PARIS (AFP) - Des exigences d'intransigeance ont suivi l'annonce du contrôle positif de Justin Gatlin à la testostérone, deux jours après celui du cycliste Floyd Landis, une partie du monde de l'athlétisme réclamant le bannissement de l'"homme le plus rapide du monde".

La Fédération internationale (IAAF) n'a pas fait mystère de la menace qui plane au-dessus du champion olympique d'Athènes, codétenteur du record du monde du 100 m avec le Jamaïcain Asafa Powell (9.77): "Si l'USADA (agence antidopage américaine) confirme la violation, la sanction prévue par les règlements de l'IAAF est la suspension à vie".

"On l'avait cependant prévenu que s'il était à nouveau contrôlé positif (...), ce serait la suspension à vie", renchérit le porte-parole de l'IAAF Nick Davies.

Junior, Gatlin avait été contrôlé positif en 2001 à l'Aderall, un médicament pris depuis l'enfance pour soigner un syndrome d'hyperactivité.

Si Asafa Powell n'a pas réagi, son agent Paul Doyle n'a guère fait montre de mansuétude: "Si Gatlin a triché, je suis content" qu'il soit pris. Aux yeux du sprinteur français Ronald Pognon, un bannissement à vie serait "justifié". "Deux contrôles, ça fait récidive", poursuit-il.

"Monstrueux"

"On ne peut que se féliciter que des grosses têtes tombent", a dit l'entraîneur français Renaud Longuèvre qui a assisté à la performance de Gatlin le jour de son contrôle le 22 avril lors des Kansas relays: "Il était monstrueux".

Son compatriote et confrère Guy Ontanon renchérit: "C'est bien que Gatlin soit tombé chez lui, car ça veut dire que la Fédération américaine commence à montrer des signes de lutte contre le dopage".

Les responsables de l'antidopage et du sport américain, déjà secoué par l'affaire Balco, la suspension de Tim Montgomery et les soupçons pesant sur Marion Jones, ont d'ailleurs tenu un langage de fermeté.

"Aussi difficile que soit ce cas, il prouve que cela importe peu qui vous êtes. Si vous êtes testé positif, vous devez en assumer les conséquences", menace Craig Masback, président de la Fédération américaine (USATF).

Pour Peter Ueberroth, le président du Comité olympique américain (USOC), le dopage "est un cancer". Aux yeux de Terry Madden de l'USADA, c'est une "attaque fondamentale contre nos valeurs".

"Nous ne tolèrerons pas de dopage", met en garde le directeur général de l'USOC, Jim Scherr, selon qui le combat doit aussi viser les "entraîneurs, les formateurs, les agents et les officiels".

Graham visé?

Ontanon pointe du doigt l'entraîneur de Gatlin, déjà impliqué dans le scandale Balco: "C'est peut-être Trevor Graham qui est visé derrière ça. J'espère que c'est le cas, car ce garçon n'a rien à faire sur un stade".

Graham a tenté de défendre son athlète en invoquant une mystérieuse thèse du complot, incriminant un ancien employé de sa structure qu'il n'a pas cité pour empêcher que "cette personne puisse s'organiser". Il a demandé aux accusateurs de ""se rasseoir" et d'attendre la suite".

Gatlin a reçu un autre soutien, embarrassant, celui du plus célèbre des dopés, le Canadien Ben Johnson, champion olympique déchu puis banni: le dopage, les "spectateurs s'en moquent. Les parraineurs s'en moquent probablement... Tout ce qu'ils veulent c'est voir l'homme le plus rapide du monde".

Ce à quoi Paul Doyle a rétorqué: "C'est la manière dont les gens qui sont dans la toxicomanie se justifient. Ils disent: +Oh, les gens s'en fichent+" ou ""Tout le monde se drogue et je ne fais que me mettre au niveau des autres"".

Une autre personne a trouvé matière à satisfaction dans l'annonce de Gatlin, Emanuel Hudson, avocat de Maurice Greene, champion olympique de Sydney: "Cela montre que Maurice est le vrai champion".