CALGARY -- Le Québec a peu de champions aussi décorés que Kim St-Pierre, qui défend depuis 12 ans le filet de l'équipe nationale de hockey féminin.

Mais alors que d'autres athlètes vedettes d



CALGARY -- Le Québec a peu de champions aussi décorés que Kim St-Pierre, qui défend depuis 12 ans le filet de l'équipe nationale de hockey féminin.

Mais alors que d'autres athlètes vedettes du sport se dirigent vers les médias ou restent dans le sport pour partager leur expertise une fois leur carrière terminée, Kim St-Pierre envisage de relever un tout autre défi après les Jeux olympiques de Vancouver... dans l'immobilier.

"Dernièrement, j'ai étudié beaucoup en immobilier. Donc ça, c'est comme ma toute nouvelle passion", a récemment confié l'athlète de Châteauguay en entrevue à La Presse Canadienne.

Mais avant d'envisager un boom immobilier sur la rive sud de Montréal, il faut savoir que cette double médaillée d'or olympique et quintuple championne du monde ne compte pas accrocher ses patins de plein gré.

"J'ai joué au hockey toute ma vie. C'est donc dur de ne pas me voir jouer au hockey. Donc, moi je veux continuer jusqu'à ce que mon corps ne me le permette plus."

Les Jeux d'hiver de Vancouver seront les troisièmes Jeux olympiques pour l'athlète qui aura 32 ans en décembre. Ce sera vraisemblablement ce qui complétera sa feuille de route au hockey, déjà bien impressionnante.

"C'est sûr que ce sont mes derniers jeux. Je ne sais pas ce qui va se passer avec le hockey après. C'est sûr que j'ai plusieurs idées en tête (...) Mais pour l'instant, c'est seulement les olympiques sur lesquels je me concentre."

Pour y parvenir, St-Pierre s'est entraînée environ cinq à six heures par jour avec ses coéquipières, matchs et entraînement hors glace y compris, et ce, six jours par semaine depuis l'été dernier.

Il faut dire que la pression est grande sur les Canadiennes pour qu'elles remportent la médaille d'or à Vancouver. Pour St-Pierre, ce serait l'équivalent d'un tour du chapeau, elle qui a encore bien en mémoire sa médaille d'or aux Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002, puis plus récemment à ceux de Turin, en 2006.

"À chaque fois, c'est une étape différente de ma vie. Les premiers jeux, c'est toujours spectaculaire. Les deuxièmes jeux, bien là tu te sens plus à l'aise (...) Puis là, je sais que ça va être mes derniers devant la famille, les amis, puis tout le Canada en entier."

Si elle a les moyens de ses ambitions, St-Pierre est bien loin de prendre cette prochaine étape de sa vie à la légère et travaille fort pour parvenir à ses fins. Elle aimerait bien que l'histoire se répète aux Jeux de Vancouver, mais pas question de se définir comme une habituée des olympiques.

"De vivre ça à tous les quatre ans, tu ne t'en tannes pas. Ce n'est pas une routine."

Son cheminement professionnel n'a rien d'habituel non plus. Si comme bien d'autres filles de son âge Kim a fait ses débuts sur la glace en patinage artistique, elle n'a évolué dans cette discipline que de l'âge de 5 à 8 ans.

"Dans mon temps, le hockey féminin ça n'existait pas. Donc, c'était plus naturel pour une jeune fille de faire du patinage artistique."

Mais enfant, Kim a pris l'habitude de jouer au hockey dehors avec ses frères sur la patinoire aménagée à l'arrière de la résidence familiale alors située à Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie.

"Mes deux frères se sont mis à jouer au hockey. Mon père, c'est aussi un joueur de hockey. Puis tout le voisinage se retrouvait chez moi pour jouer au hockey le soir, j'y ai donc pris goût."

Il ne faut donc pas s'étonner qu'à 9 ans, St-Pierre savait déjà qu'elle voulait être gardienne de but au hockey. Cet épisode de son enfance remonte à il y a une vingtaine d'années déjà et Kim sait que son destin aurait pu être bien différent n'eût été de l'ouverture d'esprit de ses parents.

"J'ai tenté ma chance avec mes parents. Je suis bien fière d'eux, qu'ils m'aient laissé devenir gardienne de but."

Aujourd'hui, la gardienne porte fièrement le numéro 33 sur son chandail de l'équipe canadienne, le même qu'avait Patrick Roy dans la Ligue nationale de hockey, de qui elle a emprunté le style papillon. Et comme Roy, qui a défendu le filet du Canadien de Montréal dans la LNH, elle a eu l'occasion de faire de même lors d'une séance d'entraînement du Tricolore. C'est là aussi, un autre de ses rêves d'enfance qui venait de se réaliser.

On pourrait donc croire que celle-ci trouverait son idole olympique parmi les anciens joueurs de la LNH qu'elle a regardé jouer sur le petit écran dans le salon familial.

"J'en ai pas un ou une (idole) en particulier. Pour moi, c'était vraiment les Jeux olympiques auxquels je voulais participer. Je voulais aller aux Jeux olympiques dans tous les sports, sauf au hockey (féminin) parce que justement ça n'existait pas. J'étais sûre que c'était impossible, mais aujourd'hui de voir que j'ai réussi au hockey féminin, c'est vraiment un rêve qui est devenu réalité."

Pour y parvenir, Kim a dû franchir quelques étapes et faire tomber quelques barrières. Ainsi, l'enfant pour qui c'était tout à fait naturel de jouer au hockey dehors avec ses frères avait réussi à devenir la première femme à évoluer dans le hockey universitaire masculin. C'était en 2003-2004, avec les Redmen de l'Université McGill, à Montréal.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le plus grand obstacle en carrière pour cette femme qui mesure cinq pieds neuf et pèse 156 livres ne fût pas celui d'exceller au hockey masculin.

"J'ai joué au hockey masculin jusqu'à l'âge de 18 ans. Donc, je crois que c'est la transition au hockey féminin qui a été le plus grand défi. C'est un changement à tous les points de vue. Ce n'est pas vraiment quelque chose que je voulais faire. Pour moi, mon but, étant plus petite, c'était de jouer dans la ligue nationale parce que je ne connaissais pas vraiment le hockey féminin."

Ce fût le point tournant de sa carrière, celui qui allait lui ouvrir toutes les portes.

"J'ai dû prendre mon courage à deux mains puis me dire bon je quitte toutes les équipes pour lesquelles j'ai joué et puis je m'en vais évoluer au hockey féminin. Mais d'un autre côté, c'est ça qui m'a ouvert toutes les portes vers les Jeux olympiques."

Deux médailles d'or olympiques plus tard, St-Pierre avoue qu'elle en veut une autre, particulièrement en raison de la signification des Jeux de Vancouver. De plus, ce serait l'occasion idéale pour les joueuses de hockey canadiennes de ramener à l'ordre leurs rivales de toujours alors qu'elles s'amèneront sur leur territoire.