VAL-MORINÂ -- Si jamais Geneviève Simard obtient son billet pour Whistler en vue des prochains Jeux olympiques d'hiver, elle l'aura saprement mérité. Et ce, peu importe les raisons pour lesquelles



VAL-MORIN -- Si jamais Geneviève Simard obtient son billet pour Whistler en vue des prochains Jeux olympiques d'hiver, elle l'aura saprement mérité. Et ce, peu importe les raisons pour lesquelles on l'aura choisie au sein de l'équipe canadienne de ski alpin.

Car depuis qu'elle a subi une importante opération au genou gauche au printemps 2007, elle n'a pas cessé d'encaisser les coups durs. Tout d'abord, elle a dû faire une croix sur la saison 2007-08 au grand complet. Puis, l'hiver dernier, elle espérait bien retrouver sa touche sur ses skis mais elle a rarement fini parmi les 30 premières _ et elle n'a jamais pu faire mieux qu'une 14e place quand ça été le cas.

Elle n'était alors que l'ombre de la skieuse qui a obtenu 20 résultats parmi les 10 premières en carrière, dont cinq podiums, tous récoltés avant son opération.

Simard espérait ensuite que le déblocage vienne cet automne, mais une série de malchances - une injection au genou qui tourne mal et une grippe juste avant le début de la saison, entre autres - ont fait en sorte qu'elle a dû passer par le niveau Nor-Am pour retrouver la forme et ainsi espérer pouvoir mieux rebondir en Coupe du monde.

À environ un mois de la date limite pour annoncer la composition de l'équipe olympique de ski alpin, fin janvier, il était encore loin d'être sûr que Simard puisse participer à ses troisièmes Jeux en carrière, après ceux de Salt Lake City en 2002 (7e au combiné et 18e en super-G) et de Turin en 2006 (5e en slalom géant et 20e en super-G).

Mais l'athlète de 29 ans n'a pas de regrets. Malgré les jours sombres, elle réalise qu'elle est chanceuse de pouvoir encore skier.

"L'ostéotomie de 2007, c'était une opération que l'on n'avait jamais pratiquée chez un skieur actif, a expliqué Simard lors d'un récent entretien avec La Presse Canadienne à sa résidence de Val-Morin. On ne savait pas combien de temps ça prendrait pour guérir, ou si ça allait même fonctionner. Le but était d'avoir une meilleure qualité de vie à long terme. Mon os se dégénérait tellement - j'avais déjà de l'arthrite - qu'il fallait trouver une façon d'arrêter ça.

"Allison Forsythe a eu la même chirurgie que moi quelques mois plus tard et ça n'a pas fonctionné. Elle a du prendre sa retraite, a souligné Simard. J'ai donc été chanceuse que ça fonctionne. Mais ça été long. J'ai manqué un an et demi de course. A la fin, j'en avais assez de seulement m'entraîner."

Selon Simard, son genou allait bien la saison dernière, mais c'est son approche mentale qui a tout bousillé.

"J'étais trop tendue, je voulais trop bien faire, a reconnu Simard. J'ai beaucoup appris à me connaître, mais la saison dernière a été, et de loin, ma plus difficile mentalement et au niveau des émotions. Quand je suis revenue (au Québec), j'étais brûlée."

Une bonne équipe de soutien

Heureusement pour elle, Simard a une "équipe de soutien moral" bien étoffée. Celle-ci compte notamment sa mère Jacinthe Jodoin, Karine Labonté, une Montréalaise et amie commune aux deux femmes, ainsi que Krystyn Peterson, une ancienne skieuse de haut niveau.

"Ma mère, c'est vraiment mon support depuis que je suis toute petite. C'est toujours la première personne que j'appelle. Avec elle, j'ai droit à un support inconditionnel en tout temps, a indiqué Simard.

"Karine a un conjoint, trois enfants et deux chiens, alors sa vie est pas mal différente de la mienne. Elle aurait aimé faire du ski de compétition et ce que je fais la passionne, a ajouté Simard. En même temps, j'admire sa vie à elle. Parfois, je trouve que la vie d'une athlète n'est pas facile, mais j'ai juste moi à qui penser. Dans son cas, la dernière chose auquel elle peut penser, c'est à elle."

Simard compte par ailleurs en Peterson une amie qui peut comprendre les difficultés que vivent les skieuses d'élite.

"Je peux lui expliquer quelque chose de technique et elle comprend tout de suite. Ou encore, on peut skier ensemble et elle le voit, parce que c'est quelque chose qu'elle a déjà fait", a expliqué Simard.

Simard a aussi trouvé réconfort auprès de Pearl, un épagneul springer anglais qu'elle a adopté cet été.

"Quand j'ai eu cette malchance avec une injection au genou (durant le camp d'entraînement), j'étais un peu débinée quand je suis revenue à la maison. Mais j'avais mon petit chien avec qui j'allais me promener à tous les jours, a raconté Simard avec le sourire. Grâce à ces grandes marches, j'ai pu vraiment plonger dans mes idées. Ça m'a aidée à être plus calme et sereine pour entamer la saison."

Les sensations de 2006

Simard a beau avoir vécu les Jeux à deux reprises, elle sait que ceux de 2010 auront une saveur différente si elle s'y retrouve.

"En 2002, j'avais 21 ans, j'avais les yeux grand ouverts et j'ai beaucoup appris. En 2006, j'étais plus en position de remporter une médaille. J'avais connu une bonne saison cet hiver-là (en Coupe du monde). Aux Jeux, (le slalom géant) a été une des courses où je m'étais le mieux préparée à tous les points de vue _ physiquement, mentalement et techniquement. Je ne pensais qu'à mon ski et j'ai fait tout ce que je devais faire.

"C'est vraiment ça que je recherche en vue du mois de février prochain."

Simard sait aussi que la tenue des Jeux au Canada permettra aux athlètes d'ici de vivre une quinzaine unique.

"À la Coupe du monde de Lake Louise, les gens nous encouragent toujours quand ils nous voient et, au portillon de départ, on entend les encouragements jusqu'à ce qu'il vente trop et qu'on n'entende plus. Aux Jeux, j'imagine la même chose, mais en cent fois plus fort."