CALGARY - Kaillie Humphries sera l'athlète test, la souris de laboratoire, afin de voir si les femmes peuvent participer aux mêmes compétitions que les hommes en bobsleigh.

La double médaillée d'or olympique en bobsleigh féminin a reçu le feu vert afin de piloter un équipage de bob à quatre complété par trois hommes.

La fédération internationale de bobsleigh (FIBT) a essentiellement déclaré jeudi que le bob à quatre était « de sexe neutre », ce qui permettra à des équipes mixtes ou composées uniquement de femmes de concourir contre des équipages masculins.

Humphries avait demandé à la FIBT lors d'un congrès en mai dernier la permission de piloter un équipage masculin. Avec six semaines à faire avant le début de la saison 2014-15, le comité exécutif de la fédération a dit oui.

Si cette décision complique les préparations des fédérations nationales, Humphries était sur un nuage, jeudi.

« Nous sommes à une époque où je crois que le monde est prêt pour ça, a-t-elle dit lors d'un entretien avec La Presse Canadienne. J'ai besoin de nouveaux défis et ça, c'est un énorme défi. Nous amorçons un nouveau cycle olympique de quatre ans et je vais pouvoir tenter de pousser mes limites. La cible dans mon dos sera beaucoup plus grande. »

« Je ne veux jamais devenir complaisante. Et je sais qu'avec ce défi, ça n'arrivera pas. C'est quelque chose qui va me défier mentalement et physiquement afin d'atteindre un autre niveau. »

Le bobsleigh féminin a fait ses débuts au programme olympique en 2002 avec la présentation du bob à deux. Les hommes participent à des épreuves en bob à deux et en bob à quatre.

Humphries et sa partenaire Heather Moyse, de Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard, ont défendu avec succès leur titre olympique à Sotchi, en février dernier, après avoir remporté les grands honneurs aux Jeux de Vancouver quatre ans plus tôt. Les deux femmes ont été les porte-drapeaux du Canada lors des cérémonies de clôture à Sotchi.

Humphries tentera de réussir le triplé à Pyeongchang, en Corée du Sud, en 2018.

Âgée de 29 ans et originaire de Calgary, elle a gagné 11 des 15 courses de la Coupe du monde auxquelles elle a participé, ainsi que deux titres mondiaux.

Elle prévoit piloter un équipage complété par des hommes lors des sélections canadiennes à Calgary en octobre. Humphries ne sait toutefois pas encore qui composera cet équipage.

Le pilote américain Steven Holcomb a déjà comparé le pilotage du bob à deux à celui d'une voiture de course et le bob à quatre à celui d'un autobus scolaire.

« J'ai déjà conduit un bob à quatre. J'ai fait quelques descentes la saison dernière à Whistler et la même chose à Calgary il y a quelques années, a dit Humphries. Je comprends et je connais les nuances sur les deux pistes.»

« Je n'ai pas eu le temps de me perfectionner ou d'apprendre les différences sur toutes les pistes à travers le monde. Il y aura des parties faciles et d'autres extrêmement difficiles.»

« Le bolide est plus long. Le poids est beaucoup plus élevé. Il y a trois gars qui poussent au début, le départ est donc plus rapide, la vélocité est plus grande, la force gravitationnelle, l'impact sur le corps est plus grand.»

La taille et la force des hommes leur procurent un avantage lors de la poussée de départ, mais un bon pilote peut compenser lors de la descente.

« En tant que pilote, ma conduite ne change pas et la piste ne change pas, a expliqué Humphries. Mes adversaires vont changer et la pression et le stress vont être un peu différents. »

Humphries espère aussi que la déclaration de la FIBT ouvrira la porte à des compétitions de bob à quatre réservées aux femmes.