Alors que le rideau est tombé sur la carrière de Maryse Turcotte, les haltérophiles québécoises Christine Girard et Marilou Dozois-Prévost devraient prendre la relève en prévision des Jeux olympiques de Pékin.

Aux Championnats canadiens de La Prairie, dernière compétition des sélections olympiques nationales, Turcotte a en effet effectué un ultime tour de piste après une belle carrière de 17 ans dimanche, tandis que Girard et Dozois-Prévost ont obtenu deux des trois places disponibles pour le grand rendez-vous.

Jeane Lassen, du Yukon, devrait compléter le trio de représentantes du pays, à qui il ne reste que certains détails administratifs à régler avant de décrocher leur important laissez-passer.

À La Prairie, Girard est restée en tête du classement du processus de sélection olympique canadien tout en étant couronnée chez les 63 kg. Elle a levé 100 kilos à l'arraché et 131 kilos à l'épaulé-jeté, améliorant le record canadien de 128 kilos qui lui appartenait. Son total de 231 kilos est aussi une nouvelle marque.

« Il y avait près d'une soixantaine de personnes de ma famille. Disons que ça m'a aidée un petit peu à l'épaulé-jeté », a indiqué l'athlète de Rouyn-Noranda, qui a ainsi devancé au classement national Lassen, championne des 75 kg, et Dozois-Prévost, la nouvelle femme à vaincre chez les 48 kg.

« Je suis très satisfaite. Mon objectif principal était d'augmenter mes barres puis de réussir une belle performance, ce que j'ai réussi. Je visais également un record canadien à l'épaulé-jeté », a avoué Girard, qui a aussi tenté de battre sa marque nationale à l'arraché qui est de 102 kilos.

La membre du club Héraclès est très encouragée par ses prestations et reluque le record olympique de 135 kilos à l'épaulé-jeté dans sa catégorie. « J'aimerais beaucoup être près de cette barre-là aux Jeux. »

« Je compte les dodos », a-t-elle poursuivi au sujet de son éventuel voyage à Pékin. « Ça fait longtemps que j'y rêve. Ça fait déjà 13 ans que je m'entraîne. C'est l'aboutissement de plusieurs années d'efforts. »

Outre Turcotte, aucune autre haltérophile canadienne n'a participé aux Olympiques jusqu'à maintenant. Est-elle un peu sa dauphine ? « Je ne sais pas si je prends le relais. Maryse a vraiment ouvert la porte pour les athlètes canadiennes et québécoises. Elle est allée deux fois toute seule aux Jeux. Cette fois, nous serons trois et c'est grâce à elle. Ce n'est donc pas juste moi qui prend le relais. »

Quant à Dozois-Prévost, elle avait toujours un peu de mal à réaliser qu'elle allait être en Chine en août. « Je commence à le réaliser. Je flotte encore un peu sur un nuage. J'ai tellement hâte de m'entraîner et de me fixer des objectifs », a souligné celle qui avait mis un terme à sa carrière il y a un peu plus d'un an en raison d'une grossesse, qui ne s'est toutefois pas rendue à terme.

À son retour, elle est passée des 53 kg aux 48 kg. « Mes objectifs ont rapidement été revus à la hausse. Après peu de temps, j'avais repris beaucoup de force. Je me suis alors dit que si je descendais d'une catégorie de poids, j'avais peut-être des chances d'aller aux Jeux si (le Canada) avait trois places. »

Qu'est-ce qui a motivé ce dépassement ? « Après avoir participé aux Jeux du Commonwealth, j'ai eu la piqûre de ce monde parallèle-là, où nous sommes des athlètes et où il y a beaucoup gens qui nous aident à nous dépasser. C'est un univers presque fantastique de se promener dans un village d'athlètes. »

Après avoir pris part à une véritable course à la qualification olympique ces derniers mois, la Montréalaise est contente de pouvoir souffler un peu. « Je vais vraiment avoir le temps de planifier ma préparation et j'ai hâte de voir ce que tout ça va donner. »

Dozois-Prévost a par ailleurs également louangé Turcotte. « Ç'a toujours été un très grand honneur d'être en compétition aux côtés de Maryse. Si elle avait le temps de s'entraîner comme moi, je ne serais pas championne canadienne (des 48 kg). »

Une fin sobre pour la future médecin

Une ovation debout de la part de quelques centaines de personnes après un essai de 91 kilos réussi à l'épaulé-jeté : voilà comment la carrière de la meilleure haltérophile canadienne de l'histoire a pris fin dimanche après-midi, dans le gymnase de l'école secondaire La Magdeleine.

« Je suis contente de terminer ma carrière ici. J'ai participé à tellement de compétitions à La Magdeleine quand je me préparais pour les Jeux. De le faire d'une façon simple, dans un gymnase, avec mon monde, c'est comme ça que je voulais que ça finisse », a mentionné Turcotte.

La Sherbrookoise d'origine, très touchée et un peu gênée de l'affection des gens sur place, concentrera maintenant ses énergies à sa première année d'externat au doctorat en médecine de l'Université Laval.

Puis, cet été, elle unira sa destiné à celle de Serge Tremblay, un haltérophile qui a également goûté aux Jeux olympiques, en 1996, à Atlanta.