L'Ironman 70.3 de Tremblant
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 21:22 lundi, 24 juin 2013. 20:46À l’instar de la course à pied, le triathlon connait un véritable essor au Québec. Comme si, pour relever de nouveaux défis, des coureurs s’étaient mis à faire du vélo et de la natation, des nageurs avaient décidé de commencer à courir et à pédaler et des cyclistes avaient choisi de… vous comprenez l’idée! L’inscription officielle du triathlon au programme olympique en 2000, à Sydney, n’est certainement pas étrangère à l’engouement auquel on assiste. La médaille d’or du canadien Simon Whitfield a frappé l’imaginaire.
J’avais déjà eu l’occasion d’assister à quelques triathlons de distance olympique par le passé. 1,5 km de natation en eau libre, 40 km de vélo puis 10km de course à pied. Il s’agit d’une version raccourcie du véritable triathlon Ironman.
Le dimanche 23 juin, j’ai eu la chance de suivre un autre type de triathlon, celui de la série Ironman 70,3 à Mont-Tremblant et qui permet aux participants de faire un demi-Ironman. Je n’aime cependant pas beaucoup l’utilisation du mot “demi“. Un peu comme s’il ne s’agissait que d’une moitié de performance. Pas du tout ! Et c’est la raison pour laquelle les organisateurs de cette série ont plutôt choisi l’appellation Ironman 70.3. L‘appellation “70.3” vient de la distance totale (113,13 km) exprimée en miles. Au menu : 1,93km de natation, 90,1km de vélo et 21,1km de course à pied. Rien de trop reposant !
La journée s’annonçait chaude et humide en ce dimanche matin. Je suis sur la plage du lac Tremblant quelques minutes avant 7h pour voir les athlètes se préparer au départ. La foule est compacte. Tremblant est littéralement envahi par des milliers de touristes qui viennent spécialement pour encourager les participants. Je croise l’animateur de Radio-Canada, Jean-Philippe Wauthier, et lui souhaite bonne chance. Ils sont plus de 2000 à s’élancer par vagues dans les eaux froides du lac. Tous portent leurs wetsuits et le bonnet de bain aux couleurs de leurs groupes d’âge.
Mon beau-frère, Denis, est du lot. Il me voit et me donne un immense baiser sur la joue avant de plonger pour le départ. Plusieurs spectateurs me taquinent après avoir assisté à la scène. Si ça peut lui donner de l’énergie, pourquoi pas !
C’est spectaculaire de voir le départ car aucun écart n’a pu encore se creuser entre les participants si bien que les bras se heurtent. Il est fréquent de voir des nageurs recevoir des coups involontaires au visage. Quelques-uns vont même boire la tasse !
Je me dirige ensuite vers la première zone de transition, celle pour le vélo. Tous les nageurs font vite pour s’y rendre dès qu’ils sortent de l’eau. En courant, sans même s’arrêter, ils terminent de retirer leurs wetsuits et trottent pieds nus sur près de 500 mètres jusqu’à leurs vélos. Déjà, je vois des visages de souffrances. Certains ont des crampes. Je me souviens de cet homme d’une cinquantaine d’année incommodé par des crampes aux deux jambes et qui tente de demeurer digne devant la foule. Il a peine à faire un seul pas. Il réussit à se trainer de peine et de misère jusqu‘à son vélo. J’ignore s’il a réussi à terminer, mais sa force de caractère m’a marqué !
La zone de transition est incroyablement bien organisée. Avant le départ, chaque triathlète s‘était vu assigner un espace réservé pour y déposer son vélo et ses chaussures de course de même que les effets personnels dont il pourrait avoir besoin lors de cette portion importante de l‘épreuve. Je vois que les chronos de transitions varient beaucoup. Les professionnels pratiquent régulièrement les passages dans cette zone et ça parait. Ils posent le casque de vélo sur leur tête tout en prenant une gorgée d‘eau. Puis, à un endroit bien précis, ils sautent sur leurs engins tout en glissant leurs pieds dans les chaussures déjà fixées au pédales. Impressionnant.
Et c'est parti pour 90 kilomètres de vélo. Même si la chaussée est encore humide des averses de la nuit, les vitesses sont hallucinantes. Les meneurs sont à plus de 40km/h de moyenne dans les 10 premiers kilomètres pourtant sinueux et côteux par endroit. Des groupes de cyclistes se forment et travaillent ensemble tout en évitant le sillonage Je suis étonné de les entendre s‘encourager entre-eux. J‘en vois un qui offre même une gorgée de sa bouteille d‘eau à un autre concurrent en manque du précieux liquide! Beau geste. Le mercure est à 22 degrés et une humidité collante s‘installe. La difficulté de l‘effort se lit encore de plus en plus sur les visages.
Je retourne à la zone de transition pour voir les meneurs entamer la dernière portion de cet Ironman 70.3 de Mont-Tremblant. Après avoir rapidement stationné leurs vélos, ils enfilent leurs chaussures de course. Ils doivent maintenant se taper un 21,1 kilomètres de jogging. J‘ai tellement souvent couru cette distance que je sais ce qui les attends. Mais de savoir qu‘ils amorcent ce demi-marathon avec déjà 1,9km de natation et 90km de vélo dans le corps me fascine.
Je remarque que les premières foulées ne sont pas parfaitement synchronisées, un peu comme s‘ils couraient pour la première fois. C‘est que les muscles sollicités lors du vélo sont loin d‘être les mêmes que pour la course à pied. Heureusement, ils retrouvent le rythme rapidement. Je m‘approche le plus possible de l‘espace de transition de mon beau-frère. Il est évidemment interdit d‘aider un concurrent sous peine de le voir être disqualifié. Mais rien ne m‘empêche de lui crier mes plus beaux encouragements. Il semble en pleine forme. Je vois également mon ami Ian Laperrière, ancien joueur de la Ligue Nationale de hockey et maintenant directeur du développement des joueurs avec les Flyers de Philadelphie. Il participe à un IronMan 70.3 pour la première fois de sa carrière et il est déjà inscrit pour le Ironman du 18 août, toujours au Mont-Tremblant.
Je me dirige ensuite à la ligne d’arrivée située en plein cœur du magnifique village piétonnier de Tremblant. L’animateur, Alain Cyr, commence déjà à annoncer que le meneur n’est qu’à quelques kilomètres de l’arrivée. Il s’agit du Néo-Zélandais Terenzo Bozzone. Je grimpe dans une tour d’observation réservée aux journalistes et le voit compléter l’éreintant parcours en 3h53. Il semble à peine fatigué et après quelques gorgées d’eau donne une entrevue détaillée de sa compétition à Alain. Pas croyable.
J’ai le temps de me placer à quelques mètres du fil d’arrivée pour voir le premier Québécois, Martin Lamontagne Lacasse (4h21) et la première femme, l’Américaine Linsay Corbin (4h26) terminer l’épreuve. La Québécoise Magali Tisseyre, une des meilleures au monde et porte-parole du demi-Ironman de Mont-Tremblant, termine deuxième à trois minutes de Corbin. Elle me dit que la portion de course a été difficile car elle n’avait pu s’entraîner autant qu’elle l’aurait souhaitée en raison d’une blessure récente. Tout de même, quelle performance!
Je reste là encore une trentaine de minutes, assez pour voir mon beau-frère terminer son premier Ironman 70,3 en 4h55. Denis est heureux puisqu’il voulait le faire en moins de 5 heures. Le chrono au-dessus de sa tête indique 5h20, mais son groupe d’âge a pris le départ 25 minutes après l’élite mondiale. Six minutes plus tard, Ian laperrière franchit l’arrivée. Lui aussi est heureux. Il court pour une cause qui lui tient à cœur à Philadelphie et a déjà hâte de se remettre à l’entraînement pour sa prochaine course. Tous recoivent une lourde et belle médaille pour immortaliser leur performance.
En marchant le long du parcours pour retourner à mon hôtel, je ne peux m’empêcher d’encourager les participants de Team in Training que je croise. Je suis tellement fier d’être leur porte-parole. Certains termineront beaucoup plus tard. Quel courage et quelle détermination. Bravo.
En terminant, permettez-moi de répondre à une question qui m’a été mainte fois posée ce dimanche à Tremblant. Non, je n’ai pas l’intention de m’inscrire à un triathlon prochainement. Je pourrais peut-être me débrouiller en vélo, mais je suis un nageur atroce! Je crois que j’aurais encore été dans le lac au moment où mon beau-frère franchissait le fil d’arrivée! Je vais donc continuer de courir, seulement courir, au cours des prochains mois.
J’ai adoré suivre d’aussi près cet Ironman 70.3. De voir plus de 2000 personnes s’éclater de la sorte dans ce décor enchanteur après des mois ou des années d’entraînement a quelque chose de très inspirant. Cela démontre la force de l’esprit et de la fameuse expression : « Quand on veut, on peut »!