des tests sanguins réalisés il y a six ans démontraient déjà l'ampleur et la gravité du dopage en Russie. Ces conclusions ont suscité de nouvelles questions à savoir pourquoi l'organisation avait attendu aussi longtemps avant de suspendre la Russie, dont les athlètes pourraient rater les Jeux olympiques de Rio de Janeiro en août.

« C'est très décevant, a confié le spécialiste de la marche rapide australien Jared Tallent mercredi dans une entrevue téléphonique avec l'AP. Ils savaient que la Russie était dans le pétrin dès 2009. Des gestes auraient dû être posés beaucoup plus tôt. »