L'entraîneur d'athlétisme Trevor Graham, qui s'est notamment occupé de Marion Jones, Tim Montgomery et Justin Gatlin, a été reconnu coupable jeudi d'avoir menti à des agents fédéraux, qui enquêtaient sur des affaires de dopage.

Après des délibérations qui se sont étendues sur trois jours, le jury a unanimement reconnu Graham coupable de parjure pour l'une des trois accusations qui pesaient sur lui.

Par contre, le technicien natif de la Jamaïque, installé en Caroline du Nord depuis 1993, bénéficie d'un vice de procédure pour les deux autres chefs d'inculpation et pourrait être rejugé "probablement vers la fin de l'année" selon William Keane, l'un des avocats de Graham.

"Le jury a clairement eu des problèmes avec le dossier du gouvernement sur deux volets de l'accusation, et notamment que Graham aurait initié et facilité la prise par certains de ses athlètes de produits dopants fournis par Heredia", a déclaré Keane.

"Comme nous l'avons dit tout au long du procès, nous ne croyions pas que le gouvernement pouvait prouver les faits", a ajouté Keane, se faisant le porte-parole de Graham, resté silencieux pendant tout le procès, ouvert le 19 mai.

La sentence sera connue le 5 septembre. L'ancien athlète, remplaçant du relais 4x400 m jamaïcain médaillé d'argent aux Jeux olympiques de 1988, encourt cinq ans de prison et une amende de 250 000 dollars pour cette première condamnation.

Pour l'ensemble de ces trois accusations, pour lesquelles il plaidait non coupable, il risquait quinze ans de prison et 750 000 dollars d'amende.

Le procès reposait sur le témoignage de Graham aux enquêteurs concernant ses relations avec le Mexicain Angel Heredia, un distributeur avéré de produits dopants.

L'accusation pour laquelle il a été condamné par le jury de San Francisco concerne ses propos aux enquêteurs, dans lesquels il disait n'avoir pas eu de contacts avec Heredia depuis un coup de téléphone en 1997.

L'accusation a produit des photos et des reçus de bons de livraison prouvant le contraire.

Les deux autres accusations concernent un témoignage du 8 juin 2004 dans lequel il aurait affirmé n'avoir jamais mis en relation certains athlètes dont il avait la charge avec Heredia et ses déclarations indiquant n'avoir jamais rencontré physiquement cette personne.

Les avocats de Graham ont trouvé des vices de procédure sur ces deux volets de l'accusation, empêchant le jury de rendre son verdict.

Graham, 44 ans, avait contribué à lancer le scandale lié au laboratoire Balco en fournissant aux autorités antidopage américaines une seringue contenant un produit dopant jusqu'alors indétectable.

Lors du procès, l'Américain Antonio Pettigrew, champion olympique du relais 4x400 m en 2000 à Sydney, a reconnu s'être dopé et avoir également menti aux agents fédéraux en février 2005 lors du scandale Balco.

En janvier, Marion Jones avait été condamnée à six mois de prison ferme et à deux ans de mise à l'épreuve pour avoir menti, elle aussi, aux enquêteurs fédéraux.

La sprinteuse déchue, dont la peine prend fin en septembre, avait nié s'être dopée avant de passer aux aveux publiquement en octobre.

De son côté, Justin Gatlin, suspendu quatre ans pour dopage, a joué de mercredi à jeudi sa carrière, et notamment la défense de son titre du 100 m aux jeux Olympiques, devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), où il a fait appel de la suspension.

Outre Gatlin et Jones, Graham a notamment travaillé avec Tim Montgomery, Antonio Pettigrew, Dennis Mitchell, CJ Hunter, Jerome Young, Alvin et Calvin Harrison, Michelle Collins et Patrick Jarrett, tous liés au dopage à un moment de leur carrière.