Je dois être honnête avec vous. L'idée de cette chronique m'est venue de Michel, un ami, avec qui j'ai couru 5 kilomètres un peu plus tôt cette semaine avant d'entrer au boulot. C'était notre première course ensemble depuis l'automne dernier et ce qui aurait dû être une ballade facile et agréable s'est transformée en une sorte de chemin de Compostelle pour lui tellement il a peiné à suivre mon rythme. J'allais pourtant pratiquement à la même vitesse que lors de notre dernière sortie ensemble. Qu'est-ce qui avait changé pour qu'en si peu de temps, Michel soit incapable de me suivre?

Mon ami est pourtant un gars sportif. Il pratique la course à pied depuis plusieurs années et s'inscrit annuellement à près d'une dizaine de courses organisées. Mais voilà qu'il a la bonne (ou fâcheuse) habitude de remiser ses souliers de course en hiver pour pratiquer d'autres sports. Il n'y a rien de mal là-dedans puisqu’il est recommandé de diversifier ses activités. Mais dès lors, Michel ne doit pas entretenir l'idée qu'il pourra reprendre au printemps comme si de rien n'était! Grave erreur.

Même si Michel a fait du ski alpin, du ski de fond, de la raquette ou même de la course à pied sur un tapis roulant pendant son hiver, il a tort de croire qu'une fois rendu au printemps, il sera le même coureur qu'à l'automne.

Un peu comme Dame nature qui prend son temps pour installer le beau temps au printemps, le coureur doit s'assurer de suivre certaines étapes pour retrouver graduellement sa forme. Et cela vaut également pour un gars comme moi qui n'a pourtant jamais cessé de courir dehors sur les routes enneigées de l'hiver. Pourquoi aurais-je boudé mon plaisir? J’étais toutefois conscient que mon rythme de course en décembre, janvier ou février ne serait jamais le même qu'en avril, mai ou juin. La neige, le vent et les lourds vêtements que j'ai portés en hiver ont eu une incidence sur
ma vitesse.

Même chose pour le coureur qui garde la forme en hiver en grimpant régulièrement sur son tapis roulant. En raison de la bande qui roule sous ses pieds, ce genre d'appareil peut diminuer jusqu'à 10% l'effort de l'utilisateur. Le retour sur l'asphalte est donc plus difficile.

Des conseils simples

Je me suis permis de donner deux ou trois conseils à Michel et je m'empresse de les partager avec vous. Après tout, vous êtes peut-être un de ces visages nouveaux que j’ai croisé sur mes parcours dernièrement.

Le plus évident est évidemment d'y aller tranquillement et progressivement. Je ne vous apprendrai rien, même si vous avez skié, patiné ou marché pendant l'hiver, n'oubliez pas que la course à pied est un sport différent qui sollicite des muscles spécifiques. Il n'y a aucune gêne à commencer ou recommencer avec de petites distances que vous aurez le loisir d'augmenter au cours des prochaines semaines. Si vous avez en tête une course à laquelle vous voulez participer, préparez-vous un calendrier d'entraînement qui vous mènera jusqu'à cette dernière dans une forme optimale. Vous pouvez faire appel à un entraîneur, acheter un livre spécialisé sur la course à pied ou simplement jeter un coup d’œil sur internet. Une recherche rapide vous permettra de trouver des plans d’entraînements simples. N'hésitez pas à diminuer votre intensité et à prendre des jours de congé au besoin.

L'important est de vous bâtir une bonne base et de conditionner à nouveau les muscles, tendons et os de votre corps pour la course à pied. Au besoin, glissez des périodes de marche dans vos sorties de course. Les gens qui ont tendance à augmenter trop rapidement l'intensité ou le volume de celles-ci sont souvent ceux qui s'exposent à des blessures. Il est généralement reconnu par la plupart des experts qu’une augmentation hebdomadaire de 10% de la distance ou de la durée de sa course est une limite maximale à ne pas dépasser. Par exemple, si vous courez 6 kilomètres à trois reprises pendant une semaine donnée, vous pourriez augmenter cette distance à 6,6 kilomètres la semaine suivante. Lentement mais sûrement!

Le printemps est le moment idéal pour vérifier l'état de vos chaussures. La course à pied est un sport peu coûteux et c'est une bonne idée d'investir pour une paire neuve, surtout si, comme moi, vous avez couru dans la neige avec vos chaussures actuelles. La neige, le sable, la glace et le calcium sont autant d’éléments qui endommagent les différents matériaux des souliers de course. Prenez le temps de vérifier l'usure de vos semelles. Et si vos chaussures sont vieilles de plusieurs années, mais semblent encore neuves… il est temps de les changer. Ne vous fiez pas aux apparences.

N’oubliez pas que la venue du printemps signifie également le retour de températures plus chaudes. Une mauvaise hydratation peut vous donner une plus grande impression de fatigue et entraîner un découragement. Et que dire de votre alimentation sinon que le moment est idéal pour vous assurer que vous mangez bien et que vous n’avez pas besoin de suppléments alimentaires. Au besoin, prenez rendez-vous avec votre médecin ou un nutritionniste.

Je cours à nouveau avec mon ami Michel la semaine prochaine. Il est déjà entendu que nous irons moins vite et moins loin. De cette façon, nous sommes certains d’avoir beaucoup plus de plaisir que lors de notre dernière sortie ensemble. Une occasion rêvée d’apprécier les charmes de la nouvelle saison. En souhaitant qu’elle s’installe pour de bon!

Bonne course.