L'athlétisme canadien à l'assaut des médailles aux Jeux de Rio
Jeux olympiques dimanche, 8 mai 2016. 09:07 jeudi, 12 déc. 2024. 15:34J’ai eu l’occasion, le 27 avril dernier, de participer à la conférence de presse organisée à la maison de Radio-Canada pour souligner qu’il ne restait plus que cent jours avant le début des Jeux olympiques de Rio. L’événement avait également pour but de présenter officiellement l’équipe de description de ces jeux diffusés conjointement à Radio-Canada et au Réseau des Sports, une équipe expérimentée formée de journalistes des deux réseaux et solidement épaulée par d’anciens athlètes et experts qui agiront à titre d’analystes. Je signale au passage que Claude Mailhot, Yanick Bouchard, Michel Laprise et moi-même agirons à titre de chefs d’antenne à RDS.
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L’occasion était belle pour demander aux experts présents quelles étaient leurs attentes et objectifs de médailles pour la délégation canadienne. Les réponses variaient beaucoup : entre 12 et 18 médailles. Les noms les plus fréquemment mentionnés étaient ceux des plongeuses Roseline Filion, Jennifer Abel, Pamela Ware et Meaghan Benfito, du kayakiste Mark de Jonge, du judoka Antoine Valois-Fortier et de l’équipe féminine à la poursuite par équipes en cyclisme sur piste.
Les autres valeurs sûres venaient de l’athlétisme. Rarement le Canada se présentera-t-il à un événement olympique avec une cohorte d’athlètes aussi redoutables. Nous serons loin des années de misère où nous nous croisions les doigts dans l’espoir de voir un de nos représentants grimper sur le podium ou simplement terminer dans le top-10.
Puisque je suis un passionné d’athlétisme depuis des années et que mes chroniques sont exclusivement consacrées à cette discipline, je me permets ici d’y aller de mes propres prédictions quant à la récolte des canadiens et canadiennes dans le stade olympique de Rio.
Selon moi, le Canada remportera six médailles sur la piste et sur l’herbe. Ce serait une excellente performance. Et certaines de ces médailles seront dorées. Voici mes choix.
Brianne Theisen-Eaton
Brianne Theisen-Eaton est actuellement la grande spécialiste mondiale de l’heptathlon et du pentathlon. Lors des plus récents Championnat du monde d’athlétisme en salle, en Oregon, la jeune femme de 27 ans a tout donné lors de la dernière des cinq épreuves au programme, un 800 mètres d’anthologie, pour ainsi gagner la médaille d’or et mettre la main sur un premier titre mondial. Au passage, ses 4881 points lui ont permis d’enregistrer la meilleure performance mondiale de 2016.
L’année dernière, elle avait terminé au deuxième rang de l’heptathlon aux Championnats du monde d’athlétisme de Pékin. Sa progression est régulière et elle se battra pour la plus haute marche du podium à Rio.
Shawn Barber
Shawn Barber est un perchiste de 21 ans ayant connu une année 2015 exceptionnelle lui permettant de recevoir le titre d’athlète de l’année par Athlétisme Canada. Il a gagné l’or aux Jeux panaméricains présentés à Toronto et aux Championnats du monde à Pékin.
Il a bien amorcé l’année 2016 en devenant le plus jeune athlète de l’histoire à franchir la barre des 6 mètres en salle lors de la réunion de Reno, au Nevada. Il y a quelques jours, à la compétition extérieure de Des Moines, en Iowa, il a confirmé son statut de champion du monde en titre avec une autre médaille d’or à son palmarès. À Rio, il vise l’or et rien d‘autre.
Derek Drouin
Un autre Canadien qui saute haut, mais sans perche celui-là! Derek Drouin, 26 ans, est le champion du monde en titre au saut en hauteur. Déjà, en 2012, il s’était fait connaître en réalisant un premier saut de 2,29 mètres en finale des Jeux olympiques de Londres pour remporter la médaille de bronze.
Le longiligne athlète ontarien de 1,94 mètre survole la barre et ses concurrents depuis. L’année dernière, il a remporté l’or aux Jeux panaméricains (2,37 mètres) et, surtout, aux Mondiaux d’athlétisme à Pékin (2,34 mètres). Il se présentera à Rio avec beaucoup de pression puisqu’il sera clairement l’homme à battre.
Melissa Bishop
Le 20 février dernier, je publiais une chronique sur le RDS.ca dans laquelle je disais que l’année 2016 risquait fort d’être celle de Melissa Bishop. Je le crois toujours. La spécialiste du 800 mètres est sur une lancée qui débouchera probablement sur un podium à Rio.
Le 17 février dernier, elle a battu le vieux record canadien de la distance en salle lors de la réunion d’Athlone, en Irlande. Puis, trois jours plus tard, elle améliorait ce record en Écosse. L’année dernière, lors des Jeux panaméricains à Toronto, elle avait soulevé la foule en remportant une médaille d’or. Quelques semaines plus tard, à Pékin, elle gagnait une superbe médaille d’argent dans une des disciplines les plus chaudement disputées de l’athlétisme mondial. Elle en profitait pour réécrire à nouveau le livre des records canadiens du 800 mètres.
À Rio, on peut légitimement rêver à une médaille pour Melissa Bishop à qui Athlétisme Canada vient de décerner le titre d’athlète de l’année dans les épreuves de piste.
Andre De Grasse
André De Grasse s’est imposé sur la scène internationale à la vitesse de l’éclair, ce qui est une excellente nouvelle lorsqu’on est un sprinter! Spécialiste du 100 et 200 mètres, il a un potentiel élevé comme le démontre d’ailleurs le lucratif contrat de 11 millions de dollars que l’équipementier sportif Puma lui a consenti.
Même si sa technique n’est pas encore parfaite et qu’il n’a pas beaucoup d’expérience, plusieurs experts affirment même qu’il pourrait devancer Usain Bolt au 100 mètres à Rio s’il connait une course parfaite. Bruni Surin l’a déclaré sur nos ondes.
En 2015, année où il s’est fait connaitre, il a remporté des médailles d’or sur 100 et 200 mètres aux Jeux panaméricains avant de confirmer son potentiel avec une médaille de bronze au 100 mètres à Pékin alors qu’il côtoyait les meilleurs sprinters de la planète. Il était également du relais 4 x 100 mètres qui a gagné le bronze. À Rio, pourquoi pas deux médailles aux 100 mètres et relais 4 x 100 mètres pour le sprinter de 21 ans?
Damian Warner
Mon dernier médaillé canadien en athlétisme est le décathlonien Damian Warner. Il détient présentement le record national avec 8695 points, une récolte obtenue lors du Championnat du monde d’athlétisme de Pékin. Cela lui avait valu la médaille d’argent.
Les décathloniens sont des êtres d’exceptions, les véritables dieux du stade et Warner n’est pas très loin d’être le plus grand de ces dieux. Il en sera à ses deuxième Jeux olympiques. Il avait terminé avec une prometteuse cinquième place à Londres en 2012. À Rio, il a le potentiel pour une médaille argentée.
Les Québécois
Et les athlètes québécois dans tout cela! Y en a-t-il quelques-uns qui ont de réelles chances de remporter des médailles? Malheureusement et logiquement... non. Mais on ne doit pas analyser une performance olympique en se basant uniquement sur les médailles. Ce serait une grave erreur.
Ce serait une grave erreur car des athlètes québécois formidables comme Charles Philibert-Thiboutot (1500 mètres), Kimberley Hyacinthe (200 mètres) ou Alex Genest (3000 mètres steeple) pourraient réaliser de grands exploits s’ils parviennent à atteindre leurs objectifs. Je n’oublie pas également Farah Jacques (200 mètres), Audrey Jean-Baptiste et Aiyanna-Brigitte Stiverne (400 mètres et 4 x 400 mètres) et Mélanie Blouin (saut à la perche).
Si Philibert-Thiboutot participe à la finale du 1500 mètres, que Hyacinthe est de la finale du 200 mètres et pas trop loin du podium au relais 4 x 100 mètres et que Genest réalise un top 10 au steeple et bien cela vaudra toutes les médailles. Car ce n’est pas toujours facile pour les athlètes élites de la province de devoir s’expatrier pour s’assurer de s’entraîner dans les meilleures conditions et avec le meilleur personnel.
Je termine en mentionnant que je n’ai pas la prétention de croire que mes prédictions se réaliseront. Vous êtes libres d’ajouter des candidats à ma liste de médaillés et à celle des athlètes québécois si vous le souhaitez. Car s’il y a une chose qui est certaine lors des compétitions internationales d’envergures comme les Jeux olympiques, c’est que des victoires inattendues se produisent toujours. Il en va de même pour les contre-performances. La logique n’est pas toujours respectée. Si c’est le cas à Rio, croisons-nous les doigts pour que ce soit au profit et à l’avantage des athlètes canadiens. Ça débute le 5 août!