Mes vacances à l’île d’Orléans viennent de prendre fin. Une belle semaine passée dans ce berceau de l’Amérique française, là où j’ai eu la chance de grandir. Cette île, je la connais bien. À chaque fois que j’y viens, rien ne semble avoir changé mais il y a pourtant tellement de nouveautés. Le passé et l’histoire y côtoient harmonieusement le présent et la modernité. C’est un lieu unique au Québec.

Il y a 5 ans, j’en avais fait le tour à pied avec mon père. Une expérience initiatique merveilleusement douloureuse. 70 kilomètres de marche lors d’une seule journée froide et pluvieuse d’automne. Pas le temps de s’arrêter pour visiter les points d’intérêts. Nous avions complété le tour en un peu plus de 12 heures. Si ça vous intéresse, j’en ai fait le récit dans un précédent billet (La leçon de mon père, ce marcheur).

Il y a deux ans, toute ma famille s’était donnée rendez-vous pour un souper composé uniquement de produits de l’île. Des fruits et des légumes en quantités, du vin du Vignoble de Ste-Pétronille et du Vignoble de l’Isle de Bacchus, des bières de la Micro Brasserie d'Orléans, des cidres de glaces du Verger Bilodeau, du foie gras d’oie de la Ferme d’Oc, le célèbre Paillasson de la Fromagerie de l’Îsle d’Orléans, de l’anguille et de l’esturgeon fumés de la poissonnerie Jos Paquet, des pains de la Boulange et des petites douceurs de la chocolaterie de l’Ile d’Orléans. Un grand festin!

Cette année, ma blonde et moi avions décidé de faire le tour de l’île à pied, mais à notre rythme. Pas une marche rapide comme ce fut le cas avec mon père. Nous nous étions fixé l’objectif de marcher à une moyenne de 5 km/h. Selon nos calculs, deux jours seraient nécessaires pour apprécier pleinement les plus beaux attraits de l’île. Et encore, ce serait limite car il y a tant à voir.

Nous avons quitté le domicile de mes parents, situé dans la paroisse de St-Pierre, par un beau lundi matin ensoleillé. Tout un contraste avec l’été pluvieux que connait la grande région de Québec. Selon les prévisions météorologiques, deux journées de temps chaud nous étaient promises. C’est effectivement ce que nous avons eu.

Il m’est impossible de vous raconter en détails ces deux journées extraordinaires passées avec ma blonde. Permettez-moi de me garder quelques petits secrets tout de même!

Nous marchions sans nous préoccuper de l’heure ou d’un horaire. Mes parents gardaient nos trois jeunes enfants. Ce furent des moments merveilleux. La relaxation à son meilleure. Lors de la première journée, nous avons marché 37 kilomètres avant d’arriver, tard en soirée, au Gîte du Quai, à St-Jean, où une dame Blouin et son mari nous ont accueillis si gentiment. Nous étions partis de St-Pierre, avions traversé Ste-Famille et St-François puis avions décidé de nous arrêter pour la nuit à St-Jean.

Ma cheville droite me faisait un peu mal en raison de l’inclinaison de la chaussée. À toujours marcher « penché » on développe de petites blessures! Pendant la journée, nous avions vu des paysages magnifiques que seul un randonneur peut pleinement prendre le temps d’admirer. La vue sur le Fleuve St-Laurent, la côte de Beaupré, le Mont St-Anne et la pointe d’Argentenay nous forçait souvent à nous arrêter pour admirer. Comment se faisait-il que malgré toutes mes années passées à l’île d’Orléans, je n’avais jamais remarqué ces paysages de tableaux qui dormaient là sous mes yeux? La marche me permettait enfin de les voir. Éloge de la lenteur.

Nous nous sommes levés tôt le mardi car nous savions que nous avions encore 33 kilomètres à parcourir. Les muscles des jambes étaient un peu « raides », mais nous présumions qu’après quelques minutes de marche tout rentrerait dans l’ordre. Selon le guide touristique que je consultais régulièrement, le Gîte du Quai promettait à ses invités un copieux déjeuner. Que c’était vrai. Dame Blouin nous prépara un tel repas (œufs, bacon, rôties, crêpes, pain doré, etc) que nous avons pu facilement marcher jusqu’au souper sans avoir besoin de manger autres choses que quelques fruits. Notre préoccupation la plus importante était de toujours demeurer parfaitement hydratés. Nous avons bu une grande quantité d’eau lors de ces deux journées de marche.

Après avoir terminé de visiter St-Jean, nous avons traversé St-Laurent, Ste-Pétronille puis sommes revenus chez mes parents, à St-Pierre. Je garderai longtemps en mémoire l’image de mes trois enfants courant vers nous pour nous embrasser. Comme dans les films mes amis!

Je m’entraîne plusieurs fois par semaine à la course. Je participe à des marathons, demi-marathons, des 10km, 5km etc. Pourtant, cette longe et lente marche à l’île d’Orléans me laisse presqu’autant de souvenirs que toutes mes compétitions réunies. Ma blonde et moi avons eu le temps de voir les paysages, de goûter les produits locaux et de parler aux gens. Aucune course ne permet de faire cela.

Jean de La Fontaine a écrit : « rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Et bien moi je dis que, parfois, rien ne sert de courir, il faut simplement marcher!