MONTRÉAL -- Jennifer Heil a pour devise: "Donnez-vous à fond aux choses importantes". Cette règle de vie décrit à merveille la championne olympique de ski acrobatique. Que ce soit dans la pratiqu



MONTRÉAL -- Jennifer Heil a pour devise: "Donnez-vous à fond aux choses importantes". Cette règle de vie décrit à merveille la championne olympique de ski acrobatique. Que ce soit dans la pratique de son sport ou dans son implication dans des causes humanitaires, la Montréalaise d'adoption n'est pas du genre à faire les choses à moitié.

Propulsée à l'avant-scène aux Jeux de Salt Lake City en 2002 lorsqu'elle s'est classée quatrième de l'épreuve des bosses à 19 ans, Heil s'est donnée à fond pour devenir championne olympique quatre ans plus tard à Turin. Un parcours couronné de succès mais également parsemé d'embûches.

"Mon plus gros obstacle au fil de ma carrière, ce sont mes blessures, témoigne Heil. En 2002, je faisais du ski acrobatique mais je n'étais pas une athlète de premier plan. À cause de ça, j'ai souffert de plusieurs blessures chroniques."

Heureusement pour elle, Dominick Gauthier, l'entraîneur-chef de l'équipe canadienne à l'époque devenu par la suite son partenaire de vie, a vu en elle un diamant à l'état brut qui demandait à être poli. Celui-ci l'a aiguillée vers les meilleurs spécialistes de l'entraînement et de la remise en forme. Heil a même fait l'impasse sur la saison 2002-03 de la Coupe du monde pour guérir de ses maux.

"Nous avons été capables de regrouper les meilleurs professionnels au Canada pour m'épauler. Cela a vraiment changé ma carrière, m'a permis d'offrir des performances plus constantes. C'est grâce à cette équipe que je suis devenue championne olympique en 2006."

La formule, consistant à recueillir des contributions auprès de donateurs privés pour fournir des services que l'athlète ne pourrait se permettre autrement, a connu un tel succès que Heil et Gauthier ont décidé d'en faire profiter d'autres. C'est ainsi qu'est né B2Dix qui épaule aujourd'hui une vingtaine d'athlètes provenant d'une douzaine de sports.

Heil retire une grande satisfaction de constater que plusieurs autres athlètes se présenteront aux Jeux de Vancouver avec le même niveau de confiance qu'elle grâce à ce programme innovateur.

Réaliser ses rêves

Le rêve olympique de Heil a pris forme quand elle est tombée sur l'édition olympique des Jeux de Barcelone du Sports Illustrated.

"J'avais neuf ans et j'ai été fascinée par la détermination dans le regard des athlètes. Ce jour-là, j'ai décidé que je voulais aller aux Olympiques. Par la suite, il m'a fallu trouver un sport.

"Je suis née à Edmonton, une ville où c'est plat. Ce n'était donc pas évident d'envisager de devenir une skieuse de niveau international dans les circonstances."

N'empêche qu'elle est parvenue à concrétiser son rêve. Et aujourd'hui, elle s'efforce de transmettre ce message sur toutes les tribunes: "Je crois qu'il est important que les gens puissent croire et réaliser leur rêve."

Dans cette optique, elle s'est engagée dans diverses activités caritatives. En plus de son implication dans la Fondation David Suzuki consacrée aux préoccupations environnementales, elle agit comme ambassadrice pour l'organisme canadien PLAN, une association de parrainage d'enfants ayant pour mission d'améliorer les conditions de vie des enfants et de leur permettre de se construire un avenir au sein de leur village. Elle coopère également avec l'organisme Right to Play, qui se sert du sport comme outil pour améliorer la vie d'enfants dans les pays défavorisés.

Son implication l'a incité à effectuer deux voyages en Afrique ces dernières années, au Burkina Faso et au Rwanda.

"J'estime qu'il est important pour tout le monde d'aider et de redonner aux autres, dit-elle avec conviction. Je tente seulement de faire ma part."

Son dernier voyage au Burkina Faso a fait forte impression sur elle.

"Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en allant en Afrique pour la première fois. Au Burkina Faso, j'ai visité une classe composée de filles dans une école de village. Dans plusieurs de ces pays, les filles sont les dernières à avoir accès à l'instruction.

"Grâce à ce programme, elles étaient à l'école. Elles avaient un avenir. De les entendre dire qu'elles voulaient devenir avocate, médecin, infirmière, ça fait forte impression sur moi. C'est une source d'inspiration."

Pression

Comme en 2006 à Turin, Heil aura la pression de disputer sa compétition la première journée des Jeux de Vancouver. Cette fois, elle fait figure de favorite en tant que championne olympique en titre. Et avec les attentes élevées du Comité olympique canadien, qui veut que le Canada termine au premier rang du classement des médailles, tous les yeux du pays seront tournés vers elle. La principale intéressée ne s'en formalise pas.

"J'en serai à mes troisièmes jeux et, à chaque fois, ma compétition s'est déroulée la première journée. C'est la routine pour moi."

Les épreuves de ski acrobatique se dérouleront à Cypress Mountain, voisin du district de West Vancouver. La météo constituera le plus gros défi des spécialistes des bosses, selon Heil.

"Les conditions changent très vite là-bas. Pour l'avoir expérimenté, on peut avoir tout la même journée, la pluie, la glace, le brouillard. Au moins, nous avons l'expérience de ces conditions car nous avons tenu plusieurs entraînements sur le site."