Je vous parle de deux cas d'injustice aujourd'hui. Tous deux liés au monde de l'athlétisme.

La première est, selon moi, énorme et implique une des plus grandes coureuses canadiennes. Lanni Marchant livre une bataille avec Athlétisme Canada qui veut l'empêcher de participer au marathon des Jeux olympiques à Rio.

Pourtant, elle a réussi le standard olympique et prouvé récemment qu'elle était en grande forme à quelques semaines du début des Jeux. Mais Athlétisme Canada a d'autres plans pour elle.

Marchant s'est également qualifiée pour le 10 000 mètres et les dirigeants de la Fédération canadienne d'athlétisme jugent qu'elle a de meilleures chances d'obtenir un top-12 sur cette distance plutôt qu'au marathon.

Un top-12 me direz-vous? Ha bon! En quoi cela est-il si important?

Eh bien le programme « À nous le Podium », financé par le gouvernement canadien, se base, entre autres, sur la récolte de médailles olympiques pour déterminer les sommes qui seront distribuées aux différentes fédérations sportives. Marchant a d'excellentes chances de participer à la finale du 10 000 mètres alors qu'un top-20 au marathon est difficilement envisageable. Une trentième place au marathon ne serait pas une bonne chose pour la récolte moyenne de médailles canadiennes en athlétisme.

C'est vrai que Marchant n'a aucune chance de gagner le marathon de Rio. Les coureuses du continent africain sont beaucoup trop rapides. Mais de quel droit peut-on priver la meilleure marathonienne canadienne de réaliser son rêve à Rio en l'interdisant de prendre le départ de la course mythique de 42,2 kilomètres? Elle s'y prépare depuis 10 ans. Elle serait la première Canadienne à participer à un marathon olympique depuis 1984! Et je répète qu'elle a respecté tous les critères et a le standard olympique.

Lanni Marchant souhaite participer aux deux épreuves, le 10 000 mètres et le marathon. Elle y a pleinement le droit et ne vole la place de personne.

L'athlétisme procurera plusieurs médailles au Canada à Rio. Relisez mes anciennes chroniques où j'expliquais ceux qui seront à surveiller. Marchant ne fait pas partie de cette liste, mais cela ne veut pas dire qu'elle n'est pas une athlète exceptionnelle qu'on se doit d'admirer et de soutenir. Si Athlétisme Canada ne veut envoyer à Rio que les athlètes assurés d'un top-12 ou mieux, c'est qu'il oublie son devoir d'inspirer les plus jeunes générations.

Depuis quand doit-on participer à un événement sportif seulement si on est assuré de bien faire et de gagner? Si ça devait être le cas, je peux vous nommer un paquet d'équipes professionnelles sportives qui ne devraient même pas faire le voyage pour jouer leur match (je ne parle pas que du Canadien de Montréal)! Être aux Jeux olympiques est déjà un exploit considérable, car il est difficile d'obtenir une qualification, surtout en athlétisme, une discipline mondialement pratiquée.

En plus d'être la meilleure coureuse de fond du pays, Lanni Marchant est avocate. J'ai eu la chance il y a deux ans de la croiser à la ligne d'arrivée du demi-marathon de Vancouver. Lors d'un souper, plus tard en soirée, je m'étais retrouvé son voisin de table et avait pu découvrir une femme déterminée et assurée de pouvoir se qualifier pour le 10 000 mètres et le marathon pour les Jeux de Rio. C'était déjà son objectif.

Son métier d'avocate lui sera certainement utile dans cette bataille qu'elle devra entreprendre avec sa propre fédération si elle veut porter les couleurs de l'unifolié rouge au départ du marathon féminin à Rio. Un dossier qui, malheureusement, lui coûtera beaucoup de la précieuse réserve d'énergie quelle s'employait à se bâtir pour performer à Rio.

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Ainsi donc, le Comité international olympique (CIO) a apporté son soutien à la décision de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) de suspendre les athlètes russes des Jeux olympiques de Rio. C'est bien. C'est même très bien! Voilà une décision juste que je ne croyais pas possible il y a quelques mois au moment où ce scandale de dopage était mis à jour par des médias allemands. Imaginez, c'était presque impensable de concevoir les Jeux olympiques sans cette puissance mondiale qu'est la Russie.Liliya Shobukhova

Quelques athlètes russes pourront tout de même être repêchés par l'IAAF après avoir prouvé qu'ils sont « propres » et que leur passeport biologique ne recèle aucune anomalie. Un processus compliqué qui ne permettra qu'à un petit groupe d'athlètes d'être éligibles.

Entendons-nous toutefois pour affirmer que justice est rendue et que certains tricheurs paieront pour leurs actes.

Malheureusement, il y a certainement plusieurs athlètes russes qui crient à l'injustice aujourd'hui. Car n'allons pas croire qu'ils étaient tous dopés. Mais pour eux, c'est la fourberie de certains de leurs compatriotes et de l'État russe qui aura eu raison de leurs aspirations olympiques. Ils doivent ressentir un énorme sentiment d'injustice.

Malgré tout, le CIO a pris la bonne décision puisqu'il semblait impossible de séparer le bon grain de l'ivraie.