DOHA - Le retour au premier plan de l'Américain Justin Gatlin, vainqueur du 100 m de Doha en ouverture de la Ligue de diamant, bouleverse le paysage du sprint mondial où la rivalité Etats-Unis/Jamaïque s'annonce plus que sévère avec les JO de Londres en ligne de mire.

Au milieu du désert, Justin Gatlin est sorti du bois ! Et en 9 sec 87/100e, le sprint mondial a connu un mini-séisme vendredi à Doha. Mal parti, dominé jusqu'aux 50 mètres par l'ancien recordman du monde Asafa Powell, le champion olympique 2004 du 100 m a renoué avec ses plus grandes heures pour remporter cette première bataille.

"Ce n'est qu'une étape, mais c'est une étape très importante pour moi de partir d'ici en pensant à un podium à Londres. Je suis prêt", a lancé un Gatlin affable et... positif, moralement s'entend.

Comme si ses quatre années de suspension pour dopage et son passage dans la trentaine avaient été effacés d'un coup. Jamais Gatlin, de toute sa carrière, n'avait couru aussi vite aussi tôt dans l'année !

"Les courses comme celles-là montrent qui est un compétiteur et qui est juste un coureur. Je suis loin de chez moi et je peux courir vite", s'est-il réjouit.

Et voilà d'un coup un nouveau concurrent d'envergure pour les fusées jamaïcaines Usain Bolt et Yohan Blake. Pour l'instant, l'avantage reste aux sprinteurs en jaune, mais où en sera Gatlin à Londres ?

Eau-de-rose

Jusqu'ici, la menace américaine avait pour nom principal Tyson Gay, seul homme capable de rivaliser avec les enfants de Kingston. Mais son état de forme est incertain - personne ne sait vraiment où ce qu'il en est de ses problèmes récurrents aux adducteurs - ce qui fait de lui une menace pour le moment plus hypothétique que réelle. Gatlin, lui, est de retour aux affaires.

En mars, il avait déjà renoué avec le titre mondial à Istanbul, en s'adjugeant la finale du 60 m.

Mais au-delà de ses performances sportives, Gatlin a aussi marqué des points au niveau communication. Au Qatar, l'Américain s'est montré d'un professionnalisme absolu, sur et en dehors des pistes.

Le natif de New York a perdu des épaules depuis son époque trouble, mais il a gagné des fans, conquis par sa gentillesse. Disponible pour les autographes, les photos, les tapes amicales avec les enfants, l'Américain a "fait le job", et pas qu'un peu.

"Vous savez, vous devez bien comprendre que le monde de l'athlétisme ressemble un peu à feuilleton à l'eau-de-rose... mais avec des piques", note le sprinteur. "Des gens m'adorent, d'autres me détestent... Mais tout le monde veut voir de la grande compétition", estime-t-il.

"Ils ont vu le show Bolt pendant des années, ils veulent voir quelqu'un d'autre entrer dans le jeu. Je suis heureux d'être debout et d'en faire désormais partie, aussi", assène l'Américain.

Prochaine étape du "show Gatlin" le 16 mai, à Daegu en Corée du Sud, théâtre l'an passé des Mondiaux d'athlétisme où l'Américain n'avait pu faire mieux que demi-finaliste.