Au cours de sa carrière de plus de vingt-cinq ans comme entraîneur, André Ferland n'a jamais eu l'opportunité de participer aux Jeux olympiques. Certes, en 1976 à Montréal, il a occupé, durant



Au cours de sa carrière de plus de vingt-cinq ans comme entraîneur, André Ferland n'a jamais eu l'opportunité de participer aux Jeux olympiques. Certes, en 1976 à Montréal, il a occupé, durant une courte période, le poste de directeur technique adjoint aux lancers, en athlétisme, mais jamais il n'a été impliqué directement comme entraîneur.

À Vancouver, dans quelques jours, il y sera pour vrai, en tant qu'entraîneur de l'équipe nationale masculine de France, et force est d'admettre qu'il savoure déjà ce moment. «Je suis vraiment chanceux d'avoir cette opportunité, lance-t-il d'entrée de jeu. Ce sont les trois derniers championnats du monde qui déterminent les pays devant participer aux Jeux olympiques, et l'équipe de France a accumulé 19,5 points ces trois dernières années, ce qui place la formation en 6e position et donc qualifie la France pour les Jeux. Notons que les 10 pays ayant amassé le plus de points participent aux Jeux.

Qu'à cela ne tienne, André Ferland n'entend pas se rendre aux JO de Vancouver, juste pour participer, et il en a averti les dirigeants de l'équipe de France. «Avant d'accepter le poste d'entraîneur, je les ai prévenus que si l'équipe allait à Vancouver juste pour s'amuser, ça ne m'intéressait pas. Mais j'ai constaté que les gars étaient sérieux dans leur entraînement et ils sont vraiment prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes», note-t-il.

Cela dit, l'entraîneur trifluvien est néanmoins conscient qu'à quelques jours des Jeux, il faut que la flamme demeure bien allumée et qu'ainsi ses athlètes soient fins prêts, autant au niveau technique que mental. Il faut dire qu'au fil des derniers mois, à partir notamment du moment où l'équipe a été officiellement qualifiée pour les Jeux, une certaine pression a quitté les épaules d'un peu tout le monde. «Depuis cette période, la FFSG (Fédération Française des Sports de Glace) vient en aide financièrement aux joueurs, avec compte de dépenses pour les inscriptions, voyages, hébergement, repas et un peu d'argent de poche. Ça aide beaucoup.

«Pour ce qui est de la performance à Vancouver, je suis confiant. Le potentiel est là, et si chacun des membres de l'équipe joue à son niveau, on pourrait être dans les médailles. Ce sera difficile et c'est ce qui rend le défie intéressant. Il faudra toutefois que l'équipe soit prête, et ça, c'est mon travail», mentionne André Ferland, en conclusion.

Notons qu'à Vancouver, André Ferland aura de la concurrence et ce de la part d'un autre entraîneur québécois, Dan Rafael, de Montréal. Ce dernier dirigera en effet l'équipe nationale de Chine.

Une brosse plus performante

André Ferland est peut-être entraîneur de profession, mais il est également en affaires, dans le domaine des équipements de curling bien sûr. Et à ce niveau il a signé une entente avec la France, concernant un nouveau concept touchant la Brosse Performance, laquelle a fait la réputation de sa compagnie au fil des ans. À preuve, plus de 25 000 brosses du genre sont vendues annuellement et ce depuis trois ans, partout dans le monde.

«Nous travaillons présentement sur un projet visant à améliorer notre brosse articulée, mise au point et brevetée, et qui fait référence partout à travers le monde présentement. En fait, nous sommes à développer quelque chose de supérieur à ce que nous avons actuellement. Une brosse légèrement modifiée mais plus performante, et qui sera dévoilée après les Jeux olympiques», note en conclusion André Ferland, en se gardant bien d'en dire trop, concernant son nouveau joujou.

Coup de foudre accidentel...pour le curling

André Ferland, donc, est devenu, au fil des ans, une véritable sommité mondiale, lorsqu'il est question de curling. Mais saviez-vous qu'il avait fait connaissance avec cette discipline, de façon tout à fait accidentelle..?

Ça se passait en janvier 1974. Ce matin-là, au Cégep de Trois-Rivières, un «prof d'éducation physique», comme on disait à l'époque, manquait à l'appel, pour le cours touchant la discipline du curling. André Ferland, le p'tit nouveau de l'époque, est alors appelé en renfort, et c'est un peu là que tout a commencé.

«Je ne connaissais absolument rien au curling, raconte André Ferland. Mais comme j'assimilais rapidement les matières qu'on m'enseignait, je prenais un cours d'avance et je transmettais par la suite les données de ce même cours, à mes étudiants.

«En fait, ma discipline première fut le basket-ball, où j'ai entraîné et arbitré durant quelques années, au Cégep de Drummondville. J'aimais aussi beaucoup l'athlétisme, où j'y ai travaillé également. Mais quand je suis arrivé à Trois-Rivières, et qu'on m'a confronté, disons accidentellement, avec le curling, force m'est d'admettre que je suis tombé immédiatement en amour avec cette discipline. Ce fut un véritable coup de foudre», mentionne encore Ferland.

Discipline sportive pratiquement inconnue, à ce moment-là, il va sans dire que l'occasion était belle pour la faire découvrir et apprécier. Et comme avec André Ferland, rien ne fonctionne au ralenti, il n'a pas mis de temps à bâtir une structure, d'abord avec la mise en place de la ligue de curling des étudiants du cégep de Trois-Rivières, laquelle fut en quelque sorte à l'origine du programme junior du club Laviolette. De là s'est développé le vrai «coaching».

«Bien sûr, au début, on parlait surtout de développement. En fait, on s'amusait d'abord et avant tout. J'attendais juste le moment de pouvoir regrouper quatre jeunes, désireux de s'impliquer sérieusement en compétition», se souvient Ferland.

Ce dernier n'a pas eu à patienter tellement longtemps, puisque trois ans plus tard, en saison 1977-78, Denis Marchand inscrivait la première performance notable d'une équipe junior du club Laviolette, en s'inclinant en finale du championnat provincial. Il jouait alors en compagnie de Denis Cécil, Claude Lupien et Yves Barrette. Dès l'année suivante, ce même Marchand coiffait la couronne de champion provincial, avant de terminer au cinquième rang, lors du championnat canadien junior, disputé à Victoria en Colombie-Britannique. Un seul changement sur l'équipe, alors que Marc Denis prend la relève de Claude Lupien.

Puis arrive l'année faste (1979-80) pour l'entraîneur André Ferland et le capitaine Denis Marchand. Après avoir inscrit un deuxième titre provincial consécutif, le capitaine trifluvien procure au Québec un premier championnat canadien junior en trente-trois (33) ans d'histoire de cette épreuve nationale. Denis Cécil, Yves Barrette et Larry Phillips complètent l'équipe. Quelques mois plus tard, le Québec allait cueillir la médaille d'argent au championnat du monde présenté à Megève, en France, en s'inclinant en finale contre l'Écosse.

«Les astres devaient certainement être bien alignés, puisque ce championnat mondial se déroulait en France, et pour la première fois, c'est une équipe francophone qui représentait le Canada. Ce fut une très belle première aventure au plan international», se rappelle alors André Ferland.

Monsieur curling...l'innovateur

Après ce coup de foudre de 1974, le curling a pris de plus en plus de place dans la vie d'André Ferland. «En fait, il a pris toute la place, avoue-t-il. Toute la famille jouait. J'aimais le curling et j'aimais entraîner. Et en plus, j'avais des jeunes qui étaient prêts à investir beaucoup de temps».

L'implication d'André Ferland a été à ce point importante, au fil des ans, qu'on l'identifie bien souvent comme...Monsieur curling. «Pourquoi..? Je n'en sais trop rien. Sans doute parce que j'ai accompli beaucoup de choses. Mais si je me suis impliqué à ce point, c'est parce que j'aimais et que j'aime toujours le curling, tout simplement».

André Ferland a accompli beaucoup de choses, effectivement. Il a notamment adopté et perfectionné la technique du «flat foot» et écrit, en 1993, un manuel d'exercice en français, en collaboration avec les entraîneurs nationaux. Mais ce qu'il faut retenir surtout, c'est qu'il a été le premier, au niveau junior, à développer le lancer sans lever la pierre (no back swing).

«Tout ça remonte à 1983. J'avais alors tenté l'expérience avec mes jeunes, et le succès a été à ce point rapide, qu'en l'espace de deux ou trois ans, tous les juniors au Québec jouaient de cette façon, se souvient Ferland. Puis graduellement, cette nouvelle façon de faire a fait son chemin.

«C'est ainsi qu'en 1989, lorsque mes fils, Martin et Michel, se sont présentés au championnat canadien avec la plus jeune équipe inscrite à cette épreuve nationale, et qu'en plus ils sont passés directement à la finale, après une première place méritée à l'issue du tournoi à la ronde, les gens de l'Ouest ont été impressionnés par cette nouvelle technique. L'année suivante, plusieurs équipes avaient adopté cette technique, qui s'est répandue par la suite au niveau international, et qui aujourd'hui est enseignée partout dans le monde», conclut le réputé entraîneur.

Avec la colloboration de Curling Québec