Près de six mois après les joies de Lima, les organisateurs des JO de Paris 2024 voient les points chauds se multiplier : question sensible des rémunérations, revue des coûts attendue du projet et incertitudes sur le Grand Paris Express.

Combien sera finalement payé Tony Estanguet à la tête du Cojo, le comité d'organisation des Jeux olympiques? À l'automne, l'hebdomadaire français Le Canard enchaîné avait plombé l'ambiance, en révélant que la direction du Budget à Bercy tiquait face à des projections de rémunération à 450 000 euros annuels pour le triple champion olympique de canoë. Malgré un démenti immédiat, les chiffres tombaient au plus mal après une candidature placée sous le signe de la sobriété.

Pour ne laisser aucune place aux critiques, un comité présidé par l'ancien patron de La Poste, Jean-Paul Bailly, a été mis en place pour définir les grilles de salaires. Ses préconisations, qui pourraient être adoptées vendredi prochain lors du premier conseil d'administration du Cojo, sont attendues, car la phase de recrutement des directeurs de services a commencé.

Héritage

À Lima, tous les acteurs étaient apparus unis dans la victoire. Mais six mois plus tard, quelques sujets font débat. Ainsi, la mairie de Paris fait le forcing pour qu'une structure spécifique dédiée à l'héritage des JO et à leur apport dans la société soit créée aux côtés du Cojo, qui va planifier et organiser l'événement, et de la Solideo, l'établissement public qui va superviser la construction des gros équipements.

Cette fondation, « c'est une promesse du dossier de candidature », prévient Jean-François Martins, l'adjoint d'Anne Hidalgo aux Sports, au Tourisme et aux Jeux olympiques et paralympiques.

« Il faut un objet bien défini, pour que les sponsors puissent identifier cet aspect d'héritage et pour que ça reste une priorité quand le Cojo et la Solideo seront dans des impératifs de livraison des Jeux », explique l'élu à l'AFP. Au Cojo, on réfute toute volonté de sacrifier ce volet, mis en avant en janvier avec une « semaine olympique » dans les écoles. « L'héritage est un élément tellement clé du projet qu'il ne serait pas pertinent de le tenir en dehors » du comité d'organisation, souligne-t-on.

"Cette question, c'est devenu un point de blocage entre la mairie et le Cojo", décrypte un proche du dossier.

« Annonces sensibles »

Autre sujet sensible, la maîtrise budgétaire. Le Cojo, financé par des fonds privés (la contribution du Comité international olympique, la billetterie et les sponsors) fonctionne aujourd'hui avec une vingtaine de salariés, mais va monter en puissance d'année en année, pour atteindre un total de 4.500 collaborateurs en 2024.

Pour organiser les compétitions et accueillir plus de 10.000 athlètes d'environ 200 pays, son budget total s'élèverait à terme à 3,8 milliards d'euros, mais une revue générale a été engagée avec le CIO pour "optimiser les coûts", avant un séminaire en juin sur ce sujet, explique-t-on au Cojo.

L'Etat français, qui s'est porté garant, veille aussi et a confié une expertise aux inspections générales des Finances et de la Jeunesse et des Sports. Une démarche similaire a été engagée par la Solideo pour les constructions qu'elle doit superviser, notamment le village et la piscine olympiques à Saint-Denis, ainsi que le village des médias au Bourget et des rénovations de sites, le tout pour un budget de 3 milliards d'euros, dont la moitié d'investissements publics (Etat et collectivités). Les résultats sont attendus dans les prochaines semaines et un élu parisien s'attend à "des annonces sensibles".

La facture du projet serait-elle plus élevée que prévue ? L'hypothèse est loin d'être exclue pour plusieurs acteurs du dossier s'exprimant sous couvert d'anonymat. Au Cojo, on juge ce scénario "très prématuré", en indiquant que "les travaux d'évaluation sont en cours".

Le calendrier annoncé jeudi pour le Grand Paris Express n'offre en tout cas que des garanties partielles sur le plan prévu pour les transports. Le gouvernement promet que le tronc commun des lignes 16 et 17 du nouveau métro sera réalisé à temps jusqu'à la gare RER du Bourget. Mais en 2024, la ligne 17 desservira l'aéroport du Bourget seulement si c'est "techniquement possible". Or, c'est là que doivent s'installer le centre et le village des médias pour les JO...