Les enquêteurs du Comité international olympique s'attendent à ce que « quelques » cas de dopage impliquant des Russes aux Jeux olympiques de Sotchi soient résolus vers la fin du mois de novembre, mais ils n'ont pas l'intention d'établir si ces athlètes pourront participer aux Jeux d'hiver de Pyeongchang en 2018.

Le président de la commission des athlètes du CIO a écrit cette semaine à Angela Ruggiero, la directrice de la Commission des athlètes du CIO, et obtenu une mise à jour des 28 dossiers lancés à la suite d'un rapport faisant état d'un système étatisé de dopage en Russie.

Denis Oswald a dit que des 28 cas dont sa commission est chargée de la révision, la priorité a été accordée aux athlètes qui visent une participation aux prochains Jeux d'hiver, à Pyeongchang. Parmi ceux-là, six fondeurs dont la suspension provisoire doit prendre fin le 31 octobre.

Oswald a aussi précisé que la commission statuerait sur les résultats de ces athlètes à Sotchi, mais pas sur leur admissibilité pour Pyeongchang. Ce sera plutôt à leurs fédérations sportives de statuer sur cet aspect. Le CIO avait pris une décision semblable avant les Jeux de Rio de Janeiro l'an dernier, menant à des décisions de dernière minute dans des cas complexes; en fin de compte, 300 Russes y ont participé.

Cette décision est décevante pour de nombreux dirigeants du mouvement antidopage qui ont demandé au CIO d'interdire à la Russie de participer aux Jeux de Pyeongchang.

« Le CIO ne devrait pas une fois de plus remettre le fardeau de la décision sur l'admissibilité (ainsi que la pression et le risque d'erreur) sur les épaules des fédérations internationales, et ce à la dernière minute », a déclaré Joseph de Pencier, le président et directeur général de l'Institut des organisations nationales antidopage, dont 37 d'entre elles ont requis l'interdiction de participation de la Russie aux JO.

En fin de journée jeudi, le Comité olympique canadien (COC) a d'ailleurs réitéré sa demande d'interdire à la Russie de participer aux Jeux de Pyeongchang.

« À la suite d'une rencontre de son conseil d'administration, la fin de semaine dernière, le COC a une fois de plus demandé aujourd'hui (jeudi) au CIO d'imposer des sanctions immédiates et significatives au Comité olympique russe (COR) ainsi qu'aux dirigeants sportifs et aux athlètes de Russie, conformément aux conclusions du rapport McLaren sur le dopage systémique appuyé par l'État », pouvait-on lire dans le communiqué.

« Nous reconnaissons et nous applaudissons le travail réalisé par le CIO, notamment par les deux commissions présidées par Samuel Schmid et Denis Oswald, qui enquêtent sur cette question. Toutefois, le travail est fastidieux et nécessite du temps. Si les conclusions des commissions ne sont pas imminentes, nous demandons que des mesures provisoires soient adoptées, notamment des suspensions, afin de protéger l'intégrité des Jeux olympiques d'hiver qui démarrent dans seulement 112 jours », a rappelé Tricia Smith, présidente du COC.

Un autre comité du CIO analyse le scandale de dopage en Russie dans son ensemble, et les résultats de cette enquête pourraient avoir des conséquences sur l'admissibilité du pays à participer aux JO. Ceci étant dit, ces deux groupes opèrent en fonction des informations contenues dans le rapport McLaren, dont la première partie a été diffusée en juillet 2016.

En expliquant le modus operandi, Oswald a écrit qu'étant donné que le stratagème russe impliquait l'échange d'échantillons d'urine souillés par des « propres », il a fallu du temps pour adapter la méthode de vérification des échantillons qui ont été échangés, notamment en identifiant des marques sur les récipients qui ont été ouverts puis rescellés.

« La tâche n'a pas été facile parce qu'il a fallu établir une méthodologie dans un domaine où il n'y avait pas de protocoles établis, a-t-il écrit, avant d'effectuer l'analyse scientifique nécessaire de chaque échantillon individuel de manière à ce qu'elle résiste à la contestation judiciaire. »

De Pencier a reconnu la complexité des dossiers et la nécessité de procéder adéquatement, mais a répliqué que « c'est, bien sûr, préoccupant que les conclusions de la Commission Oswald ne soient pas disponibles avant les quelques jours qui précéderont les Jeux olympiques de Pyeongchang. »

Un Symposium sur le sport éthique à Calgary

Dans son désir de servir de catalyseur pour un changement positif visant un sport propre, de même que pour favoriser une discussion plus vaste sur l'antidopage, le COC tiendra un Symposium sur le sport éthique, le 24 novembre, à Calgary. Les pays membres du mouvement olympique et du monde entier sont invités à s'y joindre et à participer à cette importante discussion.

« Nous invitons les nations olympiques qui désirent se joindre à cette conversation à participer au Symposium sur le sport éthique à Calgary. Nous devons chercher des solutions constructives à ces problèmes », a indiqué Chris Overholt, le chef de la direction et secrétaire général du COC.

Ce symposium réunira des leaders internationaux en matière de sport propre et d'antidopage et permettra de jeter les bases d'une intervention concertée afin de défendre et de promouvoir un sport propre et éthique.