On a beaucoup fait état cette semaine de l’apparition du breakdance au programme olympique en 2024 à Paris.

 

Plusieurs amateurs sportifs ont semblé surpris de voir cette dance acrobatique inspirée du hip-hop devancer d’autres propositions soumises aux membres du Comité international olympique (CIO) pour l’arrivée de nouvelles disciplines.

 

Loin de moi l’idée de vouloir remettre en question la présence du breakdance, je suis même plutôt d’accord, mais je suis déçu qu’on ait raté l’occasion de corriger une erreur historique en athlétisme.

 

J’ai écrit plusieurs articles au cours des deux dernières années sur le cross-country qui, selon moi, mérite de retrouver le calendrier des compétitions olympiques. L’occasion était bonne de le faire à Paris en 2024, surtout que c’est justement aux jeux de cette même ville, mais en 1924, qu’avait été présentée la toute dernière compétition de cross-country. Cette course était d’ailleurs passée à l’histoire en raison de la chaleur étouffante (plus de 40 degrés) qui avait entraîné l’abandon de 23 des 38 participants. Il faut dire que ceux-ci avaient également été fort affectés par les émanations toxiques rejetées par les cheminées d’usine situées non loin de la capitale française.  Mais ça, c’est une autre histoire! Pour les intéressés, c’est le légendaire coureur finlandais Pavo Nurmi qui l’avait emporté.

 

Déjà, en 1924, le CIO cherchait à épurer son calendrier olympique et le cross-country était passé à la trappe. C’est encore le cas un siècle plus tard.

 

Ce qui n’a pas aidé le cross-country, ce sont les conditions préalables qu’avait fixé le CIO pour accueillir de nouvelles disciplines.  Ainsi, les épreuves devaient pouvoir se disputer dans des lieux déjà existants, sans ajout de compétiteurs et, surtout, sans coût supplémentaire. On sera en mode économie en 2024!

 

Cross-CountryLa Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a rapidement réagi à la décision du CIO de passer à côté du cross-country. Via communiqué, les membres de la direction de l’organisme se sont dit extrêmement déçus puisque le cross-country est un sport excitant qui connait une progression fulgurante partout sur la planète.

 

L’IAAF proposait pourtant un format nouveau de compétitions qui aurait certainement offert un spectacle enlevant. Il s’agissait d’un relais 4 x 2 500 mètres mixtes. Deux femmes et deux hommes devaient chacun courir deux fois 2,5 kilomètres pour un total de 20 kilomètres. On limitait à quinze le nombre de pays qui pouvaient s’aligner au départ. Alors que le CIO vise une parité parfaite hommes-femmes en 2024, la venue d’une épreuve mixte aurait été parfaite. Ce sera peut-être pour plus tard.

 

Et la marche dans tout cela?

 

Ce désir de parité a fait en sorte que le 50 km marche est également passé sous le couperet puisqu’il s’agit d’une compétition uniquement masculine. Le CIO a donné jusqu’au 31 mai 2021 à l’IAAF pour proposer une nouvelle compétition mixte qui remplacerait le 50 km masculin. Aux Jeux olympiques de Tokyo l’année prochaine, 51,2 % des athlètes seront des hommes. À Paris, en 2024, le CIO veut que ce soit 50-50. 

 

Le marcheur canadien Evan Dunfee, médaillé de bronze sur 50k lors des plus récents Championnats du monde, a vertement décrié cette décision sur ses médias sociaux. Selon lui, cette longue épreuve de marche entraîne plus de drames et de revirements que la plupart des autres compétitions en athlétisme. Il ajoute que le potentiel de médailles est intéressant pour les marcheurs de toutes les fédérations de la planète. Les récriminations de Dunfee ne changeront cependant rien à la cause qui a déjà été entendue par le CIO. Le spectacle qu’offre une compétition de breakdance attire un public fort différent de celui de la marche!  

 

Pourquoi pas aux Jeux d’hiver?

 

Il existe pourtant une manière de ramener le cross-country dans le giron olympique. Pourquoi ne pas l’ajouter au calendrier des jeux d’hiver?

 

Le CIO cherche depuis longtemps la recette pour augmenter le nombre de téléspectateurs suivant les Jeux d’hiver. La solution est simple et connue depuis longtemps. Il suffirait d’attirer des représentants d’un plus grand nombre de pays en créant de nouvelles disciplines. Le cross-country pourrait être une de ces disciplines!

 

Ne riez pas, l’idée n’est pas saugrenue! Présenter des compétitions de course à pied aux jeux hivernaux fut sérieusement envisagé pendant de nombreuses années. Dès 2008, les légendaires coureurs Kenenisa Bekele, Paul Tergat et Haile Gebresselassie avaient envoyé une lettre au président du CIO de l’époque, Jacques Rogge, de même qu’au président de l’Association internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack, pour proposer le retour des courses de cross-country au Jeux d’hiver en 2018.

 

Rapidement, l’IAAF avait appuyé cette suggestion qui avait fait l’objet de cinq années de consultations et de discussions par les membres du CIO avant d’être finalement rejetée en 2013. 

 

Le cross-country est une course qui peut être pratiquée facilement sur de la neige damée. Cela pourrait être spectaculaire de voir les meilleurs coureurs africains y participer et enfin avoir de bonnes chances de médailles à des Jeux d’hiver. Et de toute façon, si une course de ce genre avait été à l’horaire des Jeux de Vancouver ou de Sotchi, on aurait pu la présenter sur de l’herbe ou de la terre tellement la neige était absente de ces Jeux d’hiver. 

 

En attendant le retour du cross-country aux Jeux, on devra donc se rabattre sur de nouveaux sports comme le breakdance, le skateboard, l’escalade et le surf.