MONTRÉAL - Les patineurs de vitesse de courte piste du Canada ont connu une saison ordinaire jusqu'à maintenant, du moins en tenant compte des standards qu'ils ont eux-mêmes établis, mais ils comptent bien faire amende honorable lors des Championnats du monde, du 13 au 15 mars à Moscou.

Pour l'entraîneur-chef Frédéric Blackburn, la saison 2014-2015 avait pour objectif de régler certaines lacunes observées lors des Jeux olympiques de Sotchi où le Canada a été limité à quatre médailles, dont seulement une d'or, celle de Charles Hamelin au 1500 mètres.

Blackburn, qui dirige la formation féminine, a testé les capacités de Marianne St-Gelais en la poussant à devenir plus combative et à tenter de doubler plus souvent. Et il demande à la jeune Sherbrookoise Kim Boutin de passer plus de temps dans le peloton plutôt que de tenter de se précipiter vers l'avant du groupe de compétitrices.

L'objectif global est de compter sur des patineurs plus complets lorsque se pointeront les Jeux de 2018 en Corée du Sud.

« Il nous a manqué certaines choses lors des derniers Jeux olympiques et nous devons travailler sur ces aspects immédiatement, a expliqué Blackburn mercredi. Si nous gagnons quelque chose (maintenant), c'est un boni. »

Il semble que la stratégie fonctionne. Lors de la dernière compétition comptant pour la Coupe du monde, il y a deux semaines en Turquie, les patineuses canadiennes ont terminé au premier rang grâce à une récolte de six médailles. L'un des faits saillants aura été le premier podium de Boutin en Coupe du monde, qui a terminé troisième, derrière St-Gelais au 1500 mètres. Elle a ajouté une autre médaille de bronze lors de l'une des deux courses de 1000 mètres.

À Sotchi, l'équipe féminine n'avait obtenu qu'une seule médaille, l'argent au relais.

Blackburn est d'avis que St-Gelais devait se montrer plus coriace sur la piste.

« Avec Marianne cette année, nous voulions qu'elle prenne plus de risques en compétition, et de ne pas se contenter de se classer deuxième. Si Marianne participe à la finale du 500 mètres et qu'elle est deuxième, qu'elle pose un geste pour doubler une rivale et gagner l'or, mais qu'elle chute ou est disqualifiée, je verrais cela comme une victoire. »

La patineuse de Saint-Félicien admet que cette approche rapporte des dividendes.

« Je ne suis pas une personne agressive sur la glace ni à l'extérieur, mais (Blackburn) me dit que je n'ai pas besoin d'être quelqu'un d'autre, mais d'être moi-même avec un peu plus d'agressivité, a-t-elle expliqué. Ça ne me rend pas mal à l'aise. »

Le reste de la délégation féminine sera formé de Valérie Maltais, de Chicoutimi, de Genève Bélanger, de Montréal, et de Kasandra Bradette, de Saint-Félicien. St-Gelais, Boutin et Bradette vont participer aux épreuves individuelles, tandis que l'équipe qui participera au relais n'a pas été déterminée.

La formation masculine comptera Hamelin, de Sainte-Julie, Patrick Duffy, d'Oakville, Guillaume Bastille, de Rivière-du-Loup, le prometteur Samuel Girard, de Ferland-et-Boileau, et Olivier Jean, de Lachenaie.

Hamelin, Duffy et Girard ont été choisis pour prendre part aux courses individuelles.

Hamelin, vainqueur de trois médailles d'or olympiques, a également dû sortir de sa zone de confort cette année et de travailler sur des situations de courses bien particulières. L'expérience a toutefois mené à de décevants résultats, alors qu'il a glissé au septième rang du classement mondial, ce qui ne semble toutefois pas l'inquiéter.

« J'ai tenté plus de choses, des choses différentes, dans ma stratégie de course et c'est peut-être la raison, a-t-il lancé en guise d'explication. Je me suis placé dans des positions où je n'étais pas à l'aise, et j'ai donc dû réagir différemment et m'ajuster. Donc, si je participe à une importante compétition et que je me retrouve dans une position à laquelle je ne suis pas habitué, je ne paniquerai pas. À part ça, je patinais très bien. Je m'améliorais lors de chaque course. »

Hamelin se dit fin prêt pour le rendez-vous à Moscou.

« Ce n'est pas parce que je suis classé septième que j'ai moins de chances de gagner que l'an dernier. Je pense que j'ai de meilleures chances. J'ai appris beaucoup cette année. Le titre est à ma portée. »