Montréal (Sportcom) - Après avoir fait sa marque sur 5000 mètres et 10 000 mètres, Émilie Mondor délaisse la piste pour se concentrer sur le marathon. Bien que l'idée lui trottait dans le tête depuis quelques années déjà, la Mascouchoise a décidé que le moment était venu pour elle de mettre ses efforts sur la distance mythique des sports d'endurance. L'athlète de 25 ans prendra le départ de sa première course sur cette distance le 5 novembre prochain au prestigieux marathon de New York.


Il s'agit d'un spectaculaire revirement de situation pour Mondor qui, il y a quelque mois à peine, est passée bien près de mettre un terme à sa carrière athlétique à cause d'un sérieux problème de densité osseuse. Heureusement pour elle, la prise d'un médicament expérimental a donné des effets bénéfiques très rapidement, ce qui a fait en sorte qu'elle a pu revenir en course.

Mondor s'est entraînée seule et de façon plus ou moins structurée ce printemps et elle a réussi des résultats convaincants, dont un 32min 26s sur 10 kilomètres à Toronto au mois de mai. Son équipe médicale lui a toutefois déconseillé de continuer à faire de la piste. Il n'en fallait pas plus pour qu'elle fasse le grand saut du 10 kilomètres au 42,195 kilomètres.

« Courir des marathons a toujours été dans mes plans, mais on m'a toujours dit que j'étais trop jeune ou bien que je ne devais pas passer sur cette distance trop vite » a-t-elle révélé en entrevue à Sportcom. « Je n'ai jamais été aussi motivée que maintenant et je me prépare pour le plus gros objectif de ma vie. Si je suis en santé, je sais que je peux faire de bonnes performances. »

N'est-il pas paradoxal de passer d'une course qui dure d'un peu plus de 30 minutes pour un 10 kilomètres à une qui se déroule sous les 2 heures 30 minutes après avoir connu ce type de problème de santé ?

« Faire des entraînements en intensité sur la piste, ce n'est plus l'idéal pour moi, » explique celle qui est sur le point d'obtenir son baccalauréat en biologie. « Ça sera plus facile pour mon corps de faire des marathons. Mon médecin trouve hallucinante la façon dont mes os ont repris de leur vigueur. Avant, je ne pouvais pas faire autant de distance. J'étais capable de faire mon entraînement, mais mon corps se brisait avant que je puisse atteindre mes objectifs. Maintenant, je vois ça comme une deuxième chance. Ma période à l'écart de la compétition m'a déconnectée d'une foule de petits détails qui me stressaient. »

Mondor ajoute qu'elle a la force mentale pour cette épreuve d'endurance, une qualité qui peut faire une plus grande différence sur 42,195 kilomètres que sur un 5000 mètres. Même si certains ajouteront qu'à 25 ans elle est trop jeune pour se concentrer sur cette épreuve, l'athlète fonce tête première dans ce nouveau défi et visera environ deux compétitions par année.

« Je suis prête et ça fait longtemps que j'y pense. Mon expérience aux Jeux olympiques d'Athènes (ndlr : où elle avait participé au 5000 m) n'a pas été super. J'étais présente à l'arrivée du marathon dans l'ancien stade olympique et ça m'a donné plus d'émotions que ma propre course. Cette épreuve a toujours été pour moi la plus belle épreuve sportive et la meilleure expression de l'exploit humain », a indiqué celle qui a été la première Canadienne à franchir la barre des 15 minutes au 5000 m.

Objectif Pékin

Les Jeux olympiques seront présentés dans presque deux ans jour pour jour et Mondor vise déjà une participation au marathon de Pékin. Sans avancer d'objectif précis en matière de chrono pour novembre prochain, la coureuse sait que si elle ne court pas sous les 2 heures 30, elle ne sera pas de niveau international. Du même souffle, elle ajoute être confiante de battre le record canadien de 2h 28min 36s qui appartient à Silvia Ruegger et qui date de plus de 21 ans.

Pour y arriver, Mondor sera basée à Ottawa et s'entraînera sous la gouverne de son nouvel entraîneur Ken Parker. « C'est le genre d'entraîneur qui va m'aider à relaxer et à me mettre les freins. Je ne suis pas du genre à avoir besoin de me faire pousser dans le dos pour aller m'entraîner. Un autre avantage d'être à Ottawa, c'est que je serai plus près de ma famille et de mon équipe médicale qui continuera de me suivre pour mes os. »

L'automne dernier, la coureuse avait commencé à s'entraîner à Mammoth Lakes, en Californie, avec un groupe d'athlètes américains de haut niveau dont Deena Kastor, détentrice du record national au marathon, mais l'expérience ne s'est finalement pas avérée concluante.