Par Audrey Lemieux - L’année dernière, le Triathlon international de Montréal faisait partie du circuit de la coupe du monde et seulement une année plus tard, il fait déjà partie du circuit de la série mondiale. Il y a d’ailleurs des négociations pour que dans les prochaines années, le Triathlon international de Montréal soit la dernière étape du circuit de la série mondiale, soit la grande finale où le vainqueur remporte une somme de 50 000$. Je ne serais pas surprise que ce soit le cas, car ayant eu la chance de vivre ce triathlon en tant qu’analyste, je peux vous assurer que c’était réussi sur toute la ligne.

Premièrement en ce qui concerne l’emplacement, je peux affirmer que c’est un choix judicieux que les organisateurs ont fait puisque c’est une vraie carte postale pour la ville de Montréal. Les images léchées du Vieux-Port de Montréal sont tout à fait imprenables, d’autant plus qu’il y a une grande couverture médiatique dans plus de 20 pays. De plus, le parcours est extrêmement bien choisi pour les nombreux spectateurs sur place, puisqu’ils peuvent voir les meilleurs athlètes de la planète en action à quelques mètres d’eux, et ce, à mainte reprises.

Parlant des meilleurs athlètes de la planète, je suis très impressionnée par la qualité des athlètes présents ici à Montréal, car les 9 meilleures du top 10 sont présentes du côté féminin et les 7 meilleurs du top 10 chez les hommes y sont également. Tout cela fait en sorte que l’engouement et le spectacle est à son meilleur, je suis heureuse de voir que Montréal s’inscrit maintenant comme étant un grand rendez-vous pour ces athlètes de haut niveau année après année.

Il y a eu un beau spectacle et un scénario un peu différent de ce à quoi la Bermudienne Flora Duffy nous a habitués jusqu’à maintenant, c’est-à-dire dominer la portion vélo. En tant que cycliste, j’apprécie beaucoup la manière dont Flora s’illustre lors du cyclisme, car elle est agressive et ne se contente pas de rester avec le peloton. Elle s’assure toujours de mettre la pression sur les autres athlètes pour les faire souffrir et pour leur créer de la fatigue qu’elles traineront tout au long de la course à pied.

Aujourd’hui, c’était un scénario différent, car Flora était en quête de sa 5e victoire consécutive et toutes ses rivales attendaient qu’elle place une attaque pendant le vélo, donc elles étaient toutes sur leur garde. Autrement dit, Flora était marquée et toutes les autres attendaient qu’elle dicte le ton. J’ai beaucoup aimé son humilité, puisque pendant son entrevue d’après course, lorsqu’elle parlait de sa deuxième place, elle a mentionné qu’elle ne s’était pas sentie comme à l’habitude sur son vélo et qu’elle aurait espéré courir plus rapidement aujourd’hui. Elle a dit qu’elle était humaine, qu’elle avait eu une très grosse saison à venir jusqu’à maintenant et que c’était normal parfois d’avoir une journée un peu moins performante. En tout cas, de mon côté, je lui souhaite un peu de repos et le titre mondial pour la saison 2017, car elle le mérite amplement.

En ce qui concerne la victorieuse de la journée, l’Australienne Ashleigh Gentle, j’ai vu en elle une prétendante à la victoire pour les prochains Jeux olympiques qui auront lieu à Tokyo en 2020. Vous allez me dire que c’est dans longtemps, mais pour cette athlète de 26 ans, je suis convaincu que chaque matin lorsqu’elle se réveille, elle a dans son point de mire les prochains Jeux olympiques. Elle pourrait être celle qui viendra chauffer la meilleure triathlonienne de tous les temps, la coureuse la plus rapide du circuit, je parle ici de Gwen Jorgensen qui est présentement en congé de maternité.

Ashleigh Gentle a été très émotive lors de son entrevue à la fin de sa journée et j’ai beaucoup aimé quand elle a mentionné l’aspect mental qui est excessivement important. En fait, elle a failli ne pas prendre le départ, car elle était malade depuis son arrivée à Montréal, mais son entraineur Jamie Turner, lui a installé des schèmes mentaux lui faisant croire qu’elle était en mesure de bien performer malgré sa situation. Elle a d’ailleurs mentionné avec conviction que c’était grâce à lui aujourd’hui qu’elle l’avait emporté. C’est ce qui me fascine et me fascinera toujours, la façon dont les athlètes composent avec l’adversité dans des moments comme ceux-ci. Bien entendu ils ne sont pas seuls, ils ont une équipe derrière eux, mais il faut y croire et c’est l’athlète qui est au bout de l’équation et qui doit livrer la marchandise.

Sommes toutes, ce fût une journée qui sera inoubliable pour moi, puisqu’étant une mordue des événements sportifs, je considère que c’est très positif pour la ville de Montréal qui organise des événements d’envergure de ce genre. J’aimerais également donner une mention spéciale aux athlètes présentes aujourd’hui qui ont mis tout ce qu’elles ont travaillé depuis des décennies en œuvre devant les spectateurs. Elles sont de beaux modèles et qui sait, peut-être que cela donnera envie à de jeunes spectateurs de devenir des triathloniens accomplis un jour en vue des Jeux olympiques de 2024. Pour ma part, j’ai envie d’essayer un triathlon pour comprendre encore mieux ce que ces athlètes exceptionnels vivent lors de leurs compétitions à travers le monde!