LONDRES - Assez de discussions. Il est temps de passer à l'action.

C'est le message qu'envoie l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui est convaincue que les suspensions de deux ans n'ont pas suffisamment de poids et qui veut que les fédérations sportives adoptent des suspensions de quatre ans pour les athlètes coupables de dopage afin d'envoyer un message clair.

Selon les règles en vigueur depuis presque deux ans, les athlètes peuvent être suspendus jusqu'à quatre ans pour une première faute dans des certains cas.

Toutefois, les fédérations et agences nationales antidopage ne se sont pas prévalu de ce droit. Elles auraient peur que ces pénalités plus sévères ne tiennent pas la route en cour ou simplement, elles sont satisfaites de continuer à appliquer des sanctions de deux ans.

Le directeur général de l'AMA, David Howman, a indiqué que ceux qui désiraient de plus sévères sanctions semblent avoir perdu la confiance qui les habitait.

«Ces suspensions de quatre ans constituaient une mesure que les gens en faveur de punitions plus sévères voulaient vraiment voir ajoutée aux règles, a dit Howman à The Associated Press. Mais 18 mois plus tard, elles sont pratiquement jamais imposées. Quand vient le temps d'imposer ces sanctions, de toute évidence, les gens n'ont pas le courage de leurs revendications.»

Pour Howman, ces sanctions plus longues bénéficieraient aux athlètes propres.

«Ils ne veulent pas faire compétition à des athlètes qui trichent. Les tricheurs reçoivent une sanction de deux ans et le temps de le dire, ils sont de retour en compétitions.»

Arne Ljungqvist, chargé des questions antidopage au Comité international olympique (CIO) et vice-président de l'AMA, trouve aussi que la suspension de quatre ans n'a pas été suffisamment utilisée.

«Jusqu'ici, les gens croient toujours qu'une suspension de deux ans est la norme, ce qui ne devrait pas être le cas lors d'utilisation d'EPO et de stéroïdes.»

Certains aviseurs légaux croient qu'une suspension de quatre ans pour une première faute soit trop drastique et constitue une restriction professionnelle. Des poursuites potentiellement coûteuses pourraient faire hésiter les fédérations sportives à imposer de telles sanctions.

«Une suspension de quatre ans constitue une suspension à vie dans bien des sports», a déclaré Mike Morgan, un avocat spécialiste des lois antidopage basé à Londres. «C'est un grand pas à franchir que d'imposer une telle sanction. (...) Quand nous commencerons à voir imposées des suspensions de quatre ans, ce devra être justifié. Les fédérations devront avoir de robustes arguments et des preuves en béton.»

Les suspensions de quatre ans étaient autrefois la norme, mais elles ont été réduites de moitié après que certains se soient plaints qu'on allait trop loin et qu'elles ne pouvaient pas recevoir l'aval des tribunaux. L'option d'une suspension de quatre ans a été réintroduite dans le code approuvé en novembre 2007 par l'AMA. Elle est entrée en vigueur le 1er janvier 2009.

L'AMA prévoit que la suspension «peut être d'un maximum de quatre ans dans les cas de circonstances aggravantes». Parmi les exemples cités par l'AMA, notons le fait d'être impliqué dans un complot pour dopage, de posséder ou d'utiliser plusieurs substances interdites, d'utiliser des produits dopants en de multiples occasions, ou de faire preuve d'une conduite servant à tromper ou entraver la détection de produits dopant.

La phrase-clé réfère aux cas où un athlète «bénéficierait des effets des produits dopants au-delà de la période d'inéligibilité». Howman et Ljungqvist disent que des recherches médicales ont démontré que les effets des stéroïdes anabolisants peuvent durer quatre ans, voire plus longtemps.

«C'est cette preuve scientifique qui a fait dire à nos aviseurs légaux que nous avions de bonnes raisons de faire passer les suspensions de deux à quatre ans dans les cas de dopage aux stéroïdes», a indiqué Ljungqvist. Pourtant, les rares cas où des suspensions de quatre ans ont été imposées, il s'agissait de fournisseurs de produits dopants, pas d'utilisateurs.

En attendant, Howman en a assez de cet immobilisme.

«J'aimerais que les gens bougent, a-t-il dit. Autrement, quand le code sera de nouveau réévalué, les gens se demanderont pourquoi cette règle est en place.»