L'ancien président de l'Agence mondiale antidopage (AMA) Dick Pound a réaffirmé mardi ses critiques contre le Comité international olympique (CIO) et son refus d'exclure la Russie des Jeux de Rio en 2016, malgré la révélation d'un système de dopage institutionnel.

À une semaine d'une nouvelle réunion décisive du CIO sur la participation des Russes aux jeux d'hiver de Pyeongchang, l'avocat canadien, lui-même membre de l'instance olympique, est revenu sur cet épisode, sans cacher ses regrets, lors de la conférence internationale sur l'intégrité dans le sport « Play the Game », à Eindhoven.

« Il n'y avait aucune raison de douter des résultats » de l'enquête conduite à la demande de l'AMA par le juriste canadien Richard McLaren, a assuré Dick Pound, évoquant « une grosse erreur » du CIO.

Peu avant les JO de Rio, cette enquête avait mis en lumière un système institutionnel de dopage, en cours de 2011 à 2015 en Russie, et impliquant plusieurs rouages de l'Etat, du ministère des Sports au service secret FSB.

« Il aurait pu y avoir des invitations individuelles à participer aux Jeux olympiques données par le CIO à ceux qui pouvaient démontrer qu'ils étaient en dehors du système russe », « mais comme invités, pas comme représentants de la Russie ni sous le drapeau russe », a poursuivi Dick Pound, qui a dirigé l'AMA de 1999 à 2007.

Autre erreur, selon lui, le fait d'avoir délégué à chaque fédération sportive internationale la décision d'accueillir ou non les athlètes russes à Rio, avec des résultats différents d'une discipline à l'autre.

Selon Dick Pound, dans plusieurs disciplines - il n'a pas précisé lesquelles - « la fédération s'est trouvée en conflit d'intérêt », du fait de « l'implication de responsables russes dans ses instances », ou en situation de « dépendance » parce que la Russie devait accueillir des compétitions internationales.

Dimanche, à l'ouverture de Play the Game, Dick Pound avait déjà lancé une première salve de critiques contre le CIO et son président Thomas Bach. 

« Vous ne pouvez pas dire, comme mon organisation, le CIO, 'zéro tolérance pour le dopage ... mais peut-être pas si c'est la Russsie' », avait-il ironisé. Il a aussi regretté l'absence de véritable débat entre tous les membres du CIO, la décision pour Rio comme pour Pyeongchang étant du ressort de la commission exécutive de l'instance olympique.