CHICAGO - La fédération américaine de gymnastique a annoncé lundi la démission de trois dirigeants éclaboussés par le scandale d'abus sexuels commis par l'ex-médecin national Larry Nassar sur de nombreuses athlètes, dont plusieurs vedettes de la discipline.

Gymnastes anonymes ou championnes olympiques, plus d'une centaine de jeunes femmes ont dénoncé les agressions du Dr Nassar et accusé la Fédération, USA Gymnastics, d'avoir fermé les yeux pendant près de deux décennies.

Larry Nassar avait intégré la fédération en 1986, avant d'être nommé coordinateur médical national dix ans plus tard, jusqu'en 2015.

Cet ostéopathe de 54 ans, longtemps considéré comme l'un des meilleurs médecins sportifs, comparaît actuellement devant un tribunal de Lansing au Michigan pour avoir agressé plus de cent femmes, dans leur immense majorité des anciennes gymnastes mineures à l'époque des faits. Il encourt la prison à perpétuité.

En décembre, il a été condamné à 60 ans de prison pour possession d'images pédopornographiques.

Le scandale, révélé fin 2016 par la presse, avait entraîné la démission en mars 2017 du président de USA Gymnastics, Steve Penny. Il était accusé d'avoir alerté les autorités trop tardivement au sujet de ces accusations.

La fédération a affirmé avoir, depuis, adopté une nouvelle « politique sportive sûre » qui requiert de « rapporter obligatoirement » tout soupçon d'abus sexuel.

Lundi, elle a annoncé le départ du président de son conseil d'administration, Paul Parilla, de son adjoint Jay Binder et de la trésorière Bitsy Kelley.

« Nous estimons que cette initiative nous permettra d'avancer de façon plus efficace dans la mise en place de changements au sein de notre organisation », a expliqué dans un communiqué la présidente, Kerry Perry.

Enquête indépendante

L'une des figures les plus connues de la gymnastique, la triple médaillée d'or olympique Aly Raisman, avait réclamé vendredi une enquête indépendante pour comprendre comment l'ancien médecin a pu agresser des sportives en toute impunité, en prétextant administrer des massages pour soigner des blessures au dos ou aux hanches.

« Nous avons besoin d'une enquête indépendante sur ce qui s'est passé exactement, ce qui a mal tourné, et comment cela peut être évité à l'avenir. C'est seulement à ce moment-là que nous pourrons savoir quels changements sont nécessaires. C'est seulement à ce moment-là que nous pourrons croire que de tels changements sont réels », avait jugé la gymnaste aux 6 médailles olympiques.

McKayla Maroney, Gabby Douglas et Jordyn Wieber, autres médaillées d'or olympique, figurent sur la longue liste des victimes du Dr Nassar, comme Simone Biles, vedette des Jeux de Rio en 2016, et Jamie Dantzscher, médaillée aux Jeux de Sydney en 2000.

La plupart d'entre elles se sont exprimées après la cascade mondiale de révélations d'abus sexuels déclenchée par l'affaire Weinstein.

Face au flot des témoignages, USA Gymnastics a mis fin à son partenariat avec le célèbre centre d'entraînement national, connu sous le nom de ranch Karolyi, où Simone Biles affirme avoir été agressée. Mais la fédération n'est pas seule sous le feu des critiques. L'Université d'État du Michigan (MSU), où travaillait également Larry Nassar jusqu'en 2016, est accusée d'avoir couvert les agissements du médecin en classant plusieurs plaintes.

« Des gens on parlé, pourquoi personne ne les a écoutés et n'a fait quelque chose? », s'est interrogée lundi devant le tribunal Paula Daniels, dont la fille Samantha fait partie des victimes du Dr Nassar.